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Critique de SophieLesBasBleus


Ce roman à l'écriture enlevée porte la voix de Chi Chi, jeune lycéenne qui aimerait tellement ressembler aux clichés des magazines. Mais voilà, elle a grandi dans le treizième arrondissement de Paris, livre en ronchonnant les plats du restaurant que gère Ama, sa mère, maîtrise mal sa langue maternelle et ne sait finalement pas ni d'où elle vient, ni qui elle est vraiment. "Chinoise du Cambodge", lui dit sa mère. Ça existe ça ? Et qui est son père ? Et pourquoi tant de silences lorsqu'elle pose des questions sur le reste de la famille ?
"Tu comprendras quand tu seras grande" est la seule réponse qu'elle obtient. Et ce n'est pas Nabil qui peut l'aider à se situer dans ce fatras d'identités changées par les exils successifs ! Mais, justement, peut-être est-il temps de grandir lorsque Ama sombre dans le coma après un malaise ?
Obstinée, Chi Chi tient le restaurant à bout de bras tout en rendant quotidiennement visite à Ama. Elle commence à soulever des pans de ce passé que ses oncles et tantes n'ont eu de cesse de sceller en arrivant en France. Passé de terreur que les khmers rouges ont rendu incandescent et tabou. Les fragments peu à peu collectés reconstruisent l'histoire dont elle est issue et donnent un sens aux choix de sa mère et de sa parentèle.
Sous ses apparences de légèreté, que le ton teinté d'humour accentue, le premier roman de Grâce Ly remue quantité de questions essentielles sur l'identité, sur la mémoire et sur la transmission. La quête fondatrice qui le structure nous interroge, car elle laisse entrevoir d'autres alternatives, plus dramatiques, que celle choisie par le personnage-narrateur. Chi Chi nous devient proche, attendrissante dans ses colères, ses incompréhensions et son refus d'être la "jeune fille modèle" rêvée par sa mère.
C'est, en ce qui me concerne, un très joli premier roman, fort prometteur !
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