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Critique de florencem


Est-ce que je vous avoue que j'ai vu le film avant de me plonger dans le livre ? Non, vraiment, pas la peine ? C'est un peu une habitude avec moi et je ne m'en plains pas, cela me permet de découvrir des auteurs et parfois des pépites. Avec le passeur, j'ai eu deux sentiments prédominants : un goût d'inachevé et aussi un malaise récurrent. Et après avoir refermé le livre, je me dis que ce n'est pas vraiment une histoire jeunesse, à bien des niveaux.

J'ai d'abord été un peu surprise par l'âge de Jonas, notre héros. Avec le film, il avait seize ans environ, un âge où on se dit que plus de choses sont envisageables, possibles. Mais c'est un sentiment qui disparaît très vite, car au final, du haut de ses onze/douze ans, Jonas n'a rien d'un enfant. Il y a d'autres petits éléments qui changent, mais pour ma part, rien de trop conséquent. On retrouve beaucoup de points communs entre les deux oeuvres.

Mais si dans le film la nouvelle société qu'on nous dépeint est étrange, dans le roman j'ai eu pendant très longtemps un sentiment constant de malaise. Aucun choix, aucune personnalité, aucune liberté, aucune fantaisie. Tout est réglé à un niveau effrayant. On choisit si à la naissance vous avait le droit de vivre ou pas, on choisit votre métier, votre conjoint, vos enfants, l'heure de votre mort… Pour Jonas tout ceci est normal car il a été élevé dans cet environnement et comme ses amis et sa famille, personne ne semble malheureux. On cherche à protéger une société qui a vécu visiblement beaucoup de choses et le choix a été l'Identique. On a même enlevé aux gens la possibilité de voir les couleurs. Plus aucun choix possible mais derrière cette « protection », il y a aussi une violence sans nom. Latente quelque fois ou très présente à d'autres moments. Dès qu'un enfant sait marcher, on sort la baguette et cela jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il ne doit pas désobéir pour des choses parfois grotesques, et on retrouver ce système pour les personnes âgées… Pleins de petits détails comme cela qui sont effrayants.

Puis Jonas bascule dans un autre monde. En devenant le successeur du Dépositaire, celui qui garde tous les souvenirs de l'humanité, notre jeune héros prend conscience du monde dans lequel il vit. Il découvre la « vraie » vie, en quelque sorte. On passe alors d'un sentiment de malaise à celui de la colère et de l'incompréhension. Les réflexions de Jonas deviennent pour moi la partie la plus intéressante. Sa prise de conscience redonne un souffle au roman. Les émotions reprennent vie et nous ne sommes plus les seuls à être « scandalisés » par cette société. Notre héros est en phase, en quelque sorte, avec le lecteur. Et ce petit bonhomme prend aussi une toute autre envergure. On souffre avec lui, on espère aussi. On rêve de changements.

Et puis la fin arrive. Je sais qu'il y a une suite, plusieurs même, mais je ne peux m'empêcher d'avoir un goût d'inachevé. On ne sait pas ce qu'il advient de cette société, un point pour moi primordial car on rêvait d'un changement depuis le départ. Et Jonas, où va-t-il ? Il semble connaître ce lieu, mais comment ? Ce n'est pas possible. Comment est-il si sûr de lui ? Et que va-t-il lui arriver ? On se retrouve avec des questions innombrables sans fin pour le coup, et de ce que j'ai pu lire, ce n'est pas le tome deux qui nous donnera des réponses. J'avais eu le même sentiment avec le film et j'avais espéré voir autre chose. Etrange. Je poursuivrais la saga pour avoir mes réponses, même si j'ai en quelque sorte un doute là-dessus.
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