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EAN : 9782918767466
364 pages
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3.83/5   21 notes
Résumé :
Madrid, de nos jours. Des enfants gitans disparaissent, sans que les autorités s’en émeuvent. Puis c’est le tour de la petite-fille de Perro, patriarche du Poblao, bidonville en marge de la ville. Hors de lui, le vieil homme abat un innocent qu’il pensait coupable, ce qui aboutit à l’ouverture d’une enquête. Ou plutôt de deux.
Côté gadjo, c’est l’inspecteur O’Hara qui est sur le coup, accompagné de son perroquet et précédé de sa sale réputation. Il est aidé ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Au Pablao, un bidonville abandonné de tous, aux abords de Madrid, seule la caravane sanitaire de Soeur Soledead apporte une lueur d'espoir. La religieuse soigne les blessés, vacccine les enfants, ravitaille les junkies en méthadone. C'est dans cette zone de non-droit où cohabitent trafiquants, voleurs, dealeurs, prostituées et miséreux qu'une petite fille a disparu. D'elle, il ne reste qu'un mouchoir, un soulier troué, et, tout près, la ceinture de Calcao, un simple d'esprit, coupable idéal. Fort de cet indice indiscutable, Perro, vieux gitan, patriarche du Pablao et grand-père de la petite disparue, se fait justice en abattant le pauvre bougre, sans autre forme de procès. Après ce meurtre, la police, qui n'aime pas spécialement se mêler des affaires des gitans, se doit d'intervenir. C'est l'inspecteur Pepe O'Hara qui vient mener l'enquête. Et même si le flic est coriace, même si avec Ramos, il forme un duo de choc, même s'il peut compter sur la collaboration de Ximena, la jeune et belle journalistes amoureuse de lui, le vieux Perro ne croit pas en la justice des Gadje. du fond de sa prison, il missionne Tirao pour trouver le coupable. ils ne sont pas amis mais l'ancien toxico a connu lui aussi la disparition d'une enfant.

Un roman noir et dérangeant qui raconte des disparitions d'enfants à travers plusieurs voix, celles de tous les protagonistes de l'histoire, et d'autres plus insolites, comme la lune, un insigne de police, un sexe d'homme ou même Madrid. Et c'est cette polyphonie qui fait toute l'originalité du propos. Tantôt lyrique et poétique, tantôt cru et vulgaire, le récit voyage entre misère et désespoir, sans répit dans la noirceur. Les personnages, détestables ou attachants ne tombent jamais dans les clichés ou le manichéisme et sont véritablement habités par l'esprit des lieux qu'ils hantent. Enquête il y a, puisque c'est un polar avec flics à la dérive, malfrats, armes à feu et disparitions inquiétantes, mais c'est plutôt un prétexte à une immersion dans les bas-fonds de Madrid, sur les terres de la communauté gitane qui y vit d'expédients et ne reconnaît pas la loi des hommes. Dans ce monde où les gitans sont pris pour quantité négligeable, ils voudront obtenir réparation, quitter la marge pour, au centre de la ville, crier leur révolte.
Rien ne sera épargné aux personnages d'Anibal MALVAR qui veut raconter la vie telle qu'elle est pour ceux qui n'ont rien. Un très beau roman, dur, réaliste et surtout inoubliable.
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Des narrateurs, j'en ai eu beaucoup de différents, dans ma vie de lectrice, mais des pareils, jamais !

Un mort qui me raconte, ce n'est pas inhabituel, c'est original, mais j'ai déjà lu…

Par contre, me faire raconter une partie du récit par une bite, un billet de 50€, un rat ou par la ville de Madrid himself, ça, j'avais encore jamais découvert.

Et tu veux que je te dise ? Ça ne dépareillait pas du tout dans ce roman noir, c'était même bien trouvé et bien joué, cette manière originale de nous faire découvrir certains pans du récit.

Certes, au début du chapitre, faut réfléchir pour deviner qui nous parle… La première fois, tu tombes des nues, tu as l'impression d'halluciner comme si tu avais bouffé une omelette aux champignons hallucinogènes, mais non… Tes champignons étaient tout ce qu'il y a de plus conventionnels, c'est ton roman qui ne l'était pas.

En plus de ne pas être conventionnel dans ses narrateurs, ce roman choral est d'une sombritude à te donner envie soit de te suicider, soit de souhaiter qu'un météore nous tombe sur le coin de la gueule et nous éradique au même titre que les dinosaures.

Ce roman noir de chez noir m'a fait découvrir le peuple Gitan et la misère crasse dans laquelle la plupart vivait : les bidonvilles dans les alentours de Madrid. Des enfants de chez eux disparaissent sans que cela émeuve l'opinion publique ou que cela fasse bouger les flics.

Niveau flics, ils sont soit ripoux, drogués, alcoolos, les trois à la fois, aussi… O'Hara est même le pire de tous, pourtant, niveau enquêteur, c'est plutôt un bon, le genre qui, quand il tient une piste, va jusqu'au bout, pas toujours dans la légalité, mais il y va.

Pas de Bisounours, dans ces pages, que de la misère sociale, de la misère noire, de la drogue, des enfants disparus, des drogués, des camés, des laissés-pour-compte, des voleurs, des trafiquants, des assassins, qu'ils soient gitans ou cols blancs.

C'est violent, c'est trash, c'est sans édulcorant, même si certains personnages sortent un peu du lot niveau humanité. Mais entre nous, vous les croiseriez au coin d'une rue, même éclairée, vous foutriez le camp fissa ! Alors, imaginez la nuit…

Un roman noir dont on sort K.O, groggy, avec une mauvaise idée du genre humain. Ah ben non, de ce côté-là, j'avais déjà une mauvaise opinion de nous, les Humains !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Les éditions Asphalte continuent avec La ballade des misérables leur exploration du monde urbain et de ses marges. Ici, il s'agit essentiellement du Poblao, quartier gitan délabré de Madrid, bidonville poussant entre les tas d'ordures et les projets immobiliers à l'abandon. En ces lieux animés d'une vie propre au-delà de celle de ses habitants – faisant presque écho au passage au très beau Corps à l'écart, d'Elisabetta Bucciarelli paru l'an dernier dans la même maison d'édition – des enfants disparaissent.
C'est peu dire que la disparition de petits gitans n'est pas vraiment le souci premier de la police. Mais quand Alma, petite-fille de Perro, patriarche du Poblao, se volatilise à son tour et que son grand-père abat un innocent dont il s'est persuadé de la culpabilité, les choses se mettent à bouger. C'est Pepe Jara, dit O'Hara, flic surdoué mais aussi camé jusqu'aux yeux et en délicatesse avec sa hiérarchie qui est chargé de l'enquête avec son coéquipier, Ramos. Pas de quoi persuader les Gitans que justice sera faite. Aussi Perro demande-t-il à un habitant du quartier, Tirao, gitan solitaire et taiseux, pickpocket et ancien drogué auréolé malgré tout d'une aura qui en fait une sorte de demi-dieu légendaire de la communauté, de retrouver les kidnappeurs de la petite Alma.

On s'en doute, plus que cette enquête parallèle qui sera toutefois menée à son terme, c'est bien le Poblao, sa communauté, les relations – alliances et conflits – qui s'y nouent entre gitans et entre gitans et gadjé qui est au coeur de cette Ballade des misérables. Et les figures quasi mythiques de Tirao et O'Hara sont autant là pour faire la lumière sur les événements que pour faire émerger la personnalité, la vie propre du Poblao.
Jouant avec les archétypes du polar et les stéréotypes sur la police et les gitans pour dévoiler une vérité qui est sans nul doute une parmi d'autres, Aníbal Malvar livre un roman étonnant dans lequel il joue avec les points de vue, faisant intervenir à la première personne dans chaque chapitre l'un ou l'autre des héros ou des personnages secondaires, ou bien même un objet, un animal, un astre… Se suivent donc, se recoupent, se fondent ou se rejettent les versions parmi d'autres d'O'Hara, Tirao, la Muda, Perro, Ramos, Prunelle-de-mes-yeux ou même de la lune, d'un perroquet ou d'un insigne de police. de cette alternance naît tour à tour le suspense, la poésie, ou l'ironie, offrant à ce roman choral un aspect protéiforme et labyrinthique.

C'est cela qui fait la beauté de la ballade des misérables, en livrant au lecteur quelques moments de grâce, de beauté et même de rire au milieu de la noirceur, mais c'est aussi parfois ce qui déroute, perturbe ou fait quelque peu s'enliser le récit. Sans doute Malvar s'est-il trop laissé prendre à son propre jeu et son roman aurait certainement gagné à être un peu plus court.

Reste au final un livre qui dépasse cependant l'exercice de style pour se faire, comme ses personnages, moins acteur que témoin des événements qu'il conte et d'une réalité sociale qui n'est, elle, pas de la fiction. Il accorde la parole ainsi une communauté qui ne l'a pas souvent dans la littérature actuelle, sans angélisme ni misérabilisme, et dresse un portrait saisissant et nimbé de mystère de ce bout de Madrid.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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C'est dans une plongée à la fois terrible, poétique, effrayante et révoltante qu'Anibal Malvar nous entraîne avec cette Balade des misérables. L'auteur nous emmène en effet à la rencontre d'un Madrid que l'on risque peu de rencontrer lorsque l'on s'y aventure en tant que touriste, sauf à s'égarer dans des quartiers qui ne figurent sans doute sur aucun guide. Un monde où immeubles en ruines, en fait jamais construits car dynamités avant même d'être achevés et montagnes d'immondices sont l'habitat ordinaire de tout un peuple abandonné de chômeurs, de junkies, de voleurs, d'enfants sans parents, de parents aux enfants perdus. Un monde sur lequel règnent les plus réprouvés de tous dans la société espagnole (et dans beaucoup d'autres contrées européenne): les gitans.

Le déclencheur de cette excursion dans un monde qui semble perdu, mais où survivent presque miraculeusement des hommes et des femmes, des enfants, ce sera la énième disparition d'une enfant, d'une petite gitane. Une nouvelle disparition dont il semble que personne ne se soucie, tant cela semble ordinaire. Mais cette fois, la petite Alma n'est pas n'importe quelle petite fille. Elle a appris à lire et à écrire et surtout elle est la petite fille du patriarche du Poblao, Jesus Heredia Migueli, alias Perro. La colère du patriarche laissera peu de chance au premier suspect, un gitan un peu simple, Calcao, qui partira bien vite, avec deux trous dans la poitrine et en traversant brutalement la cloison de planches et de cartons de son abri, une ficelle retenant son pantalon.

La police va tout de même devoir intervenir pour au moins faire semblant d'enquêter, même si l'arrestation, du patriarche a lieu sans embrouille, avec dignité. Mais ce ne sera que le début, car c'est l'inspecteur Pepe O'Hara qui mène l'enquête. "Toxico" et "alcoolo", il a une façon bien à lui d'enquêter, à poings nus s'il le faut. Les gitans ne lui font pas vraiment peur, pas du tout, même. Même s'il n'est qu'un gadjo, il les connaît et comprend pas mal de choses, depuis les combines jusqu'aux croyances. A ses côté il y a aussi Pepe Ramos, qui a choisi de faire de sa laideur légendaire et atout professionnel. Et puis il y aura aussi celle qui s'accroche à lui, la petite bourge venue des quartiers chics, Ximena, photographe qui voudrait faire carrière et a choisi de vivre dans l'un des quartier les plus mal famés et miséreux de Madrid. Ce trio sera aidé dans son enquête par un autre investigateur, bien plus secret et clandestin, à la fois gitan, voleur, héroïnomane, plus ou moins proxénète... et bien d'autres choses: Tirao, alias Dedos, Maca, Largo, ou à la rigueur Rodrigo Monge. Il connaît, il sent, il veut savoir et fera tout ce qu'il pourra pour que lumière soit faite, se transformant en assistant de la police, très anonyme, et certainement pas indic.

Au fil des pages nous rencontrons toutes sortes de personnages, survivant dans un monde invivable où ils semblent avoir leur place au même titre que les rats qui courent entre les ordures multicolores et pestilentielles. Un monde noir, très noir. Plus noir et vide d'espoir que les plus noirs tableaux de Goya, que les plus brutales "natures mortes" d'un Soutine. Un monde où la beauté est celle de la mort, de la pourriture, de l'abandon, mais un monde qui vit. Un monde où vivent et survivent des humains qui restent humains jusqu'à la mort et même bien au-delà.

Car ce qui fait la fore et la magie de ce monde là, la magie de l'écriture d'Anibal Malvar, c'est la force des voix multiples qui ne sont pas que celles des vivants. Dans ce roman choral, les morts parlent aussi, souvent, et ils ne sont pas les seuls. La lune, le soleil aussi. Et un rat, un insigne de police, des morceaux de corps... Et même le manque de l'héroïne ou de la coke... Quand ce n'est pas la ville elle-même...

Un roman qui dépeint une réalité si terrible qu'elle en devient fantastique, presque esthétique, alimentant un certain malaise, un malaise où peuvent se mêler fascination et dégout, colère et compassion, cynisme et générosité. La complexité paradoxale de cette ville tranquillement sauvage dans la ville illusoirement belle est aussi celle de ceux qui y vivent, oscillant entre loyauté et trahison.

Du réalisme brutal, l'auteur nous plonge dans un fantastique qui tient autant au grandiose qu'au grotesque et nous fait vivre quelques moments d'anthologie, notamment une Madrid envahie par une foule de gitans qui enserrent leur colère silencieuse dans une menaçante et irrépressible marche pour faire justice (une scène qui se nourrit du cinéma et qui semble aussi toute prête à être tournée)..C'est aussi cela, cette Ballade des misérables : des images, et pas seulement un style narratif, qui s'impriment dans nos mémoires de lecteurs et nous donne une autre vision de la ville madrilène comme du monde des gitans.

Un écrivain à absolument découvrir, à la fois journaliste, romancier, poète et peintre d'un monde qui se dérobe à nos regards et se révèle dans la nuit des banlieues d'Espagne.
Lien : http://www.filsdelectures.ne..
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Dans un bidonville gitan de Madrid, une petite fille a disparu. Pas de quoi révolutionner l'histoire de la ville, en apparence, ni même d'éveiller un tant soit peu l'attention des autorités.
Sauf que.
Sauf que cette petite fille là est la petite-fille de Perro, le patriarche des lieux, et qu'un indice trop facile entraîne la mort d'un innocent. Sauf que, une fois emprisonné, Perro ne renonce pas pour autant à retrouver le coupable, pendant que son fils dégénéré, la bride sur le cou, se met à faire n'importe quoi. Sauf qu'une jeune journaliste idéaliste entreprend d'attirer sur ce cas l'attention de son ex, inspecteur de police au QI surdimensionné et aux manières peu orthodoxes. Sauf que Tirao, gitan rescapé des paradis artificiels, se retrouve mêlé malgré lui à l'affaire, qui ne tarde pas à révéler quelques troublantes résonnances avec son propre passé.
Et cette banale disparition, peu à peu, va prendre une ampleur que personne, jamais, n'aurait imaginé.

Le titre l'indique bien mieux que le résumé : nous ne sommes pas tant, ici, dans le roman policier - dont l'auteur emploie pourtant les codes - que dans une variété très particulière de roman réaliste, quelque part entre la ballade poétique et le reportage. Anibal Malvar est aussi journaliste : cela se sent dans la précision avec laquelle il étudie cet univers à part, comme s'il y avait mené auparavant une enquête de terrain, dans le réalisme sans concession de son récit. Et pourtant, la poésie est là, à chaque page. Dans les descriptions, qui tendent parfois vers un beau lyrisme noir. Dans certaines situations, certains personnages, qui offrent au sordide les ailes d'une imagination inspirée. Jusque dans le choix des points de vue narratifs, qui donnent une voix aux êtres et aux choses, aux vivants et aux morts, pour faire parler le réel autrement.
Il y a, aussi, un zeste d'absurde et de chouettes dialogues, corrosifs et improbables, pour donner du piquant à l'affaire.

A quelques notables exceptions près (Tirao et la Muda, Pepe et Pepe, Prunelle-de-mes-yeux), j'ai en revanche moins accroché aux personnages et à leurs interactions. Aucun n'est dénué d'intérêt, mais certains restent un peu trop proches du cliché et beaucoup m'ont agacée - à commencer par la journaliste, qui aurait pu être un personnage passionnant mais réussit juste à être exaspérante. Cela tient sans doute en partie à un certain machisme ambiant qui imprègne les caractères, la vision même des rapports humains, réaliste peut-être mais assez pénible à mes yeux, et que je ressens souvent, à différents niveaux, dans la littérature espagnole. Question de décalage culturel et de sensibilité subjective, qui m'a empêchée de me laisser totalement séduire mais n'enlève rien aux qualités de ce roman puissant et original.
Encore une fois, l'opération Masse Critique m'aura permis une intéressante découverte !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Je suis la ville, aussi vous m'excuserez si je ne jette pas trop de lumière sur cette affaire. Ce sont vos histoires, n'est-ce pas. Disons que je suis la mer et vous la marée, alors n'attendez de moi ni ordres . Je ne vous ai jamais demandé de rester. Je ne vous demande pas non plus de partir, j'aime trop vous voir horrifiés, que voulez-vous que je vous dise. Vous êtes tout le temps en train de la réinventer, l'horreur. L'horreur, dans le miroir, c'est votre propre visage. Mes cancers, mes métastases voyagent dans vos voitures, vos autobus, votre métro.
Tout ce que j'ai à dire, c'est à dire c'est qu'il y a une gamine de plus qui est morte. Oh oui, affichez-moi cet air d'horreur collective que vous savez si bien feindre.
Pourquoi devrais-je plus me soucier d'une gamine que d'un rat, bande de bouffons sentimentaux? Les petites vieilles que vous méprisez n'étaient pas des gamines, peut-être, il n'y a pas si longtemps?Vous êtes tellement risibles, pour un peu j'en pleurerais.
Si demain on me sacrait ville olympique, vous seriez les premiers à oublier la mort de cette putain de gamine gitane.
Pas vrai, monsieur le Maire?
Je vous ai déjà dit que je ne comptais pas jeter de lumière sur cette affaire.
Allez vous faire foutre.
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Je suis la ville, aussi vous m’excuserez si je ne jette pas trop de lumière sur cette affaire. Ce sont vos histoires, n’est-ce pas. Disons que je suis la mer et vous la marée, alors n’attendez de moi ni ordres ni conseils. Je ne vous ai jamais demandé de rester. Je ne vous demande pas non plus de partir, j’aime trop vous voir horrifiés, que voulez-vous que je vous dise. Vous êtes tout le temps en train de la réinventer, l’horreur. L’horreur, dans le miroir, c’est votre propre visage. Mes cancers, mes métastases voyagent dans vos voitures, vos autobus, votre métro.
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Je vous avais prévenus, bien que, j’insiste, loin de moi toute tentation de protagonisme : je suis un témoin assez primordial dans toute cette histoire. Voilà ce que j’avais à dire ; c’est comme ça et pas autrement. Ce n’est pas grand-chose, d’accord. Je ne suis qu’une courte strophe dans la ballade des misérables, mais moi, au moins, je suis une strophe. Tu as déjà été une strophe, toi, la pleureuse ? Arrête de chialer, toi au moins tu n’es ni bête ni muette ni pauvre, et tu n’es pas morte. Deviens plutôt une strophe toi aussi, avant qu’il soit trop tard. Avant qu’on te mette dans une caisse et qu’il ne te reste plus qu’à attendre que la terre ait vaincu le bois et t’emmitoufle enfin, que les rêves que tu n’as jamais réalisés cessent de retentir contre les planches de sapin et laissent enfin reposer la colombe putréfiée de la paix que tu n’as jamais eue.
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— Trouve une solution. J’ai le Comité international olympique qui louche sur Madrid.
— Ah. Dans ce cas, monsieur le maire, nous allons demander poliment aux Gitans de se promener au trot, ça fera un peu plus olympique.
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Si Che Guevara avait été pris de narcolepsie ou de diarrhée antirévolutionnaire le 31 décembre 1958, on ne sérigraphierait pas aujourd’hui des t-shirts avec sa belle petite gueule et il en serait au même point que moi : son âme serait en train d’errer dans Camagüey, ou tout autre géographie dessinée par les cyclones. Il serait resté accroupi sur sa propre merde pendant que Fidel marchait sur La Havane.
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