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Critique de belette2911


Pour échapper au nouveau dôme de chaleur qui s'est installé sur nos pays, je vous propose de vous rafraichir avec ce roman qui va vous emporter dans le Grand Nord Canadien, par des températures négatives de -30° à -40°… Même des -50° ! Tempêtes, blizzards, neige, glaces sont au menu.

Prévoyez des fourrures, des petites laines et des thermolactyl, ça va cailler sévère et vous geler les miches. Oubliez aussi les nouvelles technologies, nous sommes en 1932 (et fin 1931). Pourtant, ce récit est intemporel, vieux comme le monde.

Ce roman d'aventure est basé sur une histoire vraie : celle de la traque d'un homme. Les moyens mis en oeuvre sont colossaux : gendarmerie royale, trappeurs, chiens de traîneaux, armes à feu, dynamite et même un avion qui, hélas, n'était pas équipé, comme l'aurait souhaité l'inspecteur Walker, de mitraillettes et de bombes… Heu, sérieux, là ??

Oui, vu l'armada mise en place, on peut dire que ces hommes vont chasser une mouche avec des bazookas… Si nous étions dans le registre du burlesque, on pourrait croire que ces types sont un rassemblement déchaîné de Wyle E. Coyote, prêts à tout pour traquer et tuer le Road Runner à coup d'armes à feu ou de dynamite. Hélas, nous ne sommes pas dans une comédie légère. Mais dans la réalité.

Quel crime a bien pu commettre cet homme, pour que tout le monde le traque de la sorte, dans des températures polaires et veuille lui faire la peau ? Un truc tout con, tout bête, une connerie de contrôle de paperasse qui dégénère bêtement, car un gendarme a fait usage de son arme, de manière inappropriée.

Oui, ça rappelle des mauvais souvenirs. Ici, les jeunes ne foutront pas le feu aux villes, mais des trappeurs, engagés pour retrouver le mec taciturne, vont allumer le feu de leur rage et l'entretenir. On se doute que lorsqu'ils tomberont sur le râble du fugitif, ce sera l'hallali, la curée. L'effet de meute est là, comme chez les loups. Sauf que les loups respectent la stratégie de l'Alpha. Toujours. Dans cette meute humaine, c'est juste une somme d'individualités.

Problème : Jones ne se laisse pas attraper et joue avec eux, rusé qu'il est, malin aussi. Comme un carcajou. Mais qui est vraiment ce Jones ? Nul ne le sait vraiment.

Ce roman, qui sent bon l'aventure des trappeurs dans le Grand Nord, est aussi un roman qui parle de la folie des Hommes, de la haine, qui se mue en quelque chose de mauvais, donnant envie aux poursuivants de massacrer le poursuivi. D'un côté, ils le vénèrent, vu les exploits que ce type va accomplir, seul contre toute cette meute, mais ensuite, la légende s'écrire et les poursuivants vont le diaboliser.

Si j'ai cru, pendants un moment, qu'un des gendarmes allait virer à la caricature, il n'en a rien été, l'auteur ayant été assez intelligent que pour donner de la profondeur à ses personnages, même aux trappeurs. Des êtres frustes, qui vivent en solitaires, qui passent leur vie dans les bois, avec leurs chiens. Et qui survivent dans cette Nature hostile, qui la connaissent.

Le seul dont on ne saura rien, c'est Jones, le fugitif, et si cela m'a ennuyé de ne pas avoir passé du temps en sa compagnie, durant sa traque, j'ai ensuite compris qu'il fallait qu'il en soit ainsi, afin de garder intact, le mystère autour de son identité, comme il en est dans la réalité. Purée, quel type, ce Jones ! Il m'a subjuguée et j'ai réussi à oublier sa faute à lui, quand il était visé par des policiers à sa poursuite.

Ce roman, c'est du nature-writing à la testostérone, ou la masculinité se déploie, s'affirme, où les tensions montent, où les petites phrases assassines sont de sorties, notamment sur le poste de chacun durant la Grande Guerre. Ce n'est pas que de l'aventure et du froid, c'est aussi de l'humanité qui fout le camp, tandis que d'autres tentent de calmer les choses.

Un roman qui se lit facilement, qui n'est pas simpliste, qui montre combien l'être humain peut vite redevenir un animal, être pire qu'un animal, même ! Un roman tiré d'une histoire vraie, bourré de suspense, même si ce n'est pas de la course-poursuite, mais plus de la ruse et de l'intelligence d'un seul homme.

Un roman noir dans l'immensité du grand blanc. Avec des traces de rouge… Terrible, mais beau. Même si la folie humaine n'est jamais belle à voir.

PS : au Québec, un ravage, c'est un endroit qui sert d'abri pour les cerfs pour leur permettre d'affronter les températures glaciales au cours de l'hiver. C'est aussi un réseau de pistes tracé dans la neige lors des déplacements des cervidés.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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