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Critique de MonsieurKiwi


Il est vraiment dommage que Machado de Assis se place dès l'avant-propos sous l'égide de Sterne, car pendant toute la lecture de Bras Cubas on ne cesse de penser à Tristram Shandy... Il faut dire que la forme de ces Mémoires posthumes est parfois décalquée de celle du roman de Sterne : les idées fixes des personnages, les adresses au lecteur, la toute-puissance du narrateur, le goût pour les systèmes philosophiques, le chapitre comme unité de base du récit, etc. Si l'humour est bien présent, la comparaison ne rend pas justice à Bras Cubas. Sterne a mis la barre très haut, et Machado de Assis a le souffle un peu court.

La comparaison est d'autant plus regrettable que les deux romans présentent bien des différences. L'ironie de Machado de Assis démasque les conventions sociales, les formalités, les hypocrisies, dont le héros se fait un défenseur amusé. Bras Cubas est d'ailleurs un héros bien peu héroïque, dont la mesquinerie se devine entre deux confessions, et Machado de Assis a le don très subtil de contourner systématiquement l'action, de désamorcer le drame, et de faire de la vie de son héros-narrateur, par ailleurs tout à fait sympathique, une suite de vanités, de moments creux et d'occasions perdues. Derrière l'humour désinvolte du narrateur, perce, en seconde main, l'ironie de Machado de Assis, beaucoup plus dévastatrice, et qui, versant dans un scepticisme teinté de nihilisme, finit par miner ces mémoires posthumes. C'est là un vrai coup de maître.

Celles-ci sont ainsi sculptées en creux, en négatif (voir à cet égard le dernier chapitre) - là où Tristram Shandy, odyssée débordante et digressive, était résolument optimiste. Cet écart s'explique peut-être par le siècle tumultueux qui sépare les deux livres...
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