Passeuse d'âmes en dilettante, tome 1

Le plus dur dans la mort ou la maladie c'est que l'on a beau être entouré, en fait on est toujours seul dans la douleur.

On se retrouve une fois par semaine sur Skype mais je ne lui ai pas parlé de mon burn-out.
"Rustine, tu travailles toujours ? Tu es souvent connectée sur Facebook."
Je suis gênée car je n'arrive toujours pas à comprendre comment j'ai pu en arriver là. Mes soucis ne sont pas si graves, pourtant je n'arrive plus à grimper la montagne. Alors je craque et lui raconte tout.
"Mais enfin, Rustine, pourquoi tu as honte ? Tes soucis sont aussi importants que les miens. Accepte-les et tu iras mieux.
- Les accepter ?
- Arrête de dire qu'il y a pire. Accepte simplement la tristesse, la déception, et autorise ton corps à te montrer là où tu as mal. Tes réveils, tes cauchemars, ne cherche plus pourquoi mais reconnais simplement leur existence."

- Pignottu, il parle de quoi ton livre ?
- Ayo, Rustine, ce n'est pas important de quoi il parle ! C'est écrire qui est intéressant.

Lors d'un accident d'avion nous savons que plus de passagers meurent de la peur que du crash en lui-même. Ce sentiment vous pétrifie et votre cerveau n'est plus apte à trouver une solution. Combien d'être humains vivent avec des tortionnaires à cause de cette peur ? Combien de personnes n'osent pas quitter un travail par peur de ne plus en trouver ? On n'ose pas ou on n'ose plus... Une population vivant dans ce sentiment est tellement plus facile à manipuler.

A 40 ans on n'a plus la même énergie, on aurait besoin de ralentir le rythme mais, pourtant, la retraite promet d'être loin et les crédits tournent.
J'ai peur de perdre mon dentier dans le verre de Coca d'un passager.

Je comprends que, lorsqu'on se dispute avec nos amis ou notre amoureux, la véritable cause n'est pas dans le sujet de l'explosion. On se rend compte que plusieurs petites choses non dites au bon moment provoquent une grande colère.
On fait toujours mal au moment où la personne face à nous est fragilisée.
Ce n'est jamais le bon moment.
Au final, ce n'est vraiment pas facile d'être humain.
Non seulement il faut se libérer des casseroles de son enfance. Mais il faut aussi réussir à communiquer avec des amis ou des amoureux qui ne perçoivent pas ou n'acceptent pas nos mots ou nos idées comme nous le désirons.

Je voudrais ne plus me réincarner car la vie sur Terre est vraiment trop compliquée.
On ne veut pas faire du mal aux gens et pourtant on arrive toujours à en faire.
Dois-je me réincarner en crabe ?

J'ai peur de mes pertes de mémoire, je ne me reconnais plus. Mes phrases ne sont plus cohérentes dès que je suis fatiguée. Je n'arrive pas à admettre qu'une grosse fatigue puisse provoquer ce genre de symptômes.
Un midi, alors que je suis à table avec mes filles, je les vois manger leurs pâtes avec les doigts. Je les gronde et je leur demande de prendre immédiatement leurs fourchettes.
"Maman, tu ne nous en as pas données !"
Je ne suis plus rassurée et je me dis que je suis devenue complètement cinglée.

La crise existe-t-elle vraiment ?
Amusant, les gros poissons continuent à nager avec beaucoup plus d'aisance et surtout en toute impunité.
Les sardines doivent se serrer un peu plus dans la petite boîte sinon elles perdront leurs emplois.

Nous sommes en train de programmer la population à la résignation, à la peur et non à la rébellion.
Le ver est dans la pomme.

L'alcool et toutes les dépendances détruisent des familles entières pendant plusieurs générations. Il vaut mieux parfois s'éloigner de sa famille quand ça devient trop toxique.
Je l'ai compris mais trop tardivement.