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EAN : 9782410009637
320 pages
Editions Belin (29/01/2019)
4/5   2 notes
Résumé :
Juillet 1940. Vichy, ville d?eaux et de villégiature, devient capitale de l?État français. Les somptueux palais se muent en bureaux du nouveau gouvernement et le Maréchal s?installe dans le luxueux Hôtel du Parc. Durant quatre années de guerre, les Vichyssois observent et attendent. Habitués à être au service de leurs hôtes, ils ne prennent que rarement position.Après la guerre, les récits se superposent, se complètent, et se contredisent parfois. Les commémorations... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pour qui a passé les vingt-deux premières années de sa vie à Vichy, a écouté les récits de ses parents, a eu un oncle déporté et un grand-frère trop longtemps soldat appelé en Algérie, ce livre est à dévorer. Oeuvre d'une historienne compétente, pointilleuse et consciencieuse, c'est facile à lire, bien écrit, objectif. Mais quelle drôle d'histoire que celle de la Reine des Villes d'Eaux au vingtième siècle !

L'auteur explique parfaitement pourquoi l'éphémère Capitale d'un Etat ratatiné puis maudit, choisie pour ses grandes vertus hospitalières, pourrait encore se sentir victime d'injustice et d'ingratitude, Paris ayant souhaité ignorer ce Vichy « que l'on ne saurait voir » comme le caca du chat sous le tapis. Facile d'avancer que la cité thermale ne s'est pas libérée elle-même avant la débandade vu les forces en présence et la traque continuelle des opposants qui avait précédée. Peut-être qu'en 1946 aurait-on pu opportunément la rebaptiser « Vichy-Villeneuve » pour la décharger d'un passé qu'elle n'avait aucunement choisi ?

Mais après une nouvelle flambée touristique vint la décolonisation et Vichy, si renommée notamment au Maghreb, a été entraîné vers 1960 vers un soutien marqué à l'Algérie française, l'accueil de nombreux Pieds-Noirs réfugiés et l'Extrême-Droite que la puissance maçonnique locale, avec ses intérêts particuliers et ses combines, a cependant contenu. On peut comprendre l'union des nostalgiques, supporters du Maréchal Pétain et tenants de l'Algérie française mais aussi l'indignation des anciens vrais résistants et partisans de la libération des peuples africains, vichyssois et bourbonnais, sachant que l'arrière-pays, depuis le livre d'Emile Guillaumin, « La Vie d'un Simple », a un passé d'extrême-gauche. Si l'on ajoute la légitime intervention des survivants de la Shoa, les incidents de commémorations divers et contradictoires n'ont rien d'étonnant.

Alors faut-il rouvrir le dossier « Vichy » et convoquer encore et toujours l'ensemble des fantômes comme le souhaite Mme Mallet ? N'existe-t-il pas un contestable business de la mémoire comme la publication d'un « Guide rues par rues Vichy Capitale » en 2014 le laisserait supposer ? Autre réserve : l'absence de référence au film de Marcel Ophüls «Le Chagrin et la Pitié » sachant qu'aujourd'hui la ville de Vichy dont les maires furent souvent médecins, aérée et comme aseptisée, tend à devenir une destination de week-end des plus prisées dans la grande banlieue verdoyante de Clermont-Ferrand.
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Natif de Vichy, je vis cette ambiguïté que dénoncent les habitants de Vichy entre "vichyssois", comme ils se nomment officiellement, et "vichystes" comme le furent ceux qui sont soutenu l'Etat français collaborationniste. Que cette ville cherche à se débarrasser de l'étiquette qui lui est collée depuis 1944 est d'autant plus naturel que le Vichy Reine des villes d'eaux qui a été choisie en 1940 pour accueillir le gouvernement fuyant Paris pour des raisons de capacité d'accueil n'avait pas choisi de devenir le décor d'un gouvernement qui a laissé une marque funeste dans l'histoire contemporaine. Mais le livre d'Audrey Mallet, historienne et auteur d'une thèse dont est issu son livre, est née à Vichy, est en fait une enquête rigoureuse qui vise à comprendre la position des vichyssois sur le vichysme, pendant et après la guerre. Mais il est difficile d'exonérer la ville et ses élus de toute responsabilité dans la stratégie d'enfouissement de l'histoire de ces quatre années. Les habitants de Vichy, forts de leur expérience d'accueil de 50 années de développement d'un thermalisme structurant et lucratif, n'ont pas rejeté ces touristes très particuliers qu'étaient, autour de Pétain, ses ministres et les haut fonctionnaires du régime, ainsi que les représentants de l'occupant allemand. Pus encore, dès la fin de la guerre, la seule envie de la population était de revenir au plus vite au modèle thermal antérieur, notamment avec cette clientèle rémunératrice que représentaient les ressortissants l'Empire français. Assez naturellement, la ville a très mal pris la décolonisation et l'indépendance de l'Algérie qui la privaient d'une clientèle lucrative et qui ont provoqué le déclin de la ville thermale dans les années soixante. Vichy qui n'avait pas choisi Pétain s'est trouvée assez complaisante avec les thèses de l'Algérie française. Dans une stratégie persistante du refus d'un passé où le compromis a toujours été plus fort que les convictions l'histoire de Vichy, qui par ailleurs adore Napoléon III qu'elle honore comme un bienfaiteur, se marque par une troublante prudence qui étouffe ces moments difficiles. Ce n'est que depuis peu que Vichy a mis en évidence son passé de capitale éphémère dans la création d'un parcours touristique et d'un site dont Andrey Mallet est co-auteur.C'est donc un livre incontournable pour ceux qui veulent comprendre que l'Etat français a marqué cette ville bien qu'elle s'en défende. C'est aussi un livre essentiel pour comprendre les débats sur le devoir de mémoire qui émaillent périodique la politique française.
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critiques presse (1)
LaCroix
10 mai 2019
Vichy devenue capitale en 1940 a-t-elle été stigmatisée, ou la guerre n’y fut-elle qu’une parenthèse ? Une historienne et des Vichyssois brisent aujourd’hui un long silence.
Lire la critique sur le site : LaCroix

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Vidéo de Audrey Mallet
Vichy contre Vichy : une capitale sans mémoire, par Audrey Mallet aux éditions Belin, collection Contemporaines, janvier 2019.
Une histoire de Vichy, ville d'eaux et capitale de l'Etat français durant la Seconde Guerre mondiale. Remarquant l'absence paradoxale de cette ville dans la construction mémorielle française, l'auteure étudie les récits, parfois contradictoires, qui ont suivi la guerre et constate la reprise rapide du tourisme thermal ainsi que la volonté d'oublier la période liée à la guerre. © Electre 2019
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