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Critique de franksinatra


Mina, faute d'avoir pu être pilote, est hôtesse de l'air dans une compagnie aérienne anglaise et elle s'apprête à réaliser le plus long vol commercial sans escale entre Londres et Sydney à bord d'un Boeing 777 qui emporte 353 passagers. Vingt heures de vol en continu. Quelques jours de repos dans la plus grande ville australienne. Vingt heures également pour le vol retour. Cinq jours loin de la personne qu'elle chérit le plus au monde, Sophia, sa fille adoptive de cinq ans. La fillette souffre de troubles de l'attachement qui perturbent tant Mina qu'Adam, son mari, policier, qui va s'occuper d'elle pendant l'absence de son épouse.
Adam qui sera sans doute bientôt son ex-mari car le couple qu'ils forment bat sérieusement de l'aile depuis que Katya, la jeune fille au pair ukrainienne est partie en claquant la porte après une dispute avec Adam. Alors forcément, Mina a des doutes sur la fidélité de son mari qui cache en fait un lourd secret , et elle préfère pour l'instant faire un break tout en préservant les contacts entre Sophia et son père.
Mais tous ces problèmes personnels vont être relégués au second plan quand plusieurs péripéties inexpliquées viennent perturber l'hôtesse de l'air qui trouve, pour commencer, un objet appartenant à Sophia sur une desserte et dont elle se demande bien comment il a pu arriver à bord. Son questionnement se transforme en inquiétude puis en angoisse quand elle trouve une photo récente de sa fille dans le portefeuille d'un passager qui vient de décéder brutalement d'une crise cardiaque en plein ciel, puis une enveloppe à son nom contenant un message sans ambiguïté : ou bien elle aide les pirates de l'air qui se trouvent à bord à prendre le contrôle de l'appareil ou bien sa fille sera assassinée. Face à ce cas de conscience, comment Mina va-t-elle réagir ? Quelle sera sa décision face à ce choix cornélien ? Sauver plusieurs centaines de personnes ou en sauver une seule, celle qui compte le plus pour elle. Ce n'est pas spoiler que de révéler ici que Mina va choisir de sauver sa fille.
Une lutte psychologique s'engage alors dans l'avion entre les membres de l'équipage et quelques passagers contre les pirates, adeptes d'un terrorisme écologique, qui combattent le réchauffement climatique, les émissions de gaz à effet de serre et le bilan carbone catastrophique de la mondialisation et qui se disent prêts à crasher l'appareil sur l'opéra de Sydney si le gouvernement britannique n'accède pas à leurs revendications, tandis qu'à Londres Adam et Sophia sont retenus en otages dans la cave de leur maison et craignent à tout moment d'apprendre que le vol 79 s'est crashé.

J'avoue que Clare Mackintosh était pour moi une parfaite inconnue. J'avais depuis quelques temps laissé tomber les thrillers contemporains pour me concentrer sur les classiques de la Série Noire ou des nouvelles policières compilées par Alfred Hitchcock. Mais pour mon anniversaire mon fils m'a offert "Otage". Aussi dès que j'ai terminé mon énième roman noir depuis le depuis de l'année, j'ai entamé la lecture de ce pavé de 430 pages. L'auteure britannique de "Te laisser partir", roman récompensé par le prix Polar International du Festival de Cognac, a écrit un thriller psychologique qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page même si les ficelles et les ressorts de l'intrigue sont parfois grossiers. En revanche, le propos principal de Clare Mackintosh est abordé avec finesse lorsqu'elle mélange le double thème du terrorisme et de l'écologie. Peut-on associer deux thèmes qui présentent des aspects diamétralement opposés. D'un côté le terrorisme avec sa connotation foncièrement négative, de l'autre l'écologie qui est aujourd'hui une cause qui ne peut qu'être qualifiée de juste voire de vitale. A ma gauche le mal, le terrorisme avec son cortège de violence, de sang, de mort qui frappe aveuglément des innocents. A ma droite le bien, la préoccupation écologique pour laisser aux générations futures une planète viable (ne voir dans la latéralité choisie aucune référence politique... bien au contraire). Alors peut-on vraiment associer les deux, être un terroriste écologique ? Ou pour poser la question autrement, dans ce détournement d'avion, qu'est-ce qui prend le pas, la fin ou le moyen ? Est-ce qu'on peut utiliser l'arme du terrorisme pour faire triompher une juste cause ? La fin justifie-t-elle toujours le moyen ?
le découpage choisi par l'auteure nous plonge directement dans la psychologie des personnages et explique ce qui les pousse à agir. Une citation propre au Coran et au Talmus dit en substance : "qui sauve une vie sauve l'humanité toute entière". Et si pour sauver l'humanité toute entière il fallait sacrifier une vie ? Nul doute, pour Mina, s'il avait fallu sacrifier sa propre vie, l'eut-elle fait volontiers, mais sacrifier sa propre fille est au-dessus de ses forces, n'est pas Abraham qui veut, pour en terminer avec les références relatives aux trois grandes religions monothéistes souvent mêlées au problème du terrorisme. A l'inverse, elle choisit même d'envoyer 350 personnes à la mort pour sauver Sophia. Tout en faisant son possible pour éviter cette catastrophe, à aucun moment elle ne regrette le choix qu'elle a fait. de son côté, Adam vit d'autres tourments. Il s'en veut d'avoir briser son mariage et ne se sent pas capable de lutter contre la force qui les menace et se trouve démuni pour sauver sa vie et celle de sa fille. Et puis il y a évidemment aussi les passagers identifiés par leur place dans l'avion avant de connaitre leur nom lorsqu'ils se présentent dans de courts chapitres sans que le lecteur sache exactement s'il s'agit de passagers lambda ou des terroristes. Jusqu'au passager 1G qui apparait dans la deuxième partie du roman et dont les propos vont étayer la thèse de l'auteure : aussi noble, belle et juste que soit une cause, rien ne justifie le recours au terrorisme car en l'occurrence, le fameux passager 1G, dont les convictions politiques sont profondes et sincères, n'en demeure pas moins et surtout un manipulateur, un pervers narcissique qui se cache derrière un idéal pour assouvir un désir de puissance et de domination. 1 comme N°1, le chef, la tête pensante et G comme Gourou, âme damnée d'un groupe d'individus qui a perdu son libre arbitre au sein d'une communauté qui a toutes les caractéristiques d'une secte malfaisante.
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