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Critique de Ys
Ecrit peu de temps après les Buddenbrook, Tonio Kröger en reprend plusieurs éléments significatifs. le cadre est le même, l'inspiration autobiographique plus forte que jamais. Né dans la même maison de la même ville, presque dans la même famille et de la même mère, Tonio pourrait être un frère jumeau de Hanno. Un jumeau plus chanceux ? Destiné à vivre, tout au moins - le second roman commence où se termine le premier, comme une seconde fin où l'art offre une voie alternative à la mort.
Pour autant, la vie est tout sauf facile lorsqu'on ne sait s'y baigner que par l'esprit, qu'observer en spectateur le cours joyeux, tumultueux, insouciant de celle des autres. Les autres qu'on aime à quinze ans d'un amour triste et exalté, parce qu'ils sont cet étranger que l'on voudrait tant pouvoir être soi-même. Les autres dont on se détache peu à peu, au fil des années, pour ne plus en voir que la vanité, le ridicule et la misère - condition parfaite pour devenir un grand écrivain, disséquer avec toute la distance et la finesse requise les actes et les émotions de l'humanité.
Mais l'art et la vie sont-ils à ce point incompatibles - jusqu'à quel point la distance froide est-elle condition absolue de la création ? Et est-il vraiment artiste celui qui ne sait s'assumer entièrement comme tel, sur qui pèse la culpabilité insidieuse d'une éducation puritaine ?
Questions qui sous-tendent tout du long ce roman très court, mais impeccablement calibré et aussi riche que passionnant, où se joue la difficile conciliation de l'art et de la bourgeoisie à travers les tourments d'un personnage double, exalté et austère. Un très beau personnage, agaçant, touchant, stimulant, comme savent l'être ceux dont l'âme tend sans cesse entre deux extrêmes, sans trouver le juste milieu qui mènerait à la paix.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Pour autant, la vie est tout sauf facile lorsqu'on ne sait s'y baigner que par l'esprit, qu'observer en spectateur le cours joyeux, tumultueux, insouciant de celle des autres. Les autres qu'on aime à quinze ans d'un amour triste et exalté, parce qu'ils sont cet étranger que l'on voudrait tant pouvoir être soi-même. Les autres dont on se détache peu à peu, au fil des années, pour ne plus en voir que la vanité, le ridicule et la misère - condition parfaite pour devenir un grand écrivain, disséquer avec toute la distance et la finesse requise les actes et les émotions de l'humanité.
Mais l'art et la vie sont-ils à ce point incompatibles - jusqu'à quel point la distance froide est-elle condition absolue de la création ? Et est-il vraiment artiste celui qui ne sait s'assumer entièrement comme tel, sur qui pèse la culpabilité insidieuse d'une éducation puritaine ?
Questions qui sous-tendent tout du long ce roman très court, mais impeccablement calibré et aussi riche que passionnant, où se joue la difficile conciliation de l'art et de la bourgeoisie à travers les tourments d'un personnage double, exalté et austère. Un très beau personnage, agaçant, touchant, stimulant, comme savent l'être ceux dont l'âme tend sans cesse entre deux extrêmes, sans trouver le juste milieu qui mènerait à la paix.
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