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Critique de JulienDjeuks


Pour commencer, l'auteur dénonce le fétichisme de l'écriture. Dans les premiers temps, l'écriture relevait d'un pouvoir quasi magique détenu par les sorciers et chamanes, et si elle était ensuite le travail manuel des scribes et des clercs, c'était bien la parole des rois et des prophètes qui était contenue, puis celle des aristocrates et des intellectuels. Ainsi, les populations peu alphabétisées et cultivées sont encore souvent impressionnées par le spectacle de l'écriture, pratique maîtrisée par de rares personnes instruites, surtout connue d'eux par les écrits sacrés. On pourrait étendre le propos aux langues jargonnantes (comme les critiquent inlassablement Rabelais et Molière) qui éblouissent les peu instruits (par leur latin et leur grec), comme le font à un autre niveau les discours des politiques modernes, pleins de ces mots creux (liberté, égalité, résilience…) ou techniques joliment placés côte à côte avec leurs mesures plus techniques. le talent oratoire, le degré de sophistication, ou bien encore le fait d'être publié, d'avoir une existence médiatique, ne garantit absolument pas que le contenu ait le moindre intérêt. Ce n'est pas parce que l'astrologie a l'allure d'un discours élaboré, que de nombreuses personnes s'y adonnent, en dissertent avec saveur, que c'est un domaine de connaissance pertinent.

Ensuite, il montre de manière simple que les préoccupations propres à l'astrologie ne rentrent pas dans les connaissances susceptibles d'intéresser ses destinataires. En effet, l'astrologie ne relève ni de la philosophie (ce qui se conçoit logiquement), ni de la science empirique (ce qui se perçoit), ni des religions d'Abraham (ce que disent les prophètes et les justes, de ce qu'il est bon de dire). Ce domaine n'est pris au sérieux par aucun des savants et philosophes de l'antiquité (Aristote en particulier ; mais Ésope et après lui Platon - puis La Fontaine - se moquent de Thalès de Milet, assimilé à un astrologue, qui tombe dans le puits à force de marcher en regardant les étoiles). Ainsi, il est nécessaire de se méfier de connaissances qui ont été rejetées par des penseurs faisant autorité. Ce n'est pas suffisant cependant pour écarter un domaine de connaissance (erreur maintes fois répétée de journalistes et autres professeurs, d'invalider une hypothèse par argument d'autorité).

Astrologie et astronomie partagent un même objet (la considération des astres). C'est ce qui peut méprendre et donner par contiguïté une légitimité scientifique à l'astrologie (comme la chimie pour l'alchimie). Or si l'astronomie relève d'une connaissance fondée sur l'observation et la mesure de phénomènes, l'astrologie déduit telle augure de telle position des étoiles, d'après des correspondances arbitraires établies d'après des croyances provenant de cultures religieuses éloignées comme celles des Chaldéens et des Égyptiens. Les deux domaines sont donc fondamentalement différents. C'est dans une certaine mesure la même différence entre un vrai journaliste qui va sur le terrain mener l'enquête (un reporter, un chercheur) et certains pseudo-journalistes qui partent d'une croyance, d'une conviction et vont à partir de celle-ci, élaborer le seul raisonnement possible (c'est malheureusement l'essentiel des discoureurs publics dans les médias grands publics - c'est la manière de discuter la plus instinctive, en partant de ses présupposés). C'est leurs croyances préalables qui aboutissent à leur raisonnement et non leurs observations qui permettent d'aboutir à des hypothèses de connaissances. Là non plus, il ne suffit pas de dire que ces connaissances ne sont pas scientifiques pour les invalider. Maïmonide a bien compris qu'il ne suffit pas, pour enrayer la diffusion d'une pratique païenne indésirable mais séduisante, d'en montrer l'incohérence, les erreurs de raisonnement et de méthode. le plus important se situerait plutôt au niveau de la morale : cette pratique ne va-t-elle pas à l'encontre des valeurs qui vous sont les plus chères ?

L'astrologie propose un système de fonctionnement du monde original, qui repose sur l'idée – absurde pour la raison – d'une détermination par les astres des destinées depuis la naissance. Cette base s'oppose fondamentalement au monothéisme qui posent le libre-arbitre comme base : l'homme agit et il lui advient du bien ou du mal selon cette action ; l'homme peut donc rechercher le bien. L'astrologie est dangereuse car elle enferme l'homme dans une croyance à l'inconséquence de ses actes. Certes, l'astrologie est nettement plus complexe qu'une simple lecture de thème astral, mais ses fondements en plus de n'être ni logique ni scientifiques, sont fortement pernicieux.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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