>
Critique de JabyOby
Voici une bande-dessinée qui raconte l'Histoire de France non pas au travers des actes des dirigeants, mais de ceux du peuple. Entre « jacqueries » (révoltes de paysans portant la « jacque », veste courte), révolutions et guerres civiles, on découvre des personnages historiques habituellement peu cités : Pierre de Coninck, Étienne Marcel, Guillaume Carle, Érasme Gerber, et cetera.
Ce livre adopte une approche passionnante et rend accessible de nombreux événements historiques. Dans l'ensemble c'est instructif et cela attire l'attention sur des événements méconnus que l'on pourra ensuite approfondir grâce à d'autres sources.
En lisant ce livre, on survole L Histoire et on se rend compte d'une chose. Pendant longtemps, le peuple n'aspirait qu'à avoir ne serait-ce que de la nourriture, du bois pour l'hiver et de la sécurité. Il est alors effarant de se rendre compte que les révoltes populaires sont mobilisées ou aidées par des contrepouvoirs en opposition à un surpouvoir, pour des motifs très éloignés des préoccupations réelles du peuple. Puis voyant le désordre les menacer, les contrepouvoirs se retournent contre leur propre mobilisation, pour demander au surpouvoir de défendre leurs privilèges...
Et ainsi se répète un cycle de domination abusive et de violences exacerbées, qui a rythmé l'Histoire de France pendant des siècles.
J'ai tout de même quelques réserves sur cet essai. J'ai eu l'impression que ce travail de vulgarisation n'était pas toujours très rigoureux. L'explication de la raison pour laquelle on brûlait les sorcières notamment m'a parue extrêmement simpliste. Et peut-être y a-t-il d'autres raccourcis sur des sujets que je connais moins bien.
D'autre part, habituellement L Histoire est orientée envers les puissants. Mais il faut garder à l'esprit qu'adopter le point de vue des plus pauvres est tout autant orienté. Les deux points de vue nécessitent d'être entendus afin d'avoir une vue d'ensemble plus large, chacun apportant une grille d'analyse tout à fait pertinente mais incomplète. Et à elles deux, elles ne permettent toujours pas d'avoir un point de vue global objectif. Il y a plein d'autres prismes complémentaires par lesquels on peu analyser L Histoire.
Surtout, il n'y a pas toujours de coupable à désigner, par exemple lorsque c'est le gel qui détruit les moissons. L'Histoire humaine ne dépend pas que des actions humaines, et cela paraît d'autant plus important de le rappeler lorsqu'on traite de l'Histoire populaire. Car la croyance du contraire a été le point de départ à tant de vaines ignominies dont L Histoire a été témoin...
Je suis donc assez dubitative quant au parti pris de Gérard Noirel, à travers son personnage éponyme, lorsqu'il crie « Vive la Révolution ! » pour rejoindre des barricades de gilets jaunes.
Évoquer ce mouvement me semble particulièrement mal choisi en plus d'être hors-sujet. Il s'agit d'un phénomène bien plus complexe que le binarisme « dirigeants avides contre peuple opprimé (parfois un peu mais légitimement violent) » qui m'a semblé être en sous-texte la thèse vers laquelle ce livre tend. Et si je me trompe quant à ce sous-texte, ce livre n'a rien fait pour m'en détromper.
Aussi, les événements historiques qui viennent de nous être décrits ont montré les extrémités atteintes par les violences populaires, et le fait qu'elles font le jeu des puissants qui savent les orienter. Est-ce vraiment vers cela que l'on veut se tourner ? Une énième redite de ce cycle qui engendre bien des souffrances pour très souvent peu de résultats ? Cet appel à une nouvelle révolution sans aucune argumentation m'a paru déplacé, d'autant plus dans un livre de vulgarisation.
En conclusion, cette BD est très intéressante mais il est difficile de savoir où s'arrête l'information et où commencent les raccourcis, qu'ils soient pédagogiques ou politiques.
Je vous la recommande tout de même, car il me semble important d'entendre ces contre-analyses de l'Histoire, mais tout en gardant son esprit critique, de même que pour tout autre essai historique.
Ce livre adopte une approche passionnante et rend accessible de nombreux événements historiques. Dans l'ensemble c'est instructif et cela attire l'attention sur des événements méconnus que l'on pourra ensuite approfondir grâce à d'autres sources.
En lisant ce livre, on survole L Histoire et on se rend compte d'une chose. Pendant longtemps, le peuple n'aspirait qu'à avoir ne serait-ce que de la nourriture, du bois pour l'hiver et de la sécurité. Il est alors effarant de se rendre compte que les révoltes populaires sont mobilisées ou aidées par des contrepouvoirs en opposition à un surpouvoir, pour des motifs très éloignés des préoccupations réelles du peuple. Puis voyant le désordre les menacer, les contrepouvoirs se retournent contre leur propre mobilisation, pour demander au surpouvoir de défendre leurs privilèges...
Et ainsi se répète un cycle de domination abusive et de violences exacerbées, qui a rythmé l'Histoire de France pendant des siècles.
J'ai tout de même quelques réserves sur cet essai. J'ai eu l'impression que ce travail de vulgarisation n'était pas toujours très rigoureux. L'explication de la raison pour laquelle on brûlait les sorcières notamment m'a parue extrêmement simpliste. Et peut-être y a-t-il d'autres raccourcis sur des sujets que je connais moins bien.
D'autre part, habituellement L Histoire est orientée envers les puissants. Mais il faut garder à l'esprit qu'adopter le point de vue des plus pauvres est tout autant orienté. Les deux points de vue nécessitent d'être entendus afin d'avoir une vue d'ensemble plus large, chacun apportant une grille d'analyse tout à fait pertinente mais incomplète. Et à elles deux, elles ne permettent toujours pas d'avoir un point de vue global objectif. Il y a plein d'autres prismes complémentaires par lesquels on peu analyser L Histoire.
Surtout, il n'y a pas toujours de coupable à désigner, par exemple lorsque c'est le gel qui détruit les moissons. L'Histoire humaine ne dépend pas que des actions humaines, et cela paraît d'autant plus important de le rappeler lorsqu'on traite de l'Histoire populaire. Car la croyance du contraire a été le point de départ à tant de vaines ignominies dont L Histoire a été témoin...
Je suis donc assez dubitative quant au parti pris de Gérard Noirel, à travers son personnage éponyme, lorsqu'il crie « Vive la Révolution ! » pour rejoindre des barricades de gilets jaunes.
Évoquer ce mouvement me semble particulièrement mal choisi en plus d'être hors-sujet. Il s'agit d'un phénomène bien plus complexe que le binarisme « dirigeants avides contre peuple opprimé (parfois un peu mais légitimement violent) » qui m'a semblé être en sous-texte la thèse vers laquelle ce livre tend. Et si je me trompe quant à ce sous-texte, ce livre n'a rien fait pour m'en détromper.
Aussi, les événements historiques qui viennent de nous être décrits ont montré les extrémités atteintes par les violences populaires, et le fait qu'elles font le jeu des puissants qui savent les orienter. Est-ce vraiment vers cela que l'on veut se tourner ? Une énième redite de ce cycle qui engendre bien des souffrances pour très souvent peu de résultats ? Cet appel à une nouvelle révolution sans aucune argumentation m'a paru déplacé, d'autant plus dans un livre de vulgarisation.
En conclusion, cette BD est très intéressante mais il est difficile de savoir où s'arrête l'information et où commencent les raccourcis, qu'ils soient pédagogiques ou politiques.
Je vous la recommande tout de même, car il me semble important d'entendre ces contre-analyses de l'Histoire, mais tout en gardant son esprit critique, de même que pour tout autre essai historique.
