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Critique de Arakasi


Tout peut être mis en rayon et tout ce qui est mis en rayon peut être vendu ! C'est en se basant sur cette maxime que le magasin Days, le plus grand et le plus beau gigastore d'Europe, a été construit. Fort de ses 666 rayons, le magasin reçoit chaque jour des milliers de visiteurs détenteurs de cartes Gold, Silver ou Aluminium, tous conscients de leur position d'heureux privilégiés. Car dans un monde où la pauvreté est partout, où tout va à vaut-de-l'eau en politique comme en économie, être client chez Days n'est pas seulement une commodité, c'est un rêve, le fantasme de millions de petits travailleurs désireux de s'élever au-dessus de leur caste sociale. Et ce rêve, Laura et Gordon Trivett viennent enfin de le réaliser ! Ce jeudi, ils vont mettre pour la première fois les pieds dans l'enceinte sacrée du magasin, participer aux émoustillantes ventes flash et accéder à ce statut envié de tous, celui de consommateur.

Mais si certaines personnes brûlent d'entrer dans le magasin, d'autres n'ont qu'une envie, le quitter. C'est le cas de Franck, membre du service de sécurité de Days et si habitué à fondre sa personnalité dans celle du gigastore qu'il ne distingue même plus son reflet dans les miroirs. Avant de se perdre totalement, Franck décide de prendre la fuite : ce jeudi sera son dernier jour dans le magasin. Mais tout ne se passe pas comme prévu, pour les uns comme pour les autres. Car des rumeurs d'insurrection grondent dans les entrailles de Days... le rayon des livres a déclaré la guerre à celui de l'informatique qui ne cesse de lui voler des clients et de l'espace de vente, un conflit que les sept directeurs de Days – les sept fils de Septimus Days, fondateur du magasin – ont trop longtemps ignoré, absorbés qu'ils étaient par leurs rivalités fraternelles. Pour défendre la cause de la Littérature et se venger du gigastore qui récompense si mal ses années de loyaux services, la directrice du rayon des livres est prête à toutes les extrémités, même les pires…

Si ce livre me fait penser à un film, c'est bien à « Brazil » de Terry Gilliam, mais là où le réalisateur américain s'attaquait avec un humour noir ravageur aux dérives de la bureaucratie, Lovegrove, lui, prend pour cible le consumérisme à outrance. Les deux oeuvres ont en commun le même humour grinçant, la même foudre satirique, le même goût pour l'absurde et la même cruauté acide. Véritable temple dédié au dieu Argent, le gigastore Days est une jungle, un monde impitoyable où les plus forts dévorent sans trêve ni complexe les plus faibles, où des jeunes fils de riches balafrent le visage de pauvres bourgeois du bord aiguisé de leurs cartes Gold pour le simple plaisir de prouver leur prééminence sociale. Roman à la fois inquiétant et jubilatoire, « Days » s'avère un digne héritier de « Fahrenheit 451 » de Bradbury et de « 1984 » d'Orwell.
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