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Critique de Ys


Ys
23 février 2015
Dans un bidonville gitan de Madrid, une petite fille a disparu. Pas de quoi révolutionner l'histoire de la ville, en apparence, ni même d'éveiller un tant soit peu l'attention des autorités.
Sauf que.
Sauf que cette petite fille là est la petite-fille de Perro, le patriarche des lieux, et qu'un indice trop facile entraîne la mort d'un innocent. Sauf que, une fois emprisonné, Perro ne renonce pas pour autant à retrouver le coupable, pendant que son fils dégénéré, la bride sur le cou, se met à faire n'importe quoi. Sauf qu'une jeune journaliste idéaliste entreprend d'attirer sur ce cas l'attention de son ex, inspecteur de police au QI surdimensionné et aux manières peu orthodoxes. Sauf que Tirao, gitan rescapé des paradis artificiels, se retrouve mêlé malgré lui à l'affaire, qui ne tarde pas à révéler quelques troublantes résonnances avec son propre passé.
Et cette banale disparition, peu à peu, va prendre une ampleur que personne, jamais, n'aurait imaginé.

Le titre l'indique bien mieux que le résumé : nous ne sommes pas tant, ici, dans le roman policier - dont l'auteur emploie pourtant les codes - que dans une variété très particulière de roman réaliste, quelque part entre la ballade poétique et le reportage. Anibal Malvar est aussi journaliste : cela se sent dans la précision avec laquelle il étudie cet univers à part, comme s'il y avait mené auparavant une enquête de terrain, dans le réalisme sans concession de son récit. Et pourtant, la poésie est là, à chaque page. Dans les descriptions, qui tendent parfois vers un beau lyrisme noir. Dans certaines situations, certains personnages, qui offrent au sordide les ailes d'une imagination inspirée. Jusque dans le choix des points de vue narratifs, qui donnent une voix aux êtres et aux choses, aux vivants et aux morts, pour faire parler le réel autrement.
Il y a, aussi, un zeste d'absurde et de chouettes dialogues, corrosifs et improbables, pour donner du piquant à l'affaire.

A quelques notables exceptions près (Tirao et la Muda, Pepe et Pepe, Prunelle-de-mes-yeux), j'ai en revanche moins accroché aux personnages et à leurs interactions. Aucun n'est dénué d'intérêt, mais certains restent un peu trop proches du cliché et beaucoup m'ont agacée - à commencer par la journaliste, qui aurait pu être un personnage passionnant mais réussit juste à être exaspérante. Cela tient sans doute en partie à un certain machisme ambiant qui imprègne les caractères, la vision même des rapports humains, réaliste peut-être mais assez pénible à mes yeux, et que je ressens souvent, à différents niveaux, dans la littérature espagnole. Question de décalage culturel et de sensibilité subjective, qui m'a empêchée de me laisser totalement séduire mais n'enlève rien aux qualités de ce roman puissant et original.
Encore une fois, l'opération Masse Critique m'aura permis une intéressante découverte !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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