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Critique de Wyoming


Roman complexe, très bien écrit, avec assurément du style et une élaboration sophistiquée dans sa structure et portant de nombreux messages que chacun peut percevoir selon sa réceptivité.

Roman immobile qui se déroule presque exclusivement dans cette maison d'artistes, cette sorte de villa Médicis à l'américaine, immobilité qui s'étend sur un siècle, qui emporte le lecteur sur le toit, dans le grenier, à travers tous les espaces de cette demeure riche de mystères, de sons, dans une sorte d'atmosphère passant de l'étouffement à la simplicité brute, crue,du vécu et du non vécu, de l'imaginaire des protagonistes, le tout porté par les sentiments exprimés ou tus, hurlés parfois, contradictoires, changeants, ce qui fait la richesse de cette oeuvre dont la densité contraint le lecteur à ne jamais décrocher ou alors à le faire pour se perdre lui-même dans ses propres méandres sensoriels.

Des époques et des personnages émergent : le passage à l'an 2000 avec la persuasion de certains d'une fin du monde inéluctable, les années 50 qui incrustent le lecteur dans une réalité esthétique pathétique par moments, toujours troublante et diffusant un sens à détecter par chacun.

Parmi les personnages, ce sont les féminins qui dominent, les hommes même violents ou violeurs, ou bien réduits à une homosexualité diffuse, distillée au compte gouttes par Rebecca Makkai, à travers la photographie, le réel mêlé à l'imaginaire, n'ont qu'un rôle secondaire.

Ce n'est pas un roman qui passionne mais qui saisit, qui permet de réaliser une traversée des époques au milieu de l'art, des amours manquées, des passions avortées. Ce n'est pas un roman noir, mais pas un texte de bonheur davantage, les frustrations dominent, les longueurs étouffent admirablement au point qu'en lisant on finit par vouloir s'enliser dans cette demeure mystérieuse, fréquentée par une famille fracassée et des artistes dépeints sans complaisance dans leurs oeuvres improbables, souvent détruites par eux-mêmes.

Il faut donc se laisser pénétrer par Laurelfield et je remercie Babelio ainsi que les éditions Les Escales de m'avoir offert ce livre par le biais de la masse critique privilégiée, un texte qui ne s'oublie pas et dans lequel on continue de flotter même après avoir commencé une autre lecture.
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