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Critique de Chouqueette


Comme bien souvent quand j'entends beaucoup parler d'un roman dans des termes élogieux, j'ai tendance à sans cesse remettre ma lecture au lendemain et à partir avec de grosses attentes. C'est donc dans cet état d'esprit et après plusieurs mois d'indécision que je me suis lancée dans la lecture de la trilogie qui fait tant parler d'elle depuis quelques mois : Insaisissable.

Une grosse claque !

Ne me touche pas, le premier tome de la trilogie Insaisissable, est une véritable claque. Malgré un univers qui mélange le huis-clos de Confusion (du moins au départ) et l'univers post-apocalyptique de Pure, Ne me touche pas a su se faire une place en misant sur quelque chose de particulier : les dons des êtres qui peuplent ce nouveau monde.
Juliette fait partie de ces êtres hors du commun, bien qu'elle voit son don comme une malédiction. Pourtant, elle va très vite apprendre que son toucher n'est pas aussi meurtrier qu'elle le pense et que celui en qui elle verra un ami, ne sera pas vraiment celui qu'il prétend être.

Dés le départ, Tahereh Mafi nous plonge dans un huis-clos pour nous faire découvrir son héroïne, son passé, ses douleurs. On s'interroge, on se demande pourquoi elle est enfermée et puis d'un coup tout s'éclaire. Et malgré le fait que cette partie m'ait vraiment rappelé l'excellent Confusion de Cat Clarke, Tahereh Mafi a un style tellement propre à elle-même, tellement captivant que cela ne m'a même pas dérangé.

"La haine ressemble à n'importe qui jusqu'à ce qu'elle sourie."

Pourtant, ce roman est plus qu'une claque. Sans être un coup de coeur, c'est une lecture plaisante qui jette un oeil vraiment critique sur l'homme. A travers le personnage de Warner, Tahereh Mafi a retranscrit la perfidie même de l'homme, sa capacité à se servir des autres pour arriver au sommet, sa méprisabilité et tous ses défauts. Au contraire, Adam représente l'ami fidèle et secret qui aime tendrement. Ces deux caractères opposés m'ont rappelés à quel point, comme Tahereh Mafi le dit si bien, « la haine ressemble à n'importe qui jusqu'à ce qu'elle sourie. »

La haine, c'est un sentiment très fort dans ce roman. Peut être même plus que l'amour. On ressent tout au long des pages toute la souffrance, toute la colère de Juliette, toute sa haine même. Son passé, son présent et son futur sont comme conditionnés par ce sentiment qui la ronge de l'intérieur mais qui est son quotidien. Elle fait d'elle une personne meilleure, une personne qui refuse de se livrer à des actes immoraux parce qu'elle ne veut pas faire souffrir quelqu'un. C'est une personne noble avec des idéaux et des principes peut être trop naïfs mais que j'ai malgré tout beaucoup admiré.

« Les gouttes de pluie, c'est la seule chose qui me rappelle que les nuages ont un coeur qui palpite. »

Mais malgré la puissance de ce sentiment très « négatif », Tahereh Mafi nous emmène dans un monde décrit avec une écriture poétique et magnifique. Quand vous lisez Insaisissable, c'est comme si vous lisiez une épopée post-apocalyptique. Malgré un monde néfaste, elle écrit d'une manière surprenante qui est comme la bouffée d'air frais que désire tant Juliette. Elle vous fait tout oublier : vos soucis, le monde dans lequel vous vivez, votre propre histoire. D'un coup, vous devenez Juliette et vous ressentez les émotions avec une force impressionnante et chaque goutte de pluie vous rappelle que les nuages aussi ont un coeur et qu'ils peuvent pleurer.

Sa poésie m'a touché, m'a fait voyager dans son monde et m'a surprise. Je m'attendais à quelque chose de plus sec, de plus dur et pourtant… Pourtant, ce roman est un rayon de soleil un jour de pluie. Vous entrez dedans pour ne plus en sortir jusqu'à la fin. A bout de souffle, comme si vous aviez couru un marathon, comme si votre vie même en dépendait, vous vous accrochez à chaque mot, à chaque phrase. Et vous vous laissez transporter, flotter même dans un monde qui vous est étranger.

« Si le temps se fige, rien ne peut aller de travers. »

Mais malgré tout cet éloge du roman, malgré le fait que je l'ai aimé au point de vouloir me précipiter sur le 2 e tome en avril, il n'est pas un coup de coeur. Peut être suis-je trop « terre à terre » ou réaliste sur le monde mais toujours est-il que j'ai trouvé que Juliette vivait trop dans le déni et n'était pas capable d'accepter ce qu'elle est. Et même si c'est quelque chose de difficile, tout commence par l'acceptation de soi ; si l'on ne s'accepte pas, on vit dans le déni. Et ce déni m'a dérangé. Les idéaux de Juliette ont beau être nobles, il s'agit d'une guerre et dans la guerre, tous les coups sont permis, surtout pour survivre.

Par ailleurs, Juliette pense que tout peut s'arranger par sa mort. Et… C'est stupide comme idée. La mort n'arrange rien, elle rend les gens malheureux. Même si Juliette a été abandonnée par sa famille, la mort ne reste quand même pas la solution. Elle devrait comprendre que maîtriser son don est la solution, pas la mort. Quand on a un don, il faut s'en servir pour faire le bien, pour essayer de changer les choses, essayer de se battre. Et ne pas seulement se laisser abattre par le désespoir. Certes, cela reste mon avis personnel mais le fait qu'elle pense que la mort soit la solution à côté de tous ses idéaux m'a dérangé.

Dans tous les cas, si vous ne connaissez pas encore cette série, jetez-vous dessus corps & âmes et lisez-le. Peut être que vous n'aimerez pas ou peut être que si mais dans tous les cas, cette trilogie vaut le coup d'être lue, d'être découverte et mérite son succès.
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