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Critique de BMR


On parlait il y a peu (c'était avec La course de Flanagan) de ces bouquins magiques qui vous emportent ailleurs : autres temps, autres lieux et autres peuples. Après les coureurs de Flanagan, ce sont cette fois les pêcheurs du Danemark qui nous emmènent ailleurs …
À l'extrême pointe de Skagen au Danemark donc, à deux bordées de la Suède et de la Norvège, à la Noël 1902, un bateau fait naufrage. Après bien d'autres, à cette époque du tournant du siècle.
De ce naufrage-là, il ne survivra qu'un seul rescapé, échoué sur la plage : le marin américain.
Il passera la nuit au village, aimablement soigné, hébergé et réconforté par une femme de pêcheur, Ane, dont le mari, Jens Peter, est parti en campagne.
Jusqu'ici Ane et Jens Peter Christensen se désolaient de ne pouvoir avoir d'enfant. Mais neuf mois après le passage du marin américain, Ane accouche d'un beau garçon aux yeux et cheveux noirs (pas courant là-haut évidemment).
À son retour, Jens Peter marque le coup mais lui et sa femme tairont leur secret de polichinelle et tenteront de faire bonne figure face aux ragots du village.
Voici donc le passé et les secrets après lesquels s'en va courir un arrière-petit-fils du marin américain (Karsten Lund lui-même ?).
Notre contemporain part enquêter à la pointe de Skagen, à la rencontre de ses ancêtres.
Mais tout le sel marin de ce bouquin, ce n'est pas tant l'histoire de famille (fort bien racontée au demeurant) que la découverte de ce monde de pêcheurs du début du siècle : pêche à la senne, tempêtes et naufrages, femmes solides restées sur la côte, campagnes de pêche, achat du bateau, et puis l'apparition de nouveaux moteurs, de phares plus puissants(1), de nouvelles techniques de réfrigération ou de salaison, … tout un monde qui traversera deux guerres, un monde en train de se transformer à l'aube d'un siècle nouveau.
Comme monsieur Karsten Lund sait écrire, tout cela est tout simplement passionnant et l'on suit avec intérêt la famille Christensen au fil des années, une véritable aventure, celle d'une famille, d'un village et de toute une région. Et l'auteur semble plein d'empathie pour toute cette famille, tous ces personnages : une douce ironie, une certaine tendresse baigne tout cela. Les histoires de pêche sont rudes, les hommes boivent pour vaincre la peur de la mer, les femmes doivent être fortes, mais tous ces personnages sont bien sympathiques, chacun à leur façon, et l'on aurait bien aimé faire partie de cette famille.
Avec Ane Christensen et le formidable portrait d'une maîtresse femme qui sut gérer son couple, sa famille, sa vie et ses affaires d'une main que tout le monde croyait si bien assurée.
Mais le secret qui nous est dévoilé au tout début en cache peut-être un autre.
[…] Il y a des morts qui marchent dans les dunes.
Ils vivent aussi longtemps que nous nous souvenons d'eux.
Un mystère que l'on devine rapidement mais qui se cache sous la surface, qui s'approche de la lumière à certains chapitres, qui replonge ensuite sous les eaux de la saga familiale, qui resurgit un peu plus loin, sans jamais se montrer vraiment, comme un banc de poissons qu'on sent, juste là sous les eaux, qu'on devine mais qu'on n'arrive jamais à voir tout à fait.
Quelques longueurs peut-être sur la toute fin, quand le personnage ‘contemporain' prend un peu trop de place et quand on s'impatiente à ses atermoiements psy, alors qu'on voudrait retourner au siècle dernier.

(1) - de nouveaux phares, c'est moins de naufrages … n'en déplaisent aux dames esseulées de la côte jutlandaise
Pour celles et ceux qui aiment le poisson.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.com/..
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