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Critique de afriqueah



J'ai d'abord dit génial, unique, inattendu, lorsqu'un dictateur africain ( Mabanckou invente, c'est sûr, personne n'a jamais eu vent qu'il existait un seul dictateur africain ce serait presque « un mensonge gros comme une résidence secondaire de dictateur africain ») parle à bâtons rompus, il ne peut pas s'arrêter, il cherche LE mot qui lui ralliera les foules. Après maintes suggestions, il trouve : Je vous ai compris. Truculent.

Bourré de références livresques, ce livre : pour cela, lire la liste exemplaire de andras, car , en plus de clins d'oeil au cinéma ( Ascenseur pour l'échafaud, la vie n'est pas un fleuve tranquille, Orange mécanique) l'auteur utilise des phrases toutes faites, et aussi des expressions comme « à la cour du roi Pétaud, les tonneaux des Danaïdes ( africanisé en tonneaux d'Adelaïde, la brousse ou la vie), les chansons de Brassens ( les vieux cons des neiges d'antan, « ce chanteur m'apprenait que les gens qui demandaient aux autres de mourir pour les idées étaient les derniers à donner l'exemple ») , des chansons de Dalida ( paroles, paroles)en plus donc chaque page pratiquement inclut un titre, une référence, une citation, sans guillemets.
C'est donc drôle, très drôle, quand on sait combien ont souffert ses prédécesseurs accusés de plagiat.
Il serait beaucoup trop compliqué de démêler les centaines de bons mots, d'expressions, de titres appartenant à d'autres écrivains. La redondance tue l'action possible.


D'abord.

Ensuite, le but visé est sûrement, venant d'un homme aussi cultivé, de citer des amis à lui. Dans le roman, Verre cassé se voit confier les histoires des autres. Il doit écrire, pour immortaliser les aventures vécues, et chacun se prétend le plus digne d'être raconté, le plus indubitablement exceptionnel. Mabanckou a-t-il été, au cours de la rédaction, contacté par d'autres auteurs africains ? Verre Cassé cite ces auteurs, en ayant l'air de n'être qu'un instituteur sans diplômes, remercié par la hiérarchie, vieillissant. Il raconte, sur un air de Zao, les histoires des hommes qui hantent le café des bas fonds de Pointe Noire, tous se vantant de leur passé en France ou en Amérique, et tous trompés et rabaissés par une femme, qui les ont expédiés en prison.

Pas une pour rattraper l'autre.

J'ai ensuite applaudi le couplet sus Paris Match « Tout ce qui est dedans est vrai, et c'est pour ça que tout le monde l'achète, les hommes politiques, les grandes vedettes, les chefs d'entreprise, les acteurs célèbres se battent tous pour être dedans avec leur famille, devant leur maison, avec leur chien, avec leur chat, avec leur cheval et même, je vais te dire, quand ces hommes politiques de là-bas sont condamnés ou mis en examen dans de sales histoires de corruption, de fausses factures, d'attribution de marchés publics, de trafic d'influence et tout le bazar, ces hommes politiques veulent poser avec leur famille dans Paris Match pour montrer qu'ils sont des hommes bien et que ce sont les jaloux et les adversaires politiques qui leur cherchent noise pour qu'ils ne se présentent pas aux prochaines élections, est ce que tu vois le problème. »

J'aime cette écriture aux longues phrases qui ne se concluent pas, un peu comme dans la vie, où l'on met rarement des points.
Petit bémol tout de même : ce mélange d'érudition, de critique politique, d'humour pur, de récits de vie tragiques aussi bien écrits, de mots drôles aussi bien trouvés, n'avait pas besoin à mon sens d'un détail saugrenu et sans rapport avec l'histoire, les histoires..

Ceci dit, chef d'oeuvre.
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