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Critique de frandj


Andrei Makine, né en Sibérie mais bilingue russe-français, a obtenu l'asile politique en France à l'âge de trente ans. Il a vite connu la consécration: son roman "Le testament français" a obtenu en 1995 le prix Goncourt. "La musique d'une vie", paru en 2001, est un livre très court et, je pense, peu connu du grand public.
Le début de ce roman, qui se passe dans une gare anonyme de l'Oural avant la chute du communisme, nous montre la foule russe attendant des trains toujours en retard. Infiniment patient et débrouillard, "l'Homo Sovieticus" trouve laborieusement son chemin dans l'inévitable dédale des difficultés. Parmi tous ces anonymes, le narrateur fait connaissance d'un homme nommé Alexeï Berg. C'est son incroyable vie qui occupe la quasi-totalité du roman.
Sa destinée commence à Moscou, en 1941 (sous Staline). Jeune pianiste très doué, il se prépare à son premier concert public. Mais, un jour, il ne rentre pas chez lui, où l'attend la police (qui vient d'arrêter ses parents). Il se cache d'abord chez des parents en Ukraine. Puis la guerre germano-soviétique éclate. Civil, il se retrouve impliqué dans la zone de guerre. Dans une scène d'anthologie, il prend l'uniforme et l'identité d'un soldat russe mort au combat. Et il va faire toute la guerre, obsédé par le risque d'être démasqué. Il est deux fois blessé. Par un hasard qu'il n'a pas provoqué, il devient le chauffeur attitré du général Gravilov, échappant ainsi à une mort presque certaine. Après la guerre, il fait la connaissance de Stella, la fille du général: il y a entre eux un embryon d'idylle. Mais cette jeune pimbêche, qui est et restera "du côté du manche", cherche à le manipuler. Elle prétend même lui apprendre à jouer au piano ! A la fête du mariage de Stella (avec un jeune homme politiquement correct, bien sûr), il "se lâche". Il joue au piano, non comme un débutant, mais comme un virtuose ! Ainsi, il se dévoile et il en paie bientôt le prix, écopant de dix ans de camp en Sibérie, plus encore trois ans...
L'auteur évoque avec justesse et sobriété cette époque terrible, incroyable pour nous; même les moments les plus dramatiques sont décrits sans pathos. "L'Homo Sovieticus" a traversé toutes les épreuves, sans se révolter…
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