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Critique de Bibliozonard


Déception

Grazia dit :
« Excellant dans le sarcasme, le dialogue vif, Hilary Mantel enchaîne un chaos trépidant de courtes scènes claquantes, de décisions ou de compromis, où les femmes jouent un rôle inédit ».

Libération dit :
« Hilary Mantel, auteur démiurge, conçoit son oeuvre en présentant ses personnages comme des acteurs sur le point d'entrer en scène. »

Je confirme que « les femmes jouent un rôle inédit », elles sont « sur le point d'entrer en scène. »

« Toute sa vie, elle n'a fait que regarder le monde, confinée dans un rôle de spectatrice qui ne lui a rien apporté, pas même les bienfaits du détachement philosophique. Que ne lui ont point apporté non plus l'étude, ni l'analyse de soi, ni même, songea-t-elle avec ironie, le jardinage… Je ne suis pas passive face à la vie, je ne crois pas que je le serais jamais. » (P20-21)
Manon Roland veut la liberté d'action de pensée dans sa vie de tous les jours, dans la politique, voire l'émancipation de la femme intelligente et combative, elle veut la fin de l'aristocratie.

La curiosité provoque le lecteur, mais Manon (et Lucile) reste entre parenthèses. Alors qu'il s'attend à une entrée en scène « mémorable », à la révélation des prémices d'une marche féministe qui en impose ! rien, du vent, plus rien.


« chaos trépidant de courtes scènes claquantes »


Il y a des moments comme le débat tout en finesse sur l'État moralisateur entre Desmoulin et le juge qui frappe ! .( p39-40) ce n'est pas le seul, certes.
Ce qui est dommage, c'est la majeure partie du texte qui n'apporte pas l'extase promise à plusieurs reprises, dans les 2 tomes, un ramassis de bons — insuffisants et moyens passages – abondants : le pouvoir (l'Assemblée…) est si morcelé — c'est la que le défit de rendre les événements grandioses est manqué pour l'auteur — la complexité est restée quasi imbuvable ; les commérages dominent les moments de grandiloquence devenu secondaire, des actions devenues mirages.
Le lecteur aurait pu être témoin d'un aboutissement romanesque d'une opération délicate, de la violente chute théâtrale de la monarchie, de la tragédie d'un peuple poussé par une folie sanguinaire irréversible ! le lecteur aurait pu être ce témoin.

« Démiurge », oui, mais.

Manque de scénario, choix scénaristique faible, pas d'aération, trop factuel : fait introduit en plein milieu d'une action comme un raccourci pour passer d'une information à une autre casse le rythme. Il y avait de la matière à surprendre, j'ai senti la créatrice trop sur la défensive avec un manque de coup de poing percutant. Je ne pense pas que le sujet soit trop vaste pour l'auteur. Hilary Mantel bien qu'impressionnante, c'est évident, fut plutôt victime d'un mélange de timidité et d'impatience. Dommage.

Sans avoir lu et sans savoir si la trilogie historique consacrée à Cromwell : le Conseiller est plus aboutie - ce qui est fort probable ; dans le même genre, fluides et efficaces, les ouvrages de Ken Follet devraient vous séduire.
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