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Critique de Chouchane


J'ai ouvert ce livre avec la gourmandise de quelqu'un qui s'apprête à passer un bon moment de réflexion sur une thématique passionnante. Pourtant, je l'ai refermé avec soulagement. En effet, j'ai trouvé la lecture de cette diatribe lourde à digérer et cela malgré la grande qualité des images - c'est un beau livre - l'intérêt des thématiques abordées et les sources bibliographiques.

Le propos aurait pu être stimulant : les religions notamment celles dites du Livre : Judaïsme, Christianisme et Islam en proposant une existence meilleure après la mort imposent au croyant de suivre à la lettre des préceptes où la peur, la fascination de la mort, le refoulement des désirs, le renoncement à tous les plaisirs permettront non pas le bonheur ici-bas mais dans un hypothétique autre monde au prix de privations hallucinantes. Les pouvoirs religieux en manipulant les croyants leur imposent des règles de vie allant de l'ascétisme à la mutilation (circoncision, excision...). Tout ceci, ayant pour conséquence des sociétés frustrées et violentes où le fanatisme et le dogmatisme se conduisent en maître.

Cependant, malgré la qualité des sources, la réflexion ne m'a pas paru solide. On comprend bien que l'auteur s'est énormément documenté mais justement on le sent trop. L'ouvrage ressemble à une juxtaposition de références entrecoupée de commentaires personnels, parfois du plus mauvais goût.

J'ai été surprise de lire par exemple « Ainsi, les enfants qui rêvent de jouets neufs manipulent leurs parents; les femmes qui désirent des bijoux et des manteaux de fourrure onéreux manipulent leur mari (...) pourquoi l'Eglise ne manipulerait-elle pas ses croyants ». L'argumentaire repose sur une comparaison indigente avec une image lamentable des enfants et des femmes : manipulatrices, dépendantes financièrement, attirées par des frivolités luxueuses et immature.

Encore plus machiste « la femme peut paraître laide à son époux, elle peut même le dégoûter ! C'est ce qui arrive à certains hommes après quelques années de mariage ». Ce dernier commentaire venant contrebalancer un écrit de Tertullien invitant les femmes à ne pas chercher à plaire à d'autres hommes qu'à leur mari car « une femme ne parait point laide à son époux » sous entendu même si elle est laide pour les autres hommes. Si le propos de Tertullien est hautement critiquable, le commentaire éminemment sexiste de Malkin n'est pas plus convaincant.

L'argumentaire suivant m'a également laissé perplexe : « L'idée de vouloir la mort pour aller à la rencontre de Dieu m'horrifie. Pourtant (...) je suis prêt à soutenir la peine de mort envers les assassins terroristes et tous leurs acolytes, même les plus insignifiants. Il n'y a mon sens rien d'illégitime à vouloir la mort d'un criminel pédophile » ; outre qu'il n'y a rien de commun entre « se donner la mort » et « condamner à mort », l'auteur utilise de façon finaude des crimes révoltants pour se justifier.

Encore plus étrange et surprenant pour moi a été de lire après des pages de démonstration sur l'iniquité des religions « Je voudrais préciser que je respecte la Vierge Marie, cette femme noble et digne ». Un respect très chrétien pour un auteur qui n'hésite pas à déclarer«Le christianisme est une religion des faibles pour les faibles (...) pour vivre les faibles ressentent non seulement le besoin de croire en l'âme immortelle, mais aussi d'avoir des meneurs et des prophètes »

Ces commentaires ont considérablement gêné ma lecture me laissant penser que la rigueur philosophique et scientifique nécessaire à ce type de réflexion faisait défaut ; certains passages historiques ont cependant suscité mon intérêt car il faut reconnaître, encore une fois, à l'auteur d'avoir utilisé une quantité considérable de sources passionnantes. Par ailleurs, Malkin a le mérite de remettre en question les dogmes énoncés par les religions monothéistes et incrustés dans les esprits et invite chacun à aiguiser son esprit critique afin de vivre « libre de tout mensonge » malgré les gros défauts énoncés ci-dessus.
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