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3,47

sur 249 notes
Je sors complètement sonnée de cette lecture qui pour avoir été brève n'en fut pas moins fulgurante. Pour un récit "uppercut", c'est indéniablement percutant.

J'ai tout d'abord été déstabilisée par la belle couverture hypnotique du roman. Premier regard, je crois voir deux mains griffues grossièrement esquissées. Des mains haineuses, sombres et menaçantes. Illusion d'optique. Second regard, une dose de neurones, il s'agit en réalité du visage de la "petite barbare", un visage de jeune femme.

La "petite barbare", pseudo de taule, nous ne connaîtrons pas son prénom. C'est elle qui parle ou plutôt qui écrit. Emprisonnée pour complicité d'homicide, elle écrit sa haine, une "déferlante de haine en apnée", de quoi mettre KO les lecteurs les plus éprouvés. Chienne de vie. Pas de passé, pas de présent, pas d'avenir. Pas d'avenir ? A voir. La vie dans la cité, la prostitution, la pornographie, la dope, la délinquance, le fric facile, la pauvreté, la misère sociale, l'absence de rêves, de projets et même d'illusions. La vie de la "petite barbare".

Je vous le dis tout de suite, si, été oblige, vous êtes dans un état d'esprit "plage, légèreté et marshmallows", alors passez vite votre chemin et attendez la rentrée littéraire où j'espère que ce petit livre saura se tailler une large place. Astrid Manfredi livre ici une littérature noire mais réaliste ; noire parce que réaliste. J'ai eu quelques craintes en début de lecture mais l'auteur a su les faire s'évaporer très rapidement par son style sans concession très affirmé où la poésie naît de la boue et où le crime engendre l'humanité. Quel courage de choisir de tels thèmes pour son premier roman ! Courage ou audace ? L'avenir, paraît-il, appartient aux audacieux.

Un premier roman dangereusement convaincant.


Challenge PETITS PLAISIRS 2014 - 2015
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Elle est née du mauvais côté du périphérique, dans un monde où la prison à vingt ans est terriblement banale, où misère sociale et misère intellectuelle conduisent plus surement sur le banc d'un cachot que sur ceux de la faculté.

Sauf que là le crime est atroce, la France entière a été traumatisée par les agissements de ceux qui se nommaient eux-mêmes le gang des barbares. Elle, celle que ses codétenues appellent la petite barbare, les a suivis. Elle a servi d'appât pour piéger un garçon de son âge qui a eu comme seul tort de la trouver belle.

Qui est-elle celle qui a assisté à son calvaire sans aucun sentiment ? Un monstre, une jeune fille à la dérive ? Pendant son procès, les juges lui trouvent des circonstances atténuantes. En prison, elle rencontre des psychologues à qui elle parle. Elle semble disciplinée, mais avant de retrouver la liberté, elle prend dans ses rets d'autres hommes au-dessus de tous soupçons.

Astrid Manfredi s'est admirablement mise dans la tête de cette jeune délinquante. le ton est percutant pour raconter son parcours, et des faits et leur presque gratuité qui font froid dans le dos. On comprend la haine qui anime des jeunes sans éducation, sans avenir, mais on n'excuse pas leur barbarie.
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En lisant ce livre, une question me venait sans cesse en tête. Mais où l'auteure a-t-elle pu trouver le personnage de la petite barbare. Est-ce possible?
En relisant la critique de Bazart, j'ai la réponse.
Les faits sont tirés d'un meurtre qui a été commis il y a une dizaine d'années auquel a participé la jeune fille.
Astrid Manfredi construit très bien le personnage à partir de son enfance morne, pauvre , sans modèle d'éducation , sans joie, dans une tour de béton.
A partir de la petite adolescence, elle n'a qu'une chose en tête, avoir de l'argent. Elle se prostitue et c'est l'escalade avec son comparse jusqu'au meurtre.
Elle passe derrière les barreaux et a une relation sordide avec le directeur de la prison.
Elle retrouve la liberté mais a-t-elle une chance de se construire ?
L'écriture de l'auteure est à la mesure du personnage : très crue bien qu'imagée et bien tournée : un style très particulier qui rentre bien dans l'oreille mais fait très froid dans le dos.
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"La petite barbare" était la fille d'un gang, celle qui rabattait les proies. Elle a commencé à sucer des garçons du collège à treize ans pour le compte d'Esba, "son ami", un "prince noir", doux avec elle mais dont l'autorité ne se contestait pas. Le gang s'est agrandi, deux autres types les ont rejoints, ils ont ramassé beaucoup de fric, vendant de la came et dépouillant ceux qui se laissaient séduire par la fille. Ils menaient grand train - grosse voiture allemande, fête, poudre, champ', les Champs et ses boutiques de luxe. Leur jeu est allé trop loin, jusqu'au meurtre.
Ils avaient la haine dans leur cité, témoins de la vie étriquée de parents au chômage et/ou exploités et/ou alcooliques, pas envie de suivre leur trace vers le néant. Ça résume tout, ça explique beaucoup, même si ça n'excuse rien.

Aujourd'hui, "la petite barbare" est en prison. Elles sont solidaires entre détenues. Elle lit beaucoup, elle écrit, elle rêve d'un amant indochinois comme celui de Marguerite (Duras), d'une robe blanche de jeune fille qu'il lui enlèverait délicatement, de douceur, d'amour - elle n'a encore rien connu de tel avec les hommes...

Elle m'a longtemps agacée, cette jeune femme avec sa "déferlante de haine en apnée", même si son rejet de tout (hommes, société, vie modeste) me semblait légitime eu égard à son environnement social. J'ai aimé la voir s'assagir et s'adoucir au contact de quelques "gens bien", prendre conscience à l'approche de sa sortie de prison qu'il lui appartenait de ne pas se résigner à la médiocrité. A elle de faire le mieux possible dans un monde pourri, sans pour autant entrer dans le moule qu'elle abhorre : "La vie des gens est toujours ce même enchaînement de maisons en kit, d'enfants mal élevés et de fins de mois difficiles. [...] Comment font-ils pour continuer ? Où vont-ils chercher la ressource pour se lever chaque matin, débiter les mêmes conneries et recommencer le jour d'après ?"

Astrid Manfredi exprime très bien cette hargne avec un style percutant, des phrases choc, parfois à double sens en jouant avec les mots, sur lesquelles on revient. Le récit est vif, entre les souvenirs de la jeune femme et sa vie en prison. Un seul regret : ma lecture a été parasitée par d'autres récentes sur ces thèmes de la colère des "enfants des cités", du rejet de la société, des gangs, de l'univers carcéral : quelques romans de Virginie Despentes, 'Meurtres pour Rédemption' de Karine Giebel, 'Tout, tout de suite' de Morgan Sportes...

J'aime beaucoup la couverture sur laquelle je vois tantôt un visage, tantôt deux traces de mains sanglantes qui auraient glissé le long d'un mur (enfermement) ou d'une vitre (regard vers l'extérieur, vers l'avenir)...
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Ecriture redoutable d'efficacité. Brute. Directe. Foudroyante.
Ecriture à l'image de cette petite barbare (librement inspirée de la terrifiante affaire Halimi). De celle qui a séduit sa victime pour la laisser en patûre à ses bourreaux, sans trembler, sans regret, sans pitié.

Pas de prénom pour cette jeune fille. Ça me plaît. Dépersonnalisons la cruauté. Assez logiquement, je n'ai pas perçu le moindre soupçon d'empathie poindre le bout de son nez à cette lecture. Pas même un moment de doute ni de tentative de compréhension de ce geste gratuit. Mon sentiment n'est que mépris, aversion et froideur.

J'ai lu, j'ai écouté, j'ai entendu le parcours servi comme alibi. Un père glandeur, une mère dépassée mais aimante à sa manière, une enfance au milieu du béton. No repère, no perspective d'avenir. Juste des rêves, des livres. Puis la mauvaise rencontre, l'influence du bad boy au pouvoir hypnotique sur une ado déjà fragilisée, la tentation d'un fric facile. Enfin la chute libre jusqu'à l'irréparable : petite délinquance, vols, prostitution, complicité de meurtre. Avec en atout du jeu macabre, les cartes de la jalousie, de la rancoeur, de la colère contre une société jugée corrompue et dégorgeante d'injustices et d'inégalités.

Les mots fusent. En un style qui accroche, qui alpague le lecteur. Et bam : la petite barbare a encore frappé. A nouveau, elle a appâté une victime dans ses filets : moi. Alors j'encaisse les coups portés par des mots enragés, haineux. Par un ton vindicatif et empli de hargne. Des phrases comme des gifles. Les coups portent oui. Mais pas de syndrome de Stockholm à l'horizon : que dépit et écoeurement en sortant des griffes de la donzelle.

Puis essoufflée d'avoir déversé ce trop plein de haine, le calme après la tempête semble se présenter à ce cerveau aussi perturbé qu'épuisé par tant d'animosité. Car la société, celle-là même qu'elle vomissait, dénigrait, décriait, persiflait, lui donnera une seconde chance. Le ton s'adoucit alors, la perspective d'une vie meilleure à construire naît timidement.
Alors? Nouveau leurre ou début de lucidité..?
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"J'ai seize ans. Ma vie stagne comme un jaune d'oeuf trop cuit".

Fort remarqué, à raison, lors de sa parution, ce brûlot en monologue, inspiré par un fait-divers atroce*, est une perle noire.

Derrière les murs de l'isolement carcéral, une jeune femme crie sa rage au monde dans des chapitres nerveux qui racontent le parcours d'une enfant des cités, devenue membre d'un gang. Une confession en désir de rédemption (ou à défaut d'explications) mettant en mots choisis la genèse de la violence dès la prime enfance dans la loterie des origines sociales.

Au-delà du récit, il y a l'écriture, incroyable, imagée, vivante, virevoltante. Un véritable coup de poing, en direct au foie, une langue pleine de morgue insolente et de mépris.

Une excellent premier roman, dérangeant mais qui pique là où ça fait mal: notre société inégalitaire, creuset de dérives en tous genres, mais où l'espoir est toujours possible.

*Gang des barbares ou affaire Ilan Halimi en 2006
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La vie de « Barbare » – nom que lui ont donné ses compagnes de cellules – n’est pas drôle.

Parce qu’elle est en prison, elle décide de se raconter ou plutôt de mettre par écrit son histoire : une vie en banlieue, un père, traîne-savate, qui passe son temps sur le canapé, une mère, qui travaille à la Défense en temps que femme de ménage, les huissiers qui passent prendre les meubles. Pas de caresse, de mots doux, de bisous.

Quelquefois la main de sa mère dans ses cheveux, rarement. De la part du père, rien. Seule la mère essaie de donner une certaine éducation à sa fille, mais au bout d’un certain temps elle renonce. Trop fatiguée, marre de cette vie de chien, dont elle ne voit pas le bout.

Un bibliobus passe dans son quartier, pas longtemps mais suffisamment pour qu’elle puisse découvrir la lecture, et notamment les poètes.

D’emblée, elle n’aura aucune sympathie et ne se fera aucune illusion sur les hommes. Elle s’en servira. Grâce à Esba, son prince noir qui la respectera, elle profitera à fond de la faiblesse qu’ont les hommes pour sa beauté. En contrepartie, Esba dévalisera ses petits amis. Ils profiteront de la vie, si tant est que cela en est une : boîte de nuit, drogue, alcool, collection de chaussures à talons haut… Jusqu’au jour, où tout dérapera.

Esba et un autre acolyte s’en prendront à un bourge. Pourquoi lui ? Pourquoi pas lui. Ils le tortureront à mort pendant plusieurs jours, dans une cave.
On reprochera à la « Barbare » de n’avoir rien fait, de ne pas avoir dénoncé ce qui se passait, de ne pas avoir porté assistance au « bourge ». Pourquoi ?
Elle raconte également la prison, un gardien qui s’amourache d’elle, ainsi que le directeur de la prison. Seul, un psy arrivera à la décrypter et à lui rendre sa DIGNITE et lui faire comprendre également qu’elle était une FEMME dans le sens le plus noble du terme.

D’ailleurs son fantasme est de vivre un amour comme Marguerite DURAS le décrit dans son livre « l’amant ».

Elle souhaite, à sa sortie de prison, travailler dans une librairie. Elle espère bien que son livre sera publié et qu’elle pourra changer de vie, ainsi que celle de sa mère.

Astrid MANFREDI, avec ce premier roman, y va très fort. A chaque phrase, on se prend une claque, c’est percutant, sans pathos, ni misérabilisme. C’est brut de décoffrage, mais aussi plein de pudeur. Elle dénonce le décalage qu’il y a entre la société des biens pensants et les laissés pour compte, les chômeurs, les petits, ainsi que les illusions de la classe moyenne. Mais aussi et surtout la lâcheté des hommes. Le profit qu’ils font des femmes sans rien leur offrir en contrepartie.

Edifiant !
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Cette histoire ayant dépassé le simple fait divers pour devenir un vrai phénomène de société nous interrogeant sur la nature humaine en général, l'affaire dite du « gang des barbares » est, presque dix ans après les faits, toujours bien ancrée dans la mémoire collective et la littérature ne cesse d'en tenter de percer tous ses mystères

Après Tout tout de suite l'enquête implacable et éprouvante de Morgan Sportès ou bien encore le témoignage de Ruth Halimi la mère de la victime mis en mots par la romancière Emilie Frèche c'est à la jeune Astrid Manfredi, créatrice du blog Laisse parler les filles, de revenir sur cette tragédie mais en allant du coté d'une des protagonistes sans doute les plus mystérieuses de cet horrible gang des barbares, Emma, la jeune fille de 17 ans qui a été chargée d'«appâter» Ilan Halimi, et qu'on a retrouvé quelques années ensuite dans la rubrique des faits divers suite à son histoire d'amour avec le directeur de la prison dans lequel elle était incarcérée.

Bref, un personnage très difficile à cerner qu'Astrid Manfredi essaye de sonder à travers un journal intime qui est aussi un cri de rage, vu la vie particulièrement difficile qu'a connu ( un pays l'Iran qu'elle doit quitter très jeune, un père très violent, un viol collectif subi à 13 ans...), et une tentative de donner la parole à ces laissés pour compte de la société contemporaine.

Le portrait intime est forcément dérangeant, car jamais consensuel et plein d'une haine et d'une colère jamais agréable à recevoir de manière aussi frontale, mais l'écriture, seche et précise d'Astrid Manfredi permet de faire passer la pillule.

On aurait sans doute aimé avoir un tout petit plus de nuances dans les personnages secondaires, notamment dans celui du directeur de Prison, vite balayé en quelques pages ( on attendra le film de Pierre Godeau Down By Love) qui reviendra prochainement sur cette histoire entre le directeur de prison- joué par Guillaume Galienne et notre petite barbare), mais en même temps ce parti pris radical fait aussi la force de ce roman bref, et puissant , tel un vrai uppercut littéraire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La petite barbare ne m'a pas émue et n'a pas provoqué en moi une révolte, un sentiment d'injustice ou encore une réflexion sur les classes sociales. La petite barbare a plutôt eu tendance à m' irritée . le fait d'associer haine/ violence et quartier défavorisé me parait réducteur. Beaucoup de clichés.
Je m'étonne de lire autant de bonnes critiques. La promotion a t elle un effet aussi influent ?
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Le sujet m'a attiré tout de suite, j'aime bien les récits en milieu carcéral, c'est souvent intéressant, malheureusement je n'ai pas adhéré à la manière d'être et de parler de la narratrice, avec ce côté banlieue mis en avant de façon caricaturale, pourquoi Ecrire de belles phrases et d'un coup vomir sa rage pour tout gâcher ?

Le sujet de fond lui est très intéressant, la dérive de cette jeune fille née dans une cité dortoir, jusqu'à toucher le fond, fidèle en amitié mais qui se trahie elle même en ne se respectant pas, prostitution, paillettes, complicité de meurtre, puis finalement ne passez pas par la case départ, ne touchez pas vingt mille, direction prison, certainement ce qui l'a sauvée et empêchée de finir dans le caniveau un matin glacial la culotte aux chevilles et la piquouse dans le bras, le coeur à l'arrêt.

C'est dommage tout de même cette manière d'écraser le récit et les mots de cette façon (si vous le lisez vous comprendrez), bref, un bon récit qui malheureusement est sali par un phrasé tombant dans le cliché dans lequel il était ici impératif de ne pas sombrer.

Voir la chronique sur mon blog :
Lien : http://unbouquinsinonrien.bl..
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