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Critique de NMTB


NMTB
20 décembre 2014
Cette correspondance est censée réunir les lettres écrites par Mallarmé au sujet de la poésie. J'imagine qu'elles y sont toutes et d'autres aussi. Yves Bonnefoy justifie tout ça dans la préface, je crois. La plupart ont été écrites avant et pendant la crise qu'il a connu à la fin des années 1860.
Et c'est formidable de lire le jeune poète gouailleur avec ses amis, lyrique dans ses lettres d'amour à la future madame Mallarmé ou pathétique quand ils se séparent momentanément avant de se marier. Malgré sa soi-disant défiance du lyrisme, il reste encore très romantique à cette époque.
Mais la partie la plus intéressante de cette correspondance est celle des années 1866-1867, où il se montre assez prolixe sur sa crise et sur sa poésie. Période où il écrivait Hérodiade, qu'il ne finira jamais comme il ne finira plus jamais grand-chose. On assiste à une véritable transformation, même dans sa correspondance. Bien sûr, tout est déjà en germe dans les premières années : ses sentiments parfois ambigus, sa tendance à s'exiler dans le rêve, son perfectionnisme, sa lucidité. Mais, paradoxalement, l'énorme remise en question qu'il subit va aboutir à une radicalisation de sa manière d'être et de sa poésie : « je suis maintenant impersonnel, et non plus Stéphane que tu as connu, mais une aptitude qu'a l'Univers Spirituel à se voir et à se développer, à travers ce qui fut moi. »
Ce sont, à peu de choses près, les dernières paroles de Stéphane. Après il devient le bon Mallarmé, le légendaire, l'acteur, l'affable, le spirituel, celui qui demande - ou tend ? - lapidairement et chaleureusement « la main », celui qui ne parlera plus qu'indirectement de sa poésie. Et pour cause, il n'en publiera presque plus jusqu'à sa mort, ne fera qu'écrire et réécrire inlassablement son Oeuvre : le Livre ; parsemant dans quelques revues, des morceaux de proses, ses merveilleuses arabesques syntaxiques.
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