Il n'avait pas tort, faire travailler des fonctionnaires, c'était déjà pas facile, mais au moment des fêtes… autant tenter de lapider un âne à coups de figues molles.
Professionnels de l'hypocrisie, l'homme s' indigne, pour tenter de paraître digne. Avide de bonne conscience, il est vide de véritable bienveillance.
L'ange céleste ressemblait à un dauphin lamantin. Mais il ne distinguait pas réellement son corps, simplement un visage, irisé et troublant. Ils se mirent à marcher ensemble le long du rivage, l'un à côte de l'autre, lui et la grande transparence. Seule, derrière eux, la quadruple empreinte parallèle de leurs pieds dans le sable attestait de sa présence sur terre. Il lui raconta alors toute sa peine et sa colère.(...) Soudain, il se rendit compte que la grande transparence ne lui répondait plus. Pris d'une appréhension, il se retourna. Il n'y avait plus derrière lui que la trace solitaire de ses propre pas. Plus profonde, du poids de ses peines, mais seule.
Alors, il leva les yeux vers le ciel, réclamant des explications. Pourquoi s'était-il ainsi enfui ! L'ange parla. Il était encore là, à quelques centimètres de son oreille :
-- Je suis toujours là, ne sens-tu pas mes bras ?
Ces traces profondes dans le sable, ce sont mes pieds, et non les tiens, qui les impriment.
Et si elles sont seules, c'est que je te porte.
Non, le monde n'est pas diabolique, il est simplement indifférent.
Planqué boulevard des fous, il allait filocher l'assassin jusqu'au bout de sa démence.
Je procède à la récolte des visages. Pêcheur de perles, je vais au fond des autres pour en ramener, de Dieu, les yeux, les visages, la bouche, les cheveux. En apnée, j'entre dans leur caverne de chair. J'y arrache les serpents et cordages, le vice et les viscères.
La folie des autres, aussi terrible soit-elle, vit endormie quelque part au fond de nous, dans l'une de ces pièces que jamais l'on ouvre, sauf malheur ou vent mauvais.
Mallock détourna le visage de son miroir et soupira.
C'était devenu un tic, cette façon d'expulser la tristesse. D'abord une grande inspiration censée venir chercher jusqu'au fond du ventre toutes les pensées douloureuses, la moindre escarbille d'angoisse, puis une expiration pour les repousser le plus loin possible.
Vers où?
je n'aime pas vraiment le café.C'est plus l'idée qui me plaît,le concept,je dirais même le fantasme du café.Et toi ?
Mallock réfléchit quelques secondes avant de lâcher :
-Moi non,c'est sa puissance aromatique...elle m'aide à faire passer le goût du monde.
" Non, le monde n'est pas diabolique, il est simplement indifférent "
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