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Critique de Rodin_Marcel


Manchette Jean-Patrick (1942-1995) – "Ô dingos, ô châteaux !" – Gallimard / Folio-policier, 2018 (ISBN 978-2-07-042296-8)
– réédition du roman publié en 1972.

Un roman qui, à sa sortie, connut un succès considérable. La trame du récit est portée par le thème de la traque : Julie (qui était soignée dans un asile psychiatrique moderniste – mais on avait déjà plus le droit d'appeler ça de cette façon), doit fuir pour sauver l'enfant qui lui a été confié. Elle est poursuivi par un tueur professionnel (et ses séides), embauché par on ne sait qui, ayant pour mission d'assassiner l'enfant. Elle traverse le pays en croyant trouver un havre de tranquillité au bout de sa route...

L'intrigue est incontestablement bien menée, soutenue par cette traque incessante.

Pour le reste, le roman présente certaines faiblesses, à commencer par la complète invraisemblance des situations : le tueur est victime de maux d'estomac de plus en plus virulents, Julie se tire athlétiquement de situations improbables, les personnages sont caricaturaux. Mais bon, la mécanique fonctionne pour les amateurs de ce genre littéraire.

Ce roman comporte au moins deux aspects qui feront date.
D'abord, la mise en scène détaillée de scènes de violence et de cruauté abondamment décrites : à l'époque de la parution, c'était un phénomène relativement nouveau pour des textes de large diffusion publique ; depuis, c'est devenu une véritable mode, et l'escalade ne cesse d'empirer. Dans une société aussi aseptisée que la nôtre, un certain public semble apprécier d'étancher ses soifs sanguinaires dans ce type de récits (sans parler des jeux vidéo et autres spectacles mis à disposition de la jeunesse le plus tôt possible).
Ensuite, la mise en scène de personnages complètement déjantés, complètement "hors norme", littéralement sans foi ni loi, dépourvus de tout vernis moral, ne poursuivant que leurs objectifs personnels sans aucun scrupule, sans aucun recul, leur horizon se limitant à eux-mêmes.
En tant qu'auteur se proclamant d'extrême-gauche, Manchette met en vedette des "anti-modèles" très vilains et tout plein méchants, mais l'héroïne Julie vient assurer le contrepoint, dans une posture un peu à la zorro, tout de même assez peu convaincante, en tout cas plutôt caricaturale.
Cela tient un peu du conte de fées, revu à la sauce thriller.

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