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Critique de Josephine2


La vie de « Barbare » – nom que lui ont donné ses compagnes de cellules – n’est pas drôle.

Parce qu’elle est en prison, elle décide de se raconter ou plutôt de mettre par écrit son histoire : une vie en banlieue, un père, traîne-savate, qui passe son temps sur le canapé, une mère, qui travaille à la Défense en temps que femme de ménage, les huissiers qui passent prendre les meubles. Pas de caresse, de mots doux, de bisous.

Quelquefois la main de sa mère dans ses cheveux, rarement. De la part du père, rien. Seule la mère essaie de donner une certaine éducation à sa fille, mais au bout d’un certain temps elle renonce. Trop fatiguée, marre de cette vie de chien, dont elle ne voit pas le bout.

Un bibliobus passe dans son quartier, pas longtemps mais suffisamment pour qu’elle puisse découvrir la lecture, et notamment les poètes.

D’emblée, elle n’aura aucune sympathie et ne se fera aucune illusion sur les hommes. Elle s’en servira. Grâce à Esba, son prince noir qui la respectera, elle profitera à fond de la faiblesse qu’ont les hommes pour sa beauté. En contrepartie, Esba dévalisera ses petits amis. Ils profiteront de la vie, si tant est que cela en est une : boîte de nuit, drogue, alcool, collection de chaussures à talons haut… Jusqu’au jour, où tout dérapera.

Esba et un autre acolyte s’en prendront à un bourge. Pourquoi lui ? Pourquoi pas lui. Ils le tortureront à mort pendant plusieurs jours, dans une cave.
On reprochera à la « Barbare » de n’avoir rien fait, de ne pas avoir dénoncé ce qui se passait, de ne pas avoir porté assistance au « bourge ». Pourquoi ?
Elle raconte également la prison, un gardien qui s’amourache d’elle, ainsi que le directeur de la prison. Seul, un psy arrivera à la décrypter et à lui rendre sa DIGNITE et lui faire comprendre également qu’elle était une FEMME dans le sens le plus noble du terme.

D’ailleurs son fantasme est de vivre un amour comme Marguerite DURAS le décrit dans son livre « l’amant ».

Elle souhaite, à sa sortie de prison, travailler dans une librairie. Elle espère bien que son livre sera publié et qu’elle pourra changer de vie, ainsi que celle de sa mère.

Astrid MANFREDI, avec ce premier roman, y va très fort. A chaque phrase, on se prend une claque, c’est percutant, sans pathos, ni misérabilisme. C’est brut de décoffrage, mais aussi plein de pudeur. Elle dénonce le décalage qu’il y a entre la société des biens pensants et les laissés pour compte, les chômeurs, les petits, ainsi que les illusions de la classe moyenne. Mais aussi et surtout la lâcheté des hommes. Le profit qu’ils font des femmes sans rien leur offrir en contrepartie.

Edifiant !
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