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Critique de CamLG


CamLG
08 décembre 2020
C'est un chouette roman graphique qui retrace la vie et surtout rend hommage à l'artiste contemporaine Yayoi Kusama.

Née au Japon, Yayoi Kusama entretien des relations difficiles avec ses parents et comprend assez tôt qu'elle souffre de problèmes psychiques.
Suivie par des psys, qui lui diagnostiquent une forte tendance à la dépression nerveuse, des troubles d'anxiété obsessionnelle et de dépersonnalisation… Bref des troubles mentaux plutôt handicapants ; elle se tourne vers le dessin et la peinture très tôt pour exorciser ses problèmes et entame une correspondance avec la peintre américaine Georgia O'Keefe.
Elle décide alors de quitter le Japon et sa culture extrêmement patriarcale pour New York, où elle s'installe à la fin des années 50' avec l'envie de donner vie à son rêve : devenir femme artiste.
Très déterminée à s'exprimer et à révolutionner le monde de l'Art, elle travaille sans relâche et obtient un franc succès dès sa 1ere exposition personnelle.
Touche à tout (performances, peinture, sculpture, cinéma, mode…), elle est très connue aujourd'hui pour son travail autour de l'infinité et de l'accumulation des formes géométriques et des couleurs (son obsession pour les points/ronds)
Elle donne à l'art une dimension psychosomatique (pour lutter contre ses phobies), politique (guerre du Vietnam, surconsommation), et vitale (pour «rester en vie à jamais», à travers ses oeuvres et la notion d'infini qu'elle travaille).
Dans les années 70', elle retourne au Japon pour des raisons médicales et c'est un vrai choc culturel après 20 ans de vie à New York. Elle décide d'être internée pour ses troubles mentaux et tombe dans l'oubli général.
Ce n'est que dans les années 90' qu'elle sera reconnue mondialement pour l'ensemble de son oeuvre et qu'elle pourra représenter le Japon (son pays natal qui l'avait alors jusqu'ici « rejetée ») à la Biennale de Venise.

C'est une artiste que je trouve très touchante, en tant que personne ET artiste ; elle a toujours suivit ses envies et ce que lui dictaient ses passions.
Elle me fait penser à Frida Kahlo par son parcours fulgurant, sa souffrance physique et psychique et sa «re(co)naissance» tardive auprès du public et des critiques.
C'est une figure non seulement artistique mais aussi féministe et politique de par ce qu'elle incarne et ses revendications : la féminité, la lutte contre des conventions sociales archaïques, le pacifisme, les formes « non conventionnelles » de sexualité (elle est asexuée ; donne une voie à l'homosexualité à une époque où il en est encore très peu question)…
Elle a fréquenté les plus grands (Warhol, Dali) et les a même inspirés, elle a révolutionné l'art, et pourtant elle est tombée dans l'oubli pendant deux décennies … et c'est bien dommage.

C'est un livre très sympa à lire, non seulement parce qu'on y apprend des choses mais aussi parce que c'est un bel objet, au format simple mais efficace. le dessin et les couleurs sont calmes, beaux et doux, le grain de papier est de qualité. On sent une vraie tendresse de l'auteure pour son sujet, et elle est communicative. En bref, on passe un bon moment !
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