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Critique de Amnezik666


La genèse même de ce livre mérite que l'on s'y attarde, Sarah (qui ne s'appelle pas Sarah) a rencontré l'auteur, Paul marchand, ancien reporter de guerre reconverti à la littérature après une blessure. Elle lui a raconté son histoire dans les moindres détails. Il lui a suggéré d'écrire son histoire. Elle lui a demandé de l'écrire pour elle. Et voilà… C'est bien entendu une version raccourcie de l'histoire que l'auteur nous raconte en introduction de ce témoignage.

Commençons par le commencement et le choix du titre, c'est Sarah qui le lui a soufflé en empruntant les mots de Jacques Brel dans sa chanson Orly : « Mais ces deux déchirés / Superbes de chagrin / Abandonnent aux chiens / L'exploit de les juger« . L'auteur y consacre d'ailleurs un long (et magnifique) paragraphe, confrontant Sarah, sa peine et son amour perdu à la chanson de Brel.

Sous la plume de Paul Marchand c'est Sarah qui nous raconte son histoire. Une histoire d'amour passionnelle et fusionnelle mais réprouvée par la «Morale», sabordée et souillée par un mot : «Inceste». Une histoire d'amour entre un père et sa fille qui n'ont jamais connu le moindre lien parental sinon celui de la génétique. Une histoire d'amour entre un homme et une femme, deux adultes consentants. Pour ma part, même si je reconnais volontiers que la situation est (heureusement) pour le moins inhabituelle, je n'ai nullement été choqué par la situation. Il faut dire que l'auteur sait y faire pour magnifier un sujet sensible qui aurait pu s'avérer véritablement casse gueule sous la plume d'un autre.

Mais Sarah nous crache aussi à la gueule sa colère. Colère contre Benoît qui a préféré fuir la réalité plutôt que de l'affronter avec elle. Colère aussi contre tous ces bien-pensants, gardiens de la morale judéo-chrétienne, qui les aurait jugé sans rien connaître d'eux. Mais aussi colère contre elle même, contre son esprit de provocation qui a peut être contribué au suicide de son amant : « L'avenir a tué Benoît, je l'ai déjà dit. Mais il ne fut pas seul à commettre ce crime. J'y pris ma part. J'ai beau raturer mes souvenirs, j'en ravive toujours les points de fracture qui ont dégénéré en un point mort… »

Enfin Sarah laisse la parole à Benoît, à travers la lettre qu'il lui a écrit avant de mettre fin à ses jours et qu'elle recevra après ses obsèques. Six pages pour qu'elle comprenne son geste… et le pardonne.

Un livre/témoignage qui ne devrait laisser personne indifférent, suscitant des réactions pouvant être aussi extrêmes que opposées. Il n'en reste pas moins que l'écriture est brillante, l'auteur ne fait pas dans le voyeurisme sordide qui aurait décrédibilisé cette confession par tiers interposé. Un texte court (un peu plus de 200 pages) mais intense. Choqué ? Non. Touché ? Oui. Mais je ne peux toutefois pas adhérer aux conclusions de Sarah : « Demain, un jour, peut-être dans mille, un père pourra aimer sa fille d'amour charnel sans qu'il soit besoin d'en mourir après… Dans mille jours, ou alors après-demain, une fille pourra devenir la maîtresse de son père sans avoir à se cacher ou à mentir. Bientôt les amours volontaires et partagées entre parents et enfants seront reconnues et même tolérées… Certainement, viendront des lois pour promouvoir leurs droits et mieux les protéger. »

Aujourd'hui en France la loi ne condamne pas les relations sexuelles père/fille ou mère/fils tant qu'elles se font entre adultes consentants (Article 222-31-1 du Code Pénal : Les viols et les agressions sexuelles sont qualifiés d'incestueux lorsqu'ils sont commis sur la personne d'un mineur par (1°) un ascendant ; (2°) un frère, une soeur, un oncle, une tante, un neveu ou une nièce ; (3°) le conjoint, le concubin d'une des personnes mentionnées aux 1° et 2° ou le partenaire lié par un pacte civil de solidarité avec l'une des personnes mentionnées aux mêmes 1° et 2°, s'il a sur le mineur une autorité de droit ou de fait.). Je ne pense pas qu'il soit utile, et encore moins judicieux, qu'une loi vienne protéger ce type de relation. Quant à leur acceptation morale, je ne pense pas que ce soit pour demain… Bien ou mal ? Je laisse tout un chacun en débattre avec sa propre conscience.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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