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Critique de Musa_aka_Cthulie


Que de déception après le Vieux quartier ! Encore un recueil composé par la maison d'édition de l'Aube, non traduit d'un recueil original de Mahfouz et comportant quatre nouvelles plus un texte mêlant une biographie de l'auteur et un essai sur son oeuvre. Trois des nouvelles, pour des raisons purement commerciales, j'imagine, sont tirées d'un recueil de Mahfouz, L'Aube trompeuse - ça doit rapporter davantage que de tout publier en une fois. La première nouvelle, le Voyageur à la mallette, d'une veine fantastique, n'a strictement rien à voir avec les suivantes : elle y décrit un homme au seuil de la mort.


Les trois autres nouvelles sont elles ancrées dans l'histoire contemporaine de l'Égypte. Il y est question de bouleversements politiques - arrivée de Nasser au pouvoir oblige - et de bouleversements sociaux, înfitâh oblige. Ça vous demandera de réviser un peu la période de l'indépendance égyptienne à l'assassinat d'Anouar el-Sadate, au cas où vous auriez des trous de mémoire, mais là n'est pas le problème.


Ces nouvelles sont courtes, trop courtes pour développer la vision de Mahfouz sur les changements que connut l'Égypte sous Nassser - il est à noter qu'il cessa d'écrire pendant plusieurs années après l'arrivée au pouvoir de ce dernier. Si l'on saisit dans les grandes lignes que des inégalités sociales sont apparues avec le libéralisme économique sous Sadate, ça n'a pas réussi à me passionner - et ce n'est pourtant pas le genre de sujet sur lequel j'ai l'habitude de cracher. Surtout qu'on reste pas mal dans le flou sur les années Nasser. Est-ce parce que Mahfouz s'est attaqué au sujet Nasser environ vingt ans après la mort de celui-ci, et que son exaspération s'était émoussée, ou encore que d'autres bouleversements politiques et sociaux avaient entre temps occupé le devant de la scène ?


Mais le découpage décidé par la maison d'édition n'est-il pas également responsable de cette sensation de non finito, étant donné que ces trois nouvelles auraient dû constituer un ensemble plus complet et plus intéressant ? Cependant, L'Aube n'est pas responsable des quelques platitudes de ces textes.


J'ajoute que si la biographie de Marie-France Saad s'avère utile, je n'ai pas compris que dans la partie essai du texte de fin d'ouvrage, on ne me parle quasiment que des romans de Mahfouz - curieux pour un recueil de nouvelles -, et pas des sujets traités dans le recueil en question. La place de la femme chez Mahfouz, c'est peut-être passionnant, mais ça n'est en aucun cas abordé dans les quatre nouvelles.


Je crois comprendre pourquoi Mahfouz n'est plus au catalogue de L'Aube. Et comme j'avais été sous le charme du recueil le Vieux quartier, pourtant lui aussi composé de nouvelles tirées d'ici et d'ailleurs, je vais m'atteler à trouver la prochaine fois des traductions de recueils originaux, comme Matin de roses ou L'Organisation secrète. Hors de question que je reste sur cette vilaine impression !



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