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Critique de Doralex72


Un rapport particulier, à fois torturé et fantasmé, uni l'auteure à l'Iran. Ce pays où elle est née en 1980 - quelques mois après la Révolution islamique -, elle a dû le quitter à l'âge de six ans avec ses parents. Elle est devenue une petite fille déracinée avec une langue maternelle remplacée au profit du français et des habitudes qui ont pris la forme de lointains souvenirs.
Dans ce récit où passé et présent s'entrechoquent, Maryam Medjidi lève le voile sur une partie de sa vie. Alors qu'elle était encore dans le ventre de sa mère étudiante, elle vit les heures sombres de la révolution iranienne. Elle nous conte ses parents militants, et leurs amis. Toute une jeune génération qui voit leur pays vaciller, chavirer et s'enfoncer dans le chao. Nous sommes témoins de leurs espoirs déçus, de leur inconscience parfois, mais aussi du courage extraordinaire qui fait croire à la jeunesse que tout est possible. Jusqu'au départ - inévitable ? - du pays natal, de la patrie, vers un ailleurs inconnu. Au milieu de tout cela, une petite fille de six ans à qui on demande de donner tous ses jouets aux voisins pour ensuite rejoindre, avec sa mère, son père en exil à Paris.
Au-delà d'un simple récit de la vie d'une famille iranienne venant s'installer en France dans le milieu des années 80, Maryam Medjidi nous livre ses angoisses de petite fille et ses fêlures d'adulte, la recherche d'elle-même au milieu d'un quotidien bouleversé, et les épreuves surmontées pour enfin en tirer une force intérieure.
Il y a aussi ses incompréhensions face à une identité dédoublée entre un pays quitté trop jeune et un pays d'accueil longtemps resté obscur. Les difficultés d'intégrations sont évoquées, sans jugement mais sans fard, toujours avec émotion.
Cette autobiographie est cruellement d'actualité. Elle met le doigt sur les sacrifices consentis par tant d'hommes, de femmes et d'enfants. Mais ce récit n'est pas triste. Il est au contraire porteur d'espoir. L'espoir qu'une vie peut malgré tout être construite loin de son pays d'origine à condition de parvenir à faire la paix avec son passé et de trouver une place dans son nouvel environnement.
Maryam Medjidi semble avoir trouvé sa place dans son pays d'adoption. Elle semble aussi avoir fait la paix avec son histoire et avec l'Iran. Avec Marx et la poupée, elle nous offre une oeuvre touchante et vraie. Ce récit a d'ailleurs reçu le Goncourt du premier roman 2017.
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