Je suis une grande admiratrice des oeuvres de
Howard Phillips Lovecraft. J'ai lu l'ensemble de ses oeuvres traduites en français, son excellente biographie en deux tomes par
S. T. Joshi intitulée "Je suis Providence", ainsi que les oeuvres de nombreux auteurs avec lesquels
Lovecraft a correspondu au cours de sa vie ou dont il admirait le travail comme
Lord Dunsany,
Algernon Blackwood ou
Arthur Machen. "
Les Montagnes hallucinées" est ma nouvelle favorite et je n'ai donc pas pu résister en découvrant qu'il en existait une version illustrée par
François Baranger !
Si vous n'êtes pas familiers avec ce texte, il s'agit du récit d'une expédition scientifique en Antarctique au cours de laquelle le biologiste devient obsédé par l'idée d'explorer une incroyable chaîne de montagnes. Les pics ont d'étranges formes et certains semblent plus hauts encore que l'Himalaya et abritent des fossiles extrêmement anciens ainsi que des spécimens de nature inconnue qui laissent présager d'autres découvertes aussi stupéfiantes qu'effrayantes… Je ne vous en dis pas plus sur l'intrigue mais je tiens à évoquer plus en détails le travail d'illustration. Extrêmement réalistes, celles-ci contribuent à ce qui fait le coeur du succès des oeuvres de
Lovecraft, à savoir un basculement subtil dans le fantastique, une horreur qui se mêle si subrepticement à la réalité qu'elle en devient crédible.
Je préfère donner libre court à mon imagination lorsque je lis afin de me représenter les décors, les personnages et les actions ; je suis souvent déçue des films et éditions illustrées qui n'égalent pas les visions de mon esprit. Malgré tout, les oeuvres de
François Baranger me font complètement revoir mon opinion tant les jeux d'ombres, les lumières polaires, et le travail sur les textures enrichissent le texte. Les illustrations occupent toute la surface des doubles pages ce qui aide à se laisser happer par ces dessins qui nous plongent dans une atmosphère sans nous imposer la vision de l'artiste. À sa manière, le dessinateur parvient à traduire en images un procédé littéraire de
Lovecraft qui fait dire à ses personnages que l'horreur atteint un tel degré qu'elle ne peut plus être décrite. Dès lors, ce sont nos craintes que nous plaquons sur le récit puisque l'auteur nous a implicitement autorisés à être terrifiés par ce que le personnage nous raconte. Nous avons le droit, et même le privilège, d'exprimer notre peur, celle-là même que les héros ne peuvent relater et qui leur fait perdre la raison.
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