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Critique de Milllie


Marx et la poupée, c'est une enfance pas comme les autres, celle de Maryam, née en Iran dans les troubles de la révolution iranienne et de la répression puis exilée à Paris à 6 ans avec ses parents. C'est le traumatisme de voir ses parents et leurs proches risquer leur vie pour leur combat politique, être emprisonnés, battus, torturés ou tués pour certains. C'est le choc de l'exil, tout abandonner (y compris ses jouets et sa poupée donnés aux enfants pauvres sur injonction de ses parents communistes voulant abolir toute notion de propriété privée), débarquer dans un pays inconnu, dont on ne parle pas la langue, dont on ne sait rien, rejeter ses racines ou au contraire s'y accrocher.

Marx et la poupée c'est un tout petit livre de par le nombre de pages mais un grand roman par l'émotion et la justesse qu'il dégage. Pas un mot de trop dans les courts chapitres, tantôt récit autobiographique, tantôt poésie, tantôt fable illustrant l'exil ou la répression. L'auteur entremêle les époques et les styles, les souvenirs d'enfance et ses voyages en Iran ou ailleurs une fois adulte, des passages très réalistes et d'autres complètement oniriques, des considérations philosophiques sur les racines, l'appartenance à une culture ou à une autre, et le tout forme un livre harmonieux qui se dévore et qu'on ne lâche pas. Je m'attendais à un récit beaucoup plus léger en mode "souvenirs d'enfance" mais j'ai en fait été frappée par la dureté de ce livre, certains passages sont juste poignants, la répression sanglante contre ces jeunes idéalistes qui se battent pour un combat déjà perdu (et dire que tout recommence des années plus tard quand le père de Maryam retourne à Téhéran et observe, spectateur muet, la répression s'abattre à nouveau sur une autre génération de manifestants), le désarroi d'une toute petite fille seule dans une école qu'elle ne connaît pas et sans aucun moyen de s'exprimer dans une langue inconnue.

Tout sonne juste dans ce roman qui est aussi une très belle oeuvre littéraire chargée de poésie et traitée par moments sur le mode du conte introduit par le "il était une fois". Des réflexions intéressantes sur la culture et les origines, une belle découverte de l'Iran qui démonte également les clichés propres à ce pays et surtout un récit autobiographique plein de sincérité et de vie. A découvrir ! Quant à moi, j'ai hâte de lire le second roman de l'auteur qui nous fait partager cette fois son adolescence dans Pour que je m'aime encore.
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