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Critique de JPCorniou


Natif de Vichy, je vis cette ambiguïté que dénoncent les habitants de Vichy entre "vichyssois", comme ils se nomment officiellement, et "vichystes" comme le furent ceux qui sont soutenu l'Etat français collaborationniste. Que cette ville cherche à se débarrasser de l'étiquette qui lui est collée depuis 1944 est d'autant plus naturel que le Vichy Reine des villes d'eaux qui a été choisie en 1940 pour accueillir le gouvernement fuyant Paris pour des raisons de capacité d'accueil n'avait pas choisi de devenir le décor d'un gouvernement qui a laissé une marque funeste dans l'histoire contemporaine. Mais le livre d'Audrey Mallet, historienne et auteur d'une thèse dont est issu son livre, est née à Vichy, est en fait une enquête rigoureuse qui vise à comprendre la position des vichyssois sur le vichysme, pendant et après la guerre. Mais il est difficile d'exonérer la ville et ses élus de toute responsabilité dans la stratégie d'enfouissement de l'histoire de ces quatre années. Les habitants de Vichy, forts de leur expérience d'accueil de 50 années de développement d'un thermalisme structurant et lucratif, n'ont pas rejeté ces touristes très particuliers qu'étaient, autour de Pétain, ses ministres et les haut fonctionnaires du régime, ainsi que les représentants de l'occupant allemand. Pus encore, dès la fin de la guerre, la seule envie de la population était de revenir au plus vite au modèle thermal antérieur, notamment avec cette clientèle rémunératrice que représentaient les ressortissants l'Empire français. Assez naturellement, la ville a très mal pris la décolonisation et l'indépendance de l'Algérie qui la privaient d'une clientèle lucrative et qui ont provoqué le déclin de la ville thermale dans les années soixante. Vichy qui n'avait pas choisi Pétain s'est trouvée assez complaisante avec les thèses de l'Algérie française. Dans une stratégie persistante du refus d'un passé où le compromis a toujours été plus fort que les convictions l'histoire de Vichy, qui par ailleurs adore Napoléon III qu'elle honore comme un bienfaiteur, se marque par une troublante prudence qui étouffe ces moments difficiles. Ce n'est que depuis peu que Vichy a mis en évidence son passé de capitale éphémère dans la création d'un parcours touristique et d'un site dont Andrey Mallet est co-auteur.C'est donc un livre incontournable pour ceux qui veulent comprendre que l'Etat français a marqué cette ville bien qu'elle s'en défende. C'est aussi un livre essentiel pour comprendre les débats sur le devoir de mémoire qui émaillent périodique la politique française.
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