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EAN : 9782070422968
192 pages
Gallimard (03/07/2002)
3.94/5   89 notes
Résumé :
Par les monts et les routes, fuyaient Julie la folle et l'enfant menacé d'un bien bizarre kidnapping. Dans la tête de Julie, des souvenirs d'incendies, de fusillades.
Au coeur, un espoir: découvrir le château fabuleux où l'attendaient la délivrance et le repos.
Mais les trouverait-elle ?
Savait-elle, Julie la pitoyable étoile de ce ballet macabre, que les autres danseurs étaient bien plus fous qu'elle ?


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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
C'est dingue, je me suis laissée embarquer dans cette histoire, violente et cinglée, avec cette équipe de fous furieux de tous bords. Ils sont tous malades, et pourtant il y a quelque chose qui supplante la folie ambiante. La volonté de réussir : tuer pour certains, sauver pour d'autres. C'est un livre très bizarre et qui emporte dès les premières lignes car les dialogues sont piquants. Tout est insensé, même les chaises si hautes qu'elles vous font paraître nabot… c'est dire si on en perd ses repères. D'ailleurs les vrais toqués ne sont-ils pas en liberté, autour de nous ? Mince, j'en suis..? sûrement.
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Ô mystérieux, Ô poétique et accrocheur est le titre. le scénario est plus classique alliant poursuite, flingues et finitude de la vie. Un roman qui se veut fidèle au genre mais les personnages sont assez originaux.

Un jeune et riche architecte, Michel Hertog, recrute Julie une jeune babysitter pour garder son pénible neveu orphelin. Ce qui étonne c'est le lieu où il la recrute: parmi les patients d'une clinique psychiatrique.
Et la philanthropie du bonhomme n'a pas de limites: tout son personnel présente un handicap avec une cuisinière atteinte de troubles neuros, une secrétaire muette, un conducteur boiteux...
Ce recrutement loufoque s'accompagne de tueurs aux trousses, de qui vous saurez, présentant des troubles bien plus inquiétants.

La fin est attendue, l'on se doute de l'organisateur de ces choses sensées nous échapper. Mais ce n'est pas si grave.
Les descriptions de la poursuite dans la nature hostile, tout en étant magnifique, du Massif Central, sont une des réussites.
Tout comme le style de mon premier Manchette. Percutant.
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"Ô Dingos, Ô Châteaux": Grand Prix de la Littérature Policière 1973.

En 1975, Yves Boisset, sous le titre "Folle à tuer", réalise une adaptation cinématographique de "Ô Dingos, Ô Châteaux", un néo-polar de Jean-Patrick Manchette paru en 1972 dans la mythique Série Noire.

le titre du film, "Folle à tuer", dévoile plus l'intrigue que ne le fait celui, pour le moins énigmatique*, du roman initial. Ce sont bien de tentatives d'assassinats dont il s'agit, celles perpétrées sur Julie Ballanger, une jeune nurse et sur l'enfant dont elle s'occupe. C'est une jeune fille ordinaire et solitaire, en rupture légale de clinique psychiatrique, qui vient de contrecarrer un kidnapping d'enfant et de prendre la fuite en sa compagnie.

Sans passer par la case Police, s'engage une longue traque sanglante.

Un huis clos tripartite se dessine:
_le tueur à gages à ses trousses, froid, distant, colérique, psychopathe;
_les proies, traquées, apeurées mais déterminées à survivre;
_le(a)(es) commanditaire(s), dans l'ombre, aux aguets.

La police est en background lointain, n'apparaît que succinctement via les faits divers des journaux. Sa quasi absence place le roman en terre de Polar.

Le style d'écriture est minimaliste, empreint du "comportementalisme" cher à Manchette: les actes expliquant à eux seuls les psychologies, décrire les secondes devient inutile. L'intrigue ainsi dynamitée, s'ancre davantage dans les péripéties et les coups de théâtre. L'action est omniprésente, il n'y a plus de temps mort. le Polar devient ainsi Néo-Polar à la Française.

Une nouvelle fois chez Manchette, le personnage principal prend la fuite sans vraiment s'expliquer son geste**, sur une simple impulsion de survie. La raison n'est plus de mise, l'instinct seul parle. Réfléchir et se rendre aurait été la seule solution. Tout au plus, mais c'est discret, entrevoit t'on une explication psychiatrique dans son aversion pour les forces de l'Ordre. Résurgence d'un passé enfui ? Manchette ne donne que peu d'informations sur le sujet, se contente du fait. Et le lecteur de faire avec...

Julie fuit et tue ceux qui la traquent; fait passer un sale quart d'heure à ceux, pourtant innocents, qui croisent son chemin mais l'entravent.

Seul subsiste cet enfant à sauver. Peu importe les raisons qui la guident sur un chemin qui ressemble à une rédemption. Julie avance en anti-héroïne que seules les circonstances guident, obstinée à survivre, comme attirée par un règlement de compte entre elle-même et la soi-disant normalité des autres.

La victime et son poursuivant dans les premiers rôles, l'architecte philanthrope et son neveu kidnappé dans les seconds, les sbires du tueur en arrière-plan: un casting serré se met rapidement en place. Il est manichéen et archétypal. Si ce n'est que la démarcation bien/mal glisse, comme une plaque tectonique le fait, de la gentille névrosée sortant de clinique psychiatrique vers encore plus malade qu'elle: trois tueurs à gages implacables, fous dans leurs têtes, le flingue comme une extension corporelle innée, le décès de la cible comme une finalité que rien ne doit contrarier. Comme dans "Le petit bleu de côte ouest", les marginaux et les déclassés font ce qu'ils peuvent face à plus dérangés qu'eux.

Paru en 1972, "Ô Dingos, Ô Châteaux" s'inscrit dans son époque, la dernière décennie des trente glorieuses florissantes, en traitant à sa manière le thème du consumérisme. Une des scènes sanglantes, sans doute la plus marquante, prend place dans un haut lieu de la société de consommation: le supermarché. Tout y sera saccagé, brûlé, rendu à l'inutile; de la même manière que dans "Le petit bleu de la côte ouest" une station service détruite se fera l'écho des toutes proches crises pétrolières.

Manchette n'hésite pas, dans son minimalisme de style, à lister les objets design du quotidien, la réalité s'y renforce. L'auteur ne décrit pas les voitures et les armes mais les cite simplement (et complaisamment).

Un exemple du minimalisme d'écriture utilisé par Manchette. Une partie de l'action se déroule sur un axe routier entre Saint-Etienne et Roanne: Montbrison, Feurs, Boën. Il se trouve que je connais bien. Manchette ne décrit rien, mentionne seulement des noms de villes, d'hôtels, de bistrots; parle des petits ponts du centre-ville historique montbrisonnais, du gros marché du samedi matin qui y a lieu.
.... déception. Mais il faut reconnaître que quand peu suffit pourquoi alourdir.

Manchette taille sa prose dans des phrases simples, apparemment peu travaillées; mais ses mots ont été soigneusement agencés pour le maximum d'efficacité. Les personnages sont allégés de leurs mécanismes psychologiques internes, le lecteur ignore ce qu'ils pensent mais de ce qu'ils font déduit ce qu'ils sont. L'auteur se fait volontiers représentant en images-choc, flashs rapides, en déroulés cinématographiques; la BD (Tardi, Cabanes ...) et le cinéma ("Nada", "Trois hommes à abattre", "Laissez bronzer les cadavres"...) y ont trouvé leur compte.

* le titre semble être un emprunt à une poésie d'Arthur Rimbaud:
"Ô saisons, ô châteaux,
Quelle âme est sans défauts ?..."
On peut trouver un semblant d'explication dans la 4 de couv. de la réédition en "Carré noir" de 1975:
"Par les monts et les routes, fuyaient Julie la folle et l'enfant menacé d'un bien bizarre kidnapping. Dans la tête de Julie, des souvenirs d'incendies, de fusillades. Au coeur, un espoir: découvrir le château fabuleux où l'attendaient la délivrance et le repos. Mais les trouverait-elle ? Savait-elle, Julie la pitoyable étoile de ce ballet macabre, que les autres danseurs étaient bien plus fous qu'elle ?"

** Cf le comportement troublant de Gerfaut, le héros de "Le petit bleu de la côte ouest"
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Michel Hartog a hérité d'une fortune colossale à la mort son frère et de sa belle-soeur. L'homme a la réputation de faire le bien. Par exemple, le personnel de sa propriété cossue de Neuilly-sur-Seine n'est composé que de personnes en situation de handicap. Et lorsqu'il doit embaucher une nouvelle nounou pour son neveu, un garçon dénommé Peter, il va la chercher à la sortie d'un hôpital psychiatrique. Julie y a passé cinq années. Sans liens familiaux, de condition modeste, elle est surprise par le luxe qui s'offre à elle. Ses premiers contacts avec ce garçon gâté et capricieux sont compliqués. Elle décide un matin de l'emmener au parc. Après quelques minutes, la nurse et l'enfant sont kidnappés par trois individus patibulaires. Qui sont ces mystérieux ravisseurs ? Ont-ils un lien avec l'ennemi de Hartog qu'elle a croisée à son arrivée dans l'hôtel particulier ? C'est le début pour Julie et Peter de périples qui vont les mener aux quatre coins de la France…

Une jeune fille déséquilibrée et un enfant capricieux poursuivis par toutes les polices de France et un tueur à gages accompagné de deux hommes de main…. Qui est leur commanditaire ? L'histoire est chargée d'action avec des scènes qui rendraient parfaitement au cinéma. Je pense au prologue mais aussi à la pétarade du Prisunic ou la scène finale dans la Tour au Maure… Cette intrigue animée est servie par une écriture travaillée et nerveuse. L'histoire n'a pas pris une ride si ce n'est quand l'auteur mentionne des modèles de voitures : Ford Capri, Renault 4 & 16, Simca 1500, DS, etc. Et Manchette s'est amusé à citer le titre de plusieurs quotidiens ou hebdomadaires au cours du récit. Je ne sais pas s'il l'a fait par jeu ou après avoir perdu un pari...
Le roman est peu politisé. Il y a peut-être une dialectique entre Fuentès, l'architecte fantasque, et Hartog, l'architecte utilitariste, mais il n'st pas aussi marqué que les autres titres. le roman convient parfaitement au format « Série noire » de cette époque : court, rythmé et remuant. Il est agréable à lire mais pas inoubliable.
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"J'ai fini La Proie Facile" [titre initial de ô dingos, ô châteaux ] "En tout cas, j'ai écrit la dernière ligne. Avant relecture et corrections, je n'en suis pas satisfait dans l'ensemble. J'ai manqué le personnage central - Julie - parce qu'il ne m'intéressait guère. Pour la même raison, j'ai manqué les rapports Julie/Peter et appauvri les rapports de Julie et des autres personnages. J'ai dû modifier ma construction au milieu du gué, renforcer le personnage de Thompson, recourir à de grandes outrances à son sujet dans la dernière partie et organiser une véritable boucherie dans les 20 dernières pages. Il reste que j'écris bien - du moins au dire de Mélissa - et que le bouquin devrait tenir en l'air grâce au style. A l'avenir, toutefois, il faudra pondre des scénarios plus soigneux, très précis."

Jean-Patrick Manchette ( Journal, jeudi 18 novembre 1971)
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il entendit une explosion assourdissante et supposa que Coco se décidait à ouvrir le feu. Des morceaux de matière plastique voltigèrent au-dessus d’un étalage. Un tumulte énorme monta du magasin. C’est excitant, je suis excité, songea Thompson en crachant la bile sur le sol. De plus en plus de gens s’étaient couchés par terre, se tassaient contre la base des étalages. Les mères mettaient leurs enfants sous elles pour les protéger de leurs corps. Tout ce monde braillait. Thompson riait comme un bossu.
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Il y avait un grand miroir au mur de la salle de bains et la jeune fille se regarda dedans. Elle essaya plusieurs vêtements neufs qui lui plaisaient. Elle se regarda également nue et n’aima pas ce qu’elle voyait. Elle se trouvait garçonnière, charpentée comme un cheval, les seins trop plats, les épaules trop musclées, les hanches trop étroites et la taille pas assez fine. Ses cheveux très noirs, mi-longs, soigneusement arrangés et frisés artificiellement à leurs extrémités, semblaient une perruque. Bref, elle avait l’air d’un travelo récemment opéré.
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Videos de Jean-Patrick Manchette (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Patrick Manchette
Spécial Eté ! Avant une petite trêve estivale !1,2,3 BD ! Chez les libraires ! présente les BD coups de coeurs de Jérôme et la librairie La planète Dessin à Paris !!! Et ce soir, ce n'est pas trois conseils de lecture mais plutôt la découverte des collections été des éditeurs à glisser dans les valises ! Lisez des BD et bonnes vacances. -Les incontournables du roman graphique(ALICE GUY Catel & Bocquet, LE CRÉPUSCULE DES IDIOTS Jean-Paul Krassinsky, GUIRLANDA Lorenzo Mattotti & Jerry Kramsky, MAGIC PEN Dylan Horrocks, QUATORZE JUILLET Bastien Vivès & Martin Quenehen, JOHNNY CASH - I SEE A DARKNESS Reinhard Kleist) chez Cas-terman -Version poche (La mémoire dans les poches Récit de Luc Brunschwig. Dessin d'Étienne le Roux, Mauvais garçons Récit de Christophe Dabitch. Dessin de Benjamin Flao, La position du tireur couché D'après le roman de Jean-Patrick Manchette. Adaptation et dessin de Tardi, …) -La sélection BD poche (Seconds de Bryan Lee O'Malley, Glenn Gould de Sandrine Revel, Riche, pourquoi pas toi ? de Marion Montaigne, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Opération Copperhead de Jean Harambat, Noire d'Émilie Plateau, d'après Tania de Montaigne, Lip, des héros ordinaires de Laurent Galandon et Damien Vidal, le Retour de la bondrée d'Aimée de Jongh, le Mystère du Monde Quantique de Thibault Damour et Mathieu Burniat, Guantanamo Kid de Jérôme Tubiana et Alexandre Franc) chez Dargaud -Sarbacane 20 ans (L'Aimant Édition poche Lucas Harari, le dieu vagabond Édition poche Fabrizio Dori, Dans la forêt Édition poche Lomig, Un travail comme un autre Édition poche Alex W. Inker) -La Boîte à bulles 20 ans (La plus belle femme du monde Dorange et Roy, Dans les vestiaires le Boucher, L'immeuble d'en face Vanyda, Kaboul Disco Wild) -Collection Nomad Urban Comics 1,2,3 BD c'est le jeudi à 18h30 sur la chaine Youtube et les RS. Trait pour Trait parcourt toujours les librairies de France pour des conseils de lecture. #GALERIE #BD #POPCULTURE #BANDEDESSINEE #COMICBOOKS #9EMEART#MANGA Retrouvez 1,2,3 BD ! Chez les libraires! sur : https://www.youtube.com/TraitpourtraitBD https://www.facebook.com/TraitpourTraitBD https://www.instagram.com/traitpourtraitbd/ https://twitter.com/TPTBD
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