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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on entretient la magie de Noël avec Sans famille, d'Hector Malot.

-Quoi ? Cette oeuvre qui t'apprend les joies de la dépression dès l'école primaire ? Elle va être belle, la fin de l'année.

-Et oui !

Or donc Rémi coule des jours heureux, bien que fort pauvres, chez la douce et aimante mère Barberin. Hélas, les vaches se font encore plus maigres (il faut même vendre la seule de l'étable) et Barberin, revenant de Paris, vend Rémi à un musicien ambulant, Vitalis. le petit garçon, le coeur déchiré, part donc sur les routes et apprend le métier d'amuseur de rue.

-Aaaaaargh.

-Quoi encore ?

-Je me souviens de la série. Qu'est-ce que c'était triste !

-Hé bien, pas tant que ça, justement, et j'ai retrouvé ce que j'éprouvais déjà dans mon enfance. Cette oeuvre me rassurait.

-Ah bon ?

-Mais oui. Bien sûr que certains passages font pleurer, certes, mais le positif l'emporte toujours : Rémi se retrouve presque seul, il est vrai, mais Vitalis lui a appris à être indépendant, il peut donc se débrouiller seul. Pour la petite fille qui ne savait rien faire de ses dix doigts, c'était rassurant de lire « on peut être enfant et apprendre à savoir ». On peut être un enfant tout seul et apprendre à survivre. J'adorais lire ça petite, j'adore toujours aujourd'hui.

-Bon, Déidamie, on va pas se le cacher, hein. Ce qui aide aussi à faire passer la pastille, c'est le caractère de Rémi. Toujours confiant, il ne rumine ni ne se plaint jamais, ne récrimine pas, montre un courage à toute épreuve, zéro malice dans ses actes… encore un môme comme il n'en existe pas.

-C'est vrai qu'il se montre peut-être un peu trop parfait pour qu'on y croie tout à fait. En revanche, j'ai trouvé sa soif d'amour touchante. Rémi est incapable de s'épanouir sans amour ni amis, et j'ai trouvé bellement écrit l'effet que produisent sur lui l'entente et l'attention que les êtres se portent entre eux. Cet amour s'étend aux animaux qui l'accompagnent, bien sûr, et englobe aussi les objets qui l'entourent. le texte reste sans cesse plein de tendresse.

-Ou de niaiserie, hein, ça dépend du point de vue… Et comme c'est rédigé au XIXe siècle, on y trouve donc le plus pur style bloc de béton…

-Pas du tout. Certes, Rémi s'exprime dans un français élégant et accessible. On sent dans cette prose le style « monsieur cultivé qui raconte son histoire dans son fauteuil », un peu comme Dickens avec de grandes espérances, un enfant ne s'exprimerait pas de la sorte. Peu importe.

Le texte est beau, Hector Malot a particulièrement soigné le rythme de chaque phrase pour qu'elle sonne juste et bien, en alignant bien nettement différentes propositions qui n'alourdissent pas la narration, au contraire : elles la développent, elles racontent l'histoire et les cheminements émotionnels de Rémi ou expriment la pensée avec précision. Bref, la syntaxe se révèle à la fois complexe et d'une merveilleuse clarté, c'est un délice à lire. le texte ne chante jamais faux. du bonbon pour la langue.

-Moi, je trouve quand même qu'il exagère un peu avec les animaux et ce qu'ils sont en mesure de comprendre… le coup du « que le voleur sorte des rangs », j'y crois pas une seconde.

-Hem… oui... Pas faux… mais peut-être que le réalisme compte moins que le lien exceptionnel entre Vitalis et ses animaux. Là encore, le roman se montre limpide : les animaux ne sont pas considérés comme des sous-êtres méprisables ; il importe de les traiter avec amour et respect. Les chiens et le singe ne représentent pas seulement des gagne-pains, ils sont aussi des amis, des « compagnons » avec lesquels on partage également les bons et les mauvais jours.

J'ai pris grand plaisir à relire Sans famille. Il y aurait également à dire sur l'idéal d'une vie, sur la fierté de Vitalis et la liberté merveilleuse d'aller où l'on veut, sans autre maître que soi-même avec une troupe d'amis, mais je préfère m'arrêter là. Nous risquons de craquer, parce que nous y pensons depuis le début du roman et de cette critique, et sans doute vous aussi…

-… Venez avec nous dans nos aventures
Plus on est de fous et moins la vie est dure
Je suis sans famille et je m'appelle Rémi*…

-Trop tard. Désolées. Vraiment désolées !

-Ah non, "désolée" au singulier s'il te plaît. Moi, j'assume mon maléfisme et je mets des chansons dans la tête des gens sans remords aucun. Bon bout d'an à toulmonde ! Et n'oubliez pas : Ma famille à moi, c'est celle que j'ai choisie*… »

*Extrait du générique de la série animée.
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