AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de miriam


Je venais tout juste de refermer le volume de la Voie Cruelle et déjà j'étais impatiente d'ouvrir Des Monts Célestes..Cheminer avec Ella Maillart est un grand plaisir.

Des monts Célestes... raconte une expédition en 1932: Ella Maillart se joint à deux couples d'alpinistes soviétiques dans les montagnes du Tien Chan aux confins de la Chine. Ella Maillart âgée d'une trentaine d'années est une sportive confirmée, marin, skieuse de compétition, hockeyeuse, et , Suissesse, aguerrie à la montagne. Elle bluffe pourtant quand on lui demande si elle est une bonne cavalière (et s'en tirera avec tous les honneurs). C'est aussi un écrivain reconnu.Elle part avec un Leica et son livre qui lui sert de lettres d'introduction

Pourtant la bureaucratie soviétique lui laisse peu d'espoir pour ce voyage, les deux premiers chapitres relatent toutes ses démarches auprès de la Société du tourisme prolétarien. On suit ensuite le trajet en train - 4000 km et cinq fois 24h.

"
C'est à Bichkek, capitale du Kirghizistan , appelée dans les années 30 Frounzé, que commence la véritable équipée. En camion tout d'abord, il leur faudra acheter les chevaux. Paradoxe, c'est la Route du Fer qu'Ella suit :

"

Après Karakol et son lac, ils trouvent enfin les chevaux qui vont les conduire jusqu'aux yourtes kirghizes et aux plus hauts sommets.

ella chevaux

Quel plaisir de vivre les aventures des cinq alpinistes et de leurs guides! les nuits sous la yourtes, les repas partagés avec le gibier que chassent les guides,le Koumois, lait fermenté de jument, les costumes pittoresques! Ella Maillard décrit avec précision le montage d'une yourte, la traite d'une jument, le bol qui passe de convives en convive, nettoyé avec l'index.

Merveilleuses descriptions de la montagne, de la lumière qui change, de la neige, d'un lac à la couleur étrange.

Aventures sportives que cette randonnée solitaire à ski, cette escalade qui la mène sur une vire glissante comme du marbre gelé, ces cavalcades où les chevaux sautent de rochers en rochers, parfois se blessent....Cols à plus de 4000 m sommets à près de 7000!

Ella Maillart est aussi attentive à l'histoire : celle du soulèvement nationsl

Kirghizes, aux transformations soviétiques, et à la collectivisation des troupeaux, mal vécue par les nomades. Très attentive aussi à la condition féminine : elle constate avec un certain regret la sédentarisation des nomades mais salue l'émancipation par l'éducation de certaines femmes; J'ai refermé le livre à la fin de la première partie pour découvrir Tachkent, Samarcand, Boukhara et Khiva avec des yeux neufs.

Déjà, dans l'avion du retour, j'étais impatiente de continuer le récit d'Ella Maillart. Quelle expérience ! En 1932, à bord du train de marchandises, sur un rafiot descendant l'Amou Daria, vole dans un petit Junker, à dos de chameau, dans un pays où les transports sont réservés aux privilégiés du régime, où le pain manque, où tout déplacement est réglementé....

Malgré les difficultés, journaliste plutôt que sportive (dans la première partie de Moscou à Alma-Ata, c'était plutôt la sportive qui s'exprimait.

Journaliste donc, elle rencontre le président Faïsoulla Khordjaev, elle assiste à Samarcande au procès des bassmatchis, brigands ou contre-révolutionnaires, prélude des procès staliniens qui ont décimé l'intelligentsia ouzbèque (Khordjaev lui-même). Féministe attentive à la vie des femmes, femmes voilées cachées derrière le parandja, l'écran de crin noir, Maroussia la russe camionneuse, les ouvrières, juives ou arméniennes, elle voit même le peintre Benkov peindre le tableau la Journée du 8 mars au Reghistan quand les femmes brûlent leur parandja.

A Samarcande, elle loge dans les cellules de la Madrasa Tilla Kari, madrassa dorée.

"vivre dans la cour d'une médressé de Samarcande! Voilà...le rêve réalisé"

Conteuse merveilleuse elle évoque, Timour et Bibi Khanoum raconte l'histoire de l'architecte qui lui a volé un baiser, histoire de Nassim m'a raconté dans la cour de la Mosquée de Bibi Khanoum. Elle raconte les émirs, les esclaves du Khorezm où l'esclavage ne fut aboli qu'en 1873...

Si elle décrit les monuments de Samarcande, à "Bokhara, la déclassée", elle consacre plus de ligne à la description des passants, en haillons ou morveux qu'à la madrasa d'Ouloug Beg. Elle n'a pas le regard touriste , happée dans le quotidien de ceux qui cherchent du pain, du riz pour le plov...


Comme j'aurais aimé rencontrer cette dame!


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}