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Critique de Gehenne


LE RETOUR DE LEW ARCHER

Pourquoi parle-t-on si abondamment de Raymond Chandler ou de Dashiell Hammett lorsqu'on évoque les maîtres du polar hard-boiled et si peu de Ross MacDonald ? Pourquoi cette notoriété de Philipp Marlowe et de Sam Spade qui laissent dans l'ombre Lew Archer ? Sans faire offense aux deux auteurs et à leurs célèbres détectives, il est nécessaire de mettre sur le même plan le bouillonnant Archer né de la plume acérée du Californien Macdonald.

Aussi faut-il mettre en exergue l'excellente initiative des éditions Gallmeister qui a entrepris la réédition (dans une traduction inédite et intégrale de Jacques Mailhos) de la série Lew Archer. Commencée avec « Cible mouvante », la collection de poche Totem sort cette fois l'opus 7, « Les oiseaux de malheur ». L'enquête du privé le conduit au coeur de la famille déchirée d'un ancien sénateur dont les fils, leurs femmes et quelques aigrefins de leur entourage se disputent l'héritage.
C'est Carl, le cadet de la famille, interné par son frère ainé avec l'aval d'un médecin ambitieux et d'un shérif dévoyé, qui demande à Archer de l'aider au soir de son évasion de l'hôpital psychiatrique. Pour le détective, débute un parcours du combattant dans les méandres d'un fleuve familial bien près de déborder et d'emporter avec lui l'équilibre relationnel et la raison de ses membres.

Ross Macdonald, outre sa capacité à tisser une intrigue passionnante et aux multiples rebondissements, sait à merveille peindre l'état d'esprit des protagonistes de son histoire. Il possède en outre une science avérée de l'image qui fait mouche. Ainsi, décrit-il ces villas « survivantes d'une ère d'élégance dans une ère de nécessité », ou cette femme « faussement hollywoodienne, probablement creuse, certainement hors de prix, et pas neuve, mais jolie machine tout de même », ou ce personnage qui dit « n'avoir jamais essayé de se vendre de crainte que quelqu'un soit tenté de l'acheter ». Vous aurez compris que Macdonald est un styliste qui offre à son héros une arme redoutable : cet humour qu'Archer manie avec une élégance un peu cynique, mais tellement réjouissante pour le lecteur.

Vous qui aimez les films noirs des années cinquante, ne passez surtout pas à côté de Ross Macdonald sans vous arrêter. Ses polars sont de petits bijoux.
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