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Critique de Kirzy


Kirzy
14 novembre 2020

Dans une réalité post-apocalyptique, une femme et ses deux enfants sont en route pour rejoindre un groupe hypothétique de survivants ... les yeux entièrement bandés. La civilisation n'a pas été ravagée par une catastrophe sanitaire, climatique ou nucléaire, il n'y a pas des hordes de zombies à l'affût. Mais une pandémie de folie a sévi et sévit encore. Des créatures poussent les gens à devenir fou et à se suicider, il suffit de les regarder. Les survivants vivent donc barricadés dans des maisons aux fenêtres occultés et apprennent à se déplacer à l'aveugle dès qu'ils vont à l'extérieur.

Lorsqu'un auteur construit son roman sur une idée de départ aussi géniale et terriblement originale, la gageure est de parvenir à la tenir jusqu'à la fin. Si la fin est un peu fade et attendu, s'il y a bien un passage un poil grand-guignolesque ( mais pourquoi pas après tout ), ce roman est une grande réussite, d'une addiction redoutable qui vous fait lire en apnée, à vous en bouffer les doigts tellement le récit est à la fois haletant et effrayant.

Josh Malerman, en maître du suspense, choisit de rester dans l'extrême suggestion. Ces créatures qu'il ne faut surtout pas regarder, il ne les décrit jamais, le lecteur est dans la même position que les survivants qui font des supputations impossibles à confirmer car les seuls qui ont vu ces créatures en sont morts et ne peuvent donc témoigner. Avec ces crimes sans témoins, le mystère plane et c'est tant mieux.

Si la cécité des personnages est une obligation de survie, les phrases sont très visuelles pour le lecteur qui se retrouve plonger dans une expérience de lecture très sensorielle où chaque son peut faire naitre la terreur. Lorsque les oiseaux du titre qui servent d'alarme se mettent à piailler de plus en plus fort à l'approche d'une créature. Lorsque Malorie est embarquée sur une rivière avec ces deux enfants qu'elle a formé à développer une ouïe quasi animale, et qu'elle leur demande de décrire tout ce qu'ils entendent, tous les yeux bandés, bien évidemment. La tension est terrifiante, à la fois très factuelle avec des incidents judicieusement semés qui accélèrent le cours de l'histoire, et très psychologique, au plus près des personnages et de leur ressenti.

Si le malaise est aussi oppressant, c'est parce qu'on est totalement immergé dans cet univers sans repères, au même niveau que des personnages dont l'auteur nous révèle progressivement la vie antérieure. Tout le roman est construit sur un double arc narratif, classique mais très pertinent car participant pleinement au suspense : en alternance, des chapitres sur la fuite de Malorie et ses enfants ; des chapitres quelques années auparavant, lorsque le monde commence à basculer dans l'horreur.

Une roman de survie fort troublant à la narration impitoyable !
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