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La musique d'une vie c'est cette part d'humanité que nous perdons à certains moments mais qui nous habite tous. Alexeï Berg verra sa vie basculer à la veille de son concert comme tant d'autres russes. Il fuira pour éviter le camp d'internement et se retrouvera pris dans la tourmente de la guerre.
Notre héros vivra une vie solitaire, mais sera toujours habité par sa musique. Son histoire est aussi celle du peuple russe dont la destinée s'est retrouvée mélée de façon irrémédiable à la révolution et à la guerre. Tout au long de sa vie Alexeï fera preuve d'humanité et de compassion, il restera en harmonie avec lui-même. Et si la vie est une partition alors il a joué la sienne en sourdine, discrètement, dans l'anonymat mais avec maestria face à l'adversité.
Un récit grave traité sans pathos avec une grande sobriété, qui dégage une grande impression de solitude. Un excellent roman d'Andreî Makine dont j'admire le style et le talent de conteur. Comme vous l'avez deviné c'est une lecture que je conseille. Avec une superbe phrase qui résume bien ce roman :
"La nuit à travers laquelle il avançait disait et ce mal, et cette peur, et l'irrémédiable brisure du passé mais tout cela était déjà devenu musique et n'existait que par sa beauté." (p. 122)
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Aujourd'hui les amis ça va encore cailler, le souffle sibérien du Moscou-Paris est en passe de nous congeler les arpions, qu'ils disent à la météo. J'ai donc (à nouveau) penché pour une oeuvre venue du froid, histoire d'être raccord (ou maso, j'hésite encore).

Immersion dans l'immensité blanche de l'Oural. Une gare assoupie, des voyageurs en attente du train pour Moscou paralysé par la neige, voilà le point de départ d'une rencontre et d'un autre voyage, dans le temps celui-ci.

Comme dans « L'archipel d'une autre vie » le narrateur prête sa plume à la mémoire d'un homme. Cet homme âgé croisé par hasard fut, dans les années quarante, un jeune pianiste prometteur. Fracassé par les purges staliniennes et la deuxième guerre mondiale, son destin ne sera qu'une interminable errance en un douloureux exil de soi.

Témoignage imaginaire aux allures de conte cruel, ce triste réquisitoire contre les fureurs idéologiques est aussi une ode magnifique à la résistance et à la dignité de l'âme russe chère à l'auteur, cette alliance particulière de fatalisme et de pugnacité, portée ici en filigrane par une musique, la musique des phrases de Makine, la musique d'une vie, celle qui au-delà de l'absurde aura le dernier mot.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Aux environs des années 80, dans le hall de gare d'une ville, située au fin fond de la Russie, dans l'immensité blanche des montagnes de l'Oural, le narrateur patiente. Il attend son train pour Moscou qui ne vient pas. Il observe ses compatriotes et entretient un conciliabule intérieur auquel, il nous convie. Devant cette masse humaine qui accepte sans broncher, sa condition d'individu rééduqué, prêt à tous les sacrifices, il juge avec lucidité mais aussi colère et compassion ses semblables, totalement conscient de sa propre servitude. Il regarde ce magma humain que l'engourdissement rend indifférent, habitué à la passivité. Il détaille, avec rigueur, les comportements, les attitudes de toutes ces personnes qui attendent, assises dans l'inconfort, quel que soit leur âge comme ce vieux monsieur affalé sur le sol souillé de mégots et de neige fondue sur des feuilles de la Pravda ou cette prostituée qui parle avec des soldats. le narrateur contemple et médite. Il s'apitoie sur le sort de ces corps entassés qui tentent malgré tout de trouver leur place. Cette gare, minuscule point noir dans cette l'immensité blanche, n'est jamais que le reflet de tout un peuple rendu docile sous le joug d'une idéologie dominante.

Soudain, dans le haut parleur qui grésille, une voix annonce un retard de six heures
« Six heures de retard … Ce pourrait être six jours ou six semaines ». La formule du philosophe dissident Alexandre Zinoviev lui apparait dans sa toute puissance évocatrice :

« En deux mots latins, le philosophe avait réussi à décrire la vie des deux cent quarante millions d'êtres humains qui peuplaient, à l'époque, le pays où je suis né. « l'Homo soviéticus ».

Il a besoin de bouger et c'est à cet instant qu'il lui semble entendre, au loin, des notes de musique. Perdu dans le noir de ce hall de gare, se dirigeant les mains contre les murs, enjambant les corps, il découvre un homme assis devant un piano.

C'est ainsi qu'il va faire la connaissance d'Alexei Berg qui par petites touches au début puis ensuite, la confiance aidant, va lui raconter sa vie et remonter jusqu'à l'époque des purges de Staline dont ses parents ont été victimes.

Tout jeune pianiste, Alexeï se rappelle le jour où ses parents ont souhaité se débarrasser du violon de leur ami, le maréchal Toukhatchevski qui avait été exécuté en 37. Redoutant l'arrestation, son père avait jeté le violon dans le feu de la cheminée. Dans son affolement, ce dernier avait oublié de relâcher les cordes qui avaient émis quelques notes au contact du feu. Mais cette scène avait marqué Alexeï. Soulagés, persuadés d'être délivrés de tout risque d'emprisonnement, la vie avait repris son cours jusqu'au 24 mai 1941, date du premier concert d'Alexeï mais jamais il n'oublierait les quelques notes qui s'étaient échappées du pauvre violon qui se consummait.

Andréï Makine possède une écriture d'une puissance évocatrice qui me fascine. En cent vingt sept pages, il est capable de démontrer l'absurdité de la destinée lorsque celle-ci se trouve l'otage de la Grande Histoire. Il m'impressionne par son écriture visuelle qui me transporte, par la poésie qui s'en dégage ainsi que par la profondeur de son récit. D'un style épuré, il décrit méticuleusement l'âme de ce peuple russe, durement touché par L Histoire. Il révèle sa part d'ombre, avec empathie. Les mots font mouche : c'est ce qui rend son style si beau, si personnel, si émouvant et ce mélange de culture franco-russe qui lui donne, certainement, cette sensibilité pleine de charme. Il y a quelque chose de Stefan Zweig dans Andréï Makine, cette façon de pénétrer l'âme humaine. A chaque livre, je ressens comme l'empreinte d'un vécu douloureux qui affleure du récit. La façon dont l'auteur raconte l'histoire de ce pianiste rencontré dans un hall de gare permet de mesurer ce que ce peuple a pu endurer, comment il a été broyé sous le joug du stalinisme pour ensuite l'envoyer à l'abattoir. Il nous donne à réfléchir sur le sens du tragique que seul un russe est capable de raconter avec autant d'acuité. Malgré les épreuves qui vont jalonner l'existence de ce virtuose et malgré la période historique en question, Andréï Makine nous parle avec tendresse du peuple russe, c'est un hommage qu'il lui rend.

Récit d'une grande intensité où l'amour, la passion côtoie la répression, la guerre, la peur, la musique, en une phrase : « la musique d'une Vie » selon le ciel sous lequel nous naissons.

« La souffrance existe avant les hommes mais le mal n'apparaît qu'avec eux » Jean d'O

« Avoir souffert rend tellement plus perméable à la souffrance des autres « L'Abbé Pierre
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Une gare perdue au coeur de la tempête. Dans l'immensité blanche de l'Oural, des voyageurs transis attendent un train qui ne vient pas.

Au coeur de la nuit, le narrateur fait la connaissance d'un vieux pianiste. Une rencontre qui remonte à un quart de siècle. Cette année-là, le philosophe Alexandre Zinoviev, réfugié à Munich, proposa une définition de cet « homme nouveau », façonné par plusieurs décennies de totalitarisme communiste. Une définition en forme de locution latine qui connut un succès fulgurant, avant de tomber en désuétude : « l'Homo sovieticus ».

« Et cette gare assiégée par la tempête n'est rien d'autre que le résumé de l'histoire du pays. de sa nature profonde. Ces espaces qui rendent absurde toute tentative d'agir. La surabondance d'espace qui engloutit le temps, qui égalise tous les délais, toutes les durées, tous les projets. Demain signifie « un jour, peut-être », le jour où l'espace, les neiges, le destin le permettront. le fatalisme... »

Le train arrive enfin. C'est la ruée. le narrateur et le vieux musicien prennent place dans une voiture de troisième classe. Au cours de l'interminable voyage qui les conduit à Moscou, le dénommé Alexeï Berg remonte le fil de sa vie. La vie d'un homme foudroyé par la fureur de l'Histoire.

1941. Alexeï Berg doit donner son premier concert à Moscou dans deux jours. Il répète sans relâche, sent monter la tension, et songe aux mots de sa mère qui lui parlait « de ces jeunes comédiennes qui affirmaient ne jamais avoir le trac et à qui Sarah Bernhardt promettait avec une indulgence ironique : « Attendez un peu, ça viendra avec le talent... » ».

Il ne le sait pas encore mais le jeune musicien vit ses derniers instants d'insouciance. La menace d'une disparition dans les geôles staliniennes rôde depuis plusieurs années. Par une étrange ironie du destin, c'est à la veille de l'accomplissement de sa vocation de pianiste, que ses parents « disparaissent », forçant Alexeï à la fuite. En fuyant le régime communiste, il va heurter de plein fouet un autre totalitarisme, le régime nazi, qui vient d'envahir la Russie, et prendre part, malgré lui, à la seconde guerre mondiale.

« La musique d'une vie » s'inscrit dans le sillon que creuse inlassablement Andreï Makine, celui de la rencontre entre l'histoire d'un homme et l'Histoire avec un grand H. La destinée fracassée du héros évoque en creux une autre destinée. Celle d'un musicien en sueur qui vient de finir son concert et entend à peine les applaudissements nourris d'une bourgeoisie moscovite tombée sous le charme d'un jeune pianiste. Cette autre vie, la vie qui attendait Alexeï Berg, le roman ne la narre jamais. Et pourtant. Elle ne cesse de hanter l'imaginaire du lecteur et souligne toute l'absurdité d'une vie ballotée au gré des vents mauvais de l'Histoire.

« La musique d'une vie » est le récit d'une résilience stupéfiante, celle d'un homme qui fait face. Face à la menace du goulag qui le poursuit inlassablement. Face à la violence inouïe de la seconde guerre. Face aux blessures. Face à l'Histoire.

Le récit du vieux musicien frappe par une forme de détachement fataliste. Alexeï n'exprime aucune d'amertume, et ne prononce jamais la phrase qui ponctue le dernier prix Goncourt : « Et si ... ». le héros ne se pose pas en victime et compose avec le jeu de cartes maudit que la destinée lui a remis. Jamais, il ne renoncera à ce don que la vie lui a donné, un don qui est tout à la fois une chance et une malédiction : son amour indéfectible pour la musique.

« Il ne portait plus aucun mal en lui. Pas de crainte de ce qui allait arriver. Pas d'angoisse ou de remords. La nuit à travers laquelle il avançait disait et ce mal, et cette peur, et l'irrémédiable brisure du passé mais tout cela était déjà devenu musique et n'existait que par sa beauté ».

L'odyssée de son héros permet à Andreï Makine de nous proposer sa propre définition de « l'Homo sovieticus ». A rebours du sens premier de la locution latine, qui désignait l'objectif de création d'un homme nouveau par le réalisme socialiste, le roman tente ainsi de saisir l'insaisissable, de cerner l'âme intemporelle du peuple russe, ce mélange improbable d'obstination, de résilience et de fatalisme.
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Ce petit livre par la taille est un condensé d'émotions qui nous bouleversent. le narrateur nous rapporte les propos d'Alexei Berg qui lui raconte ce qui lui est arrivé durant la guerre. Ses parents ont été déportés et lui va être contraint de fuir et de se cacher , il prendra une fausse identité, celle d'un soldat mort et devra taire qui il est vraiment pour survivre. le jour de sa fuite est le jour où il devait donner son premier concert. L'histoire d'Alexei Berg est déchirante, on le voit se perdre jusqu'au point où il ne sait plus vraiment qui il est.
Ce livre se raconte difficilement, il doit se lire car la sensibilité qui en émane doit être ressentie pour qu'elle prenne toute son ampleur. L'écriture est belle, précise, chaque mot a son importance et nous emporte. Ce n'est pas une lecture divertissante mais c'est une lecture riche en émotions et en beauté.
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Prélude.
(Pesante. Mesto)
Une petite gare isolée dans la steppe et ses voyageurs immobiles, résignés. Neige et fatalisme. L'homo sovieticus tel qu'en lui-même, appesanti par l'absurdité de la vie et engourdi par le froid. Hiver russe.

(Pizzicato)
Un cagibi d'où s'échappent quelques notes, une brève poursuite. Une silhouette entrevue, un vieux piano. (Lento) . Des larmes.

Place au soliste.

Premier mouvement.
(Adagio.) Remontée lente des souvenirs. (Allegro ma non troppo) Jours tranquilles à Moscou. L'intelligentsia, la belle voiture, la musique. L'avenir plein de promesses et de succès.

Deuxième mouvement
(Pesante. Mesto) Menace, inquiétude. Visite de la police secrète. Ombres du goulag.
(Crescendo) Fuite. Claustration volontaire. (Andante) Échappatoire opportuniste : la guerre. Déguisement. Usurpation. (Appassionato ma non troppo) Brèves rencontres, femmes de passage, odeurs d'iode. (Tenuto) Errance et discrétion.

Troisième mouvement
(Tranquillo. Sotto voce). La planque. L'anonymat du subalterne. Moscou mais sans les feux de la rampe, juste ceux d'une voiture de général. La casquette de chauffeur.(Allegro vivace) La musique ensommeillée doucement se réveille. le coeur endormi aussi. Danger. (Staccato. Pesante.) Faire la brute. Doigts maladroits sur le clavier. (Lento) Humiliation.

Quatrième mouvement.
(Appassionato. Slancio. Con fuoco.)
Le temps fort du concert. Tout donner. Tout retrouver : la fougue, le talent, l'honneur.

Tout perdre aussi.

Finale
(Diminuendo. Morendo.) Retour de l'enfer blanc. Homo sovieticus routinier, résigné. La musique encore, mais par d'autres. Place au jeune virtuose.

Rideau.
Bravo(s.)
Bravissimo!!







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Nous sommes à la fin des années 1970, des voyageurs attendent dans le froid, la neige et dans une gare vétuste d'une grande ville de l'Oural un train qui n'arrive décidément pas. Le narrateur observe ces « homo sovieticus », âmes fatiguées et résignées qui l'entourent. Dans ce tableau son attention est captée par un vieil homme, qui profite de la présence d'un piano abandonné pour jouer quelques notes. Une fois installés dans le train pour Moscou, cet ancien, Alexeï Berg, va profiter des longues heures de voyage pour lui conter son histoire.

Tout commence à la fin des années 1930, à l'époque stalinienne. Alexeï étudie le piano au Conservatoire de Moscou. C'est un jeune talent qui se révèle, probablement à l'aube d'une grande carrière. Il est à l'affiche d'un concert qui aura lieu dans huit jours…Mais tout va basculer.

Rentrant chez ses parents, il découvre qu'ils ont été emmenés. C'est que la suspicion est partout, les dénonciations, les purges impitoyables du régime communiste sont à leur paroxysme.
Il faut fuir plus à l'Est, mais ce qu'il croyait être un refuge se révèle être un piège. Il est trahi, fuit encore, est rattrapé par la guerre. Vole son identité à un soldat mort. Les femmes se succèdent, elles l'aident quand il est blessé, transi de froid, sans abri. Il conquiert ces femmes. Souvent dans l'urgence des corps qui ont faim, sans suite. Parfois c'est un sentiment plus profond, né de la solitude de deux coeurs désespérés comme cette infirmière aux doigts curatifs marqués de teinture d'iode.
Mais la guerre n'est pas propice à l'éclosion et à l'épanouissement d'un grand amour, il faut toujours batailler, fuir, il n'y a pas de repos, pas d'histoire possible.
Blessé encore, fortement marqué dans sa chair avec une grosse balafre sur le front, il s'éloigne un peu du cataclysme, enrôlé comme chauffeur d'un Général…Il connaîtra sa fille Stella.
Mais entre les contingences de classes, les non dits, les vrais faux sentiments, les hésitations, les départs trop rapides, l'histoire d'amour qu'on pensait inéluctable ne prendra pas corps. C'est qu'Alexeï reste secret, souvent comme absent à lui-même, meurtri et usé par ce destin qui s'est acharné à lui faire perdre ce qu'il avait de plus cher, ses parents, son identité. Et surtout, il n'aura vécu ni la belle carrière de pianiste promise, ni connu le grand amour.
Une fois, un soir seulement, pour le mariage de Stella avec un autre, Alexeï le cabossé aux mains abîmées de soldat, retrouvera ses doigts magiques de pianiste virtuose, bravant les moqueries des convives.

Andreï Makine adopte une construction narrative assez proche de celle qu'il adoptera plus tard dans l'Archipel d'une autre vie, avec un narrateur initial qui n'est pas le personnage objet du récit mais qui recueille son témoignage pour nous le transmettre. On retrouve ici un sens du romanesque, une acuité formidable pour nous faire saisir l'essence de l'âme russe, du stalinisme, de la guerre, mais aussi pour peut-être livrer, subtilement, par petites touches, un peu de lui-même, de son propre passé qui reste par bien des aspects énigmatique.

L'auteur magnifie la langue française comme aucun autre. Dans un style parfait, où la raison et l'émotion s'équilibrent dans une sorte de longue mélopée intérieure, il nous raconte, sans jamais s'attendrir, comment un destin peut être brisé lorsque, par des ratés, des occasions manquées, et parfois à cause de la grande histoire qui s'en mêle, on reste à la porte de ses rêves.

Andreï Makine sait nous faire rêver en nous racontant des histoires. Ils ne sont plus tant d'écrivains à le faire, surtout avec une qualité de langue pareille. Il est décidément pour moi une des figures littéraires actuelles incontournables et exemplaires.
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Un admirable conte russe aux résonances profondes.

Pour échapper à l'emprisonnement, Alexeï Berg doit renoncer à un dernier moment avec ses parents, à la musique, à son identité. Il va découvrir l'atrocité de la guerre et l'illusion de l'amour.

Car sa vie, bouleversée par les purges staliniennes, Alexeï la jette sur les champs de bataille fuyant un danger moins mortel. Une absurdité, un fatalisme qui sont ceux que l'on prête au peuple russe, ignorant leur résistance intérieure, pressés que nous sommes de les juger à notre aune.
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Un jeune homme, peut-être à l'orée d'une carrière de pianiste, s'enfuit de Moscou en 1941, pour échapper au KGB (ou ce qui en tenait lieu cette année-là) après que ses parents aient été arrêtés.
Il prend les papiers d'un tué, soldat russe au milieu d'autres cadavres, se fait passer pour lui et la guerre finie, reste le chauffeur d'un général. Il vit mécaniquement sa nouvelle identité, ayant enfoui au plus secret de sa mémoire, ses souvenirs, ses parents, la musique.
Mais est-ce encore être libre que de ne plus pouvoir être soi ? Quand l'amour apparaît, la mécanique s'enraye. Et la musique trahit. Et tranche dans le faux-semblant.
La musique d'une vie russe, absurde et douloureuse, mais la musique pourtant.
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J'ai été gênée au début de ma lecture par l'écriture de Andreï Makine que j'ai trouvé un peu froide. Et puis le charme a agi et je dois avouer que j'aime beaucoup ce livre pudique, racontant sans pathos une existence brisée à cause du régime politique de Staline. Un auteur que je découvrais à cette occasion. Un livre mince, bien construit. Une lecture que je recommande.
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