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EAN : 9782253114741
216 pages
Le Livre de Poche (01/10/2005)
3.55/5   48 notes
Résumé :
Une histoire d'amour impossible, rare, déroutante. " Un des livres les plus bouleversants que j'ai lus ces dernières années. " Michel Field, Paris Première. " Magnifiquement écrit, terriblement dérangeant ". Anne Sinclair, France 3. " A vous de juger, mais pas sans avoir versé ce livre bouleversant au dossier. "Gilles Chenaille, Marie-Claire. " Marchand est un semeur de confusions et de soulèvements. C'est cru, c'est violent, c'est troublant. " Olivia de Lamberterie... >Voir plus
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Roman de Paul M. Marchand.

Sarah est le fruit d'un amour d'été, d'une fulgurante nuit de juillet, "née de père inconnu, ou distrait." (p. 32) Élevée seule par une mère aimante, elle ne rencontre son père qu'à la toute fin de son adolescence. Son père, Benoît, ne savait rien de son existence. Entre eux s'initie une relation unique. Ils ne sont pas père et fille, ils n'ont pas grandi comme tels. Alors leur amour n'a rien de filial. Sarah et Benoît s'aiment d'amour, comme une femme et un homme peuvent le faire. Ils n'essaient pas de rattraper le temps perdu ni de combler les vides, ils construisent simplement une autre relation, en dehors des liens du sang. Si Sarah envisage cette relation avec rebellion et insolence, prête à tout pour faire accepter leur amour, Benoît est freiné, tourmenté par la certitude de faire quelque chose de mal, quelque chose comme "le huitième péché capital." (p. 47)

La narration est tenue par Sarah, à la première personne. Son récit voyage entre ses passés et son présent. Elle replonge dans ses souvenirs et dans les époques de sa vie avec ou sans Benoît: son enfance choyée auprès d'une mère célibataire, sa décision de rencontrer son père, leur découverte l'un de l'autre, leur relation, la mort de Benoît et la vie après son décès.

Benoît n'a vraiment la parole qu'une fois, et d'une traite, à la fin du récit, quand Sarah relit une énième fois la lettre qu'il a laissée avant son suicide. Sa parole est affolée, il lui faut tout dire en quelques pages, tout justifier, et se faire pardonner.

La relation amoureuse s'impose, tout simplement. Sans le passé commun, sans le lien filial, Sarah et Benoît sont rattrapés malgré eux par l'amour sensuel. "Tous les deux avons essayé d'y échapper, en sachant au plus profond de nous-mêmes, que ça finirait par arriver." (p. 41) Mais pour inévitable qu'elle soit, leur romance est interdite par la morale: "notre histoire était une épreuve, et [...] notre vérité, si elle devait être dévoilée, n'aurait jamais raison de l'immense dépotoir de toutes les opinions unanimes et de la sottise qui les accompagne." (p. 52)

Sarah est plus libre dans son amour, plus aventureuse, moins complexée. Benoît assume pour deux la honte, le tabou et la conscience de la faute, de l'inceste. Mais C'est Sarah la plus forte. "De nous deux, je pense que c'était moi la plus adulte. Sa mort a scellé cette certitude. J'étais prête à affronter le monde entier. Benoît, lui, ne voulait pas de ce combat. [...] Pour lui, cet amour portait un nom, et ce nom était synonyme de crime." (p. 113) "J'étais juste une femme, une jeune femme qui l'aimait comme une fomme et à qui tout le reste importait peu... Mais ce fameux 'reste' lui importait encore. Il en était même malade de ce 'reste'. Il se corrodait de ce 'reste'. Je le tuais de ce 'reste'." (p. 103)

Benoît se suicide, "mort de savoir à quel point il est difficile d'être différent." (p. 144) Dans la lettre qu'il laisse à Sarah, il explique ses peurs et ses raisons, il pointe du doigt les différences de caractère entre eux, les différences de force: "J'avais peur, tu étais au-dessus de tout ça toi; les contingences de la prudence, les affres de la filiation, moi j'y pensais tout le temps." (p. 190) Sa culpabilité, née des inhibitions de la société et du poids de la morale occidentale chrétienne, est plus forte que le sentiment amoureux. Il ne sent pas père, mais il n'affronte pas l'opinion qu'il projette en pensée dans tous les esprits de ceux qui pourraient savoir la nature du lien entre lui et Sarah.

Sarah se sent coupable de la mort de Benoît, coupable "uniquement en aimant et en étant aimée de retour." (p. 65) Elle pense avoir tué "un homme qu'[elle aimait] et qui trouva la mort de le savoir." (p. 65) Mais il n'y a pas que la culpabilité qui ronge Sarah. Il y a le ressentiment. En refusant de vivre leur amour, en refusant de vivre tout court, Benoît l'a trahie, l'a reniée. Alors, à son tour, il lui faut bannir Benoît de ses souvenirs, bannir la douleur.

La mère de Sarah, celle qui accepté une grossesse surprise, est une épaule stable et douce. Ni intrusive ni juge, sans vraiment savoir ce qui bouleverse son enfant, elle l'a reprend sur son sein pour lui offrir le réconfort de son amour et de son expérience. "Elle m'avertissait que j'allais maudire le temps qu'il me faudrait pour oublier, et que, par dessus tout, je maudirais le temps lorsque, enfin, j'aurais oublié." (p. 167)

Le livre sonne un peu comme un petit manifeste pour l'inceste, pour la légalisation et l'acceptation de l'amour entre enfant et parent. "C'est choquant l'inceste? Pourquoi le serait-ce d'abord? Si tel est le cas, toute personne aimant une autre personne commet une offense." (p. 202) Je n'adhère pas à l'idée, mais ce n'est pas le propos. Ce que l'auteur propose ici, c'est une histoire d'amour, unique comme elles le sont toutes, douloureuse également.

Au-delà de l'inceste, on s'interroge sur les relations parents/enfants, sur la nature du lien. Dans une conversation avec sa mère, Sarah fait surgir une vérité brutale: "Qu'est-ce que ça fait d'avoir un enfant?", à quoi sa mère répond: "C'est comme avoir un pistolet sur la temps, toujours." (p. 167) Sarah n'a pas de père, mais elle a une mère dont l'amour n'est pas moins grand ni moins violent que celui que lui témoigne son père-amant.

L'écriture de ce roman est une gifle. Elle mêle poésie de la douleur et de l'interdit à des revendications amoureuses impossibles, des diatribes contre la société à l'esprit étriqué. Il y a des phrases sublimes et des passages chocs. On ne sort pas indemne de la lecture. Mais il faut l'oser cette lecture, sans aucun doute.

Sarah et Jacques Brel, c'est la passion et la déchirure: "Je n'écoute plus Jacques Brel. [...] Il connaît notre histoire. Brel est une violence, un lynchage auquel j'ai renoncé. [...] Je n'écoute plus Brel; dans toutes ses chansons, c'est Orly que j'entends." (p. 156 et 166) Je termine donc sur la chanson de Jacques Brel, auquel l'auteur a emprunté une phrase de son titre Orly: "Mais ces deux déchirés, / Superbes de chagrin, / Abandonnent aux chiens, / L'exploit de les juger."

Un grand merci à Liliba qui a fait voyager ce livre jusque chez moi!
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Publié en 2003, "J'abandonne aux chiens l'exploit de nous juger" fut l'avant-dernier roman de l'écrivain et ancien reporter de guerre français Paul M.Marchand.
Basé sur des faits réels, ce roman nous raconte plusieurs années de la vie de Sarah, une jeune femme de 17 ans, et sa relation amoureuse avec Bruno, un homme de 20 ans son aîné et qui n'est autre que son père...

Quand Liliba a proposé de faire voyager ce livre, j'ai immédiatement repensé aux impressions ressenties à la lecture de "Lolita" de Nabokov, un roman qui avait fait scandale lors de sa parution et qui figure encore parmi les plus contestés de la littérature.
Mais aussi une histoire magnifiquement écrite et qui m'avait réellement bouleversée tant elle avait éveillé en moi de questions comme de sentiments contradictoires.

Le moins que je puisse dire est que l'auteur démarre en force en plongeant immédiatement le lecteur dans l'intimité des deux amants... Une contextualisation très brutale qui m'a fait refermer le livre au bout de 10 pages.
Après une pause de quelques jours, j'ai repris ma lecture et ne l'ai plus lâchée avant la fin.
Sous la forme d'aller-retours chronologiques, l'histoire est racontée par Sarah, une jeune femme vouée à une belle carrière juridique. Choyée par des femmes, elle a cependant toujours ressenti le manque d'une présence masculine, ce qui l'amène fatalement à interroger sa mère quant à l'identité de son géniteur.
Alors qu'elle imaginait découvrir un père, elle voit avant tout en Bruno un homme qui lui plaît. Et il s'avère que l'attirance est réciproque.
Sarah et Bruno savent tous deux qu'il est trop tard pour rattraper le temps perdu mais aussi que, malgré l'absence de liens affectifs, les liens du sang condamnent d'avance toute relation amoureuse.

Ce roman m'a mise mal à l'aise, non par son contenu ou son écriture mais par le cas de conscience qu'il a soulevé en moi.
Dans la mesure où Bruno n'a jamais su qu'il avait une fille - fruit d'une amourette de vacances sans lendemain - avant que celle-ci ne le contacte et qu'il ne l'a donc jamais connue en tant que bébé, petite fille et pré-adolescente, je ne pense pas qu'on puisse lui attribuer d'intentions perverses.
Sarah dit d'ailleurs elle-même que si ils s'étaient rencontrés plus tôt, leur relation n'aurait sans doute pas été du même ordre.
Cela dit, il est certain qu'au moment de la rencontre, ils savaient tous les deux très bien qui ils étaient techniquement l'un pour l'autre.
Leur relation ne commencera pas tout de suite mais au bout de deux ans. Deux années durant lesquelles ils apprennent à se connaître et à s'apprécier, sans que toutefois un lien filial ne s'établisse. Jusqu'au jour où la limite est franchie.

Alors que Benoît sombre dans la culpabilité, Sarah, elle, prétend voir les choses de manière plus adulte et le pousse dans ses retranchements, à grand renfort d'arguments et en occultant les implications de leur relation.
Ce qui m'a dérangée chez Sarah, c'est que j'ai ressenti en elle une certaine provocation dans cette façon appuyée de dénommer Bruno "son père" (les guillemets rappelant constamment au lecteur le caractère incestueux de cette relation) et d'ajouter par moments à sa culpabilité afin qu'il cesse de fuir (pour ceux qui ont lu le livre, je pense ne fut-ce qu'à la toute première scène où elle lui rappelle qu'elle est issue de son sperme...).
Aussi, quand elle prétend avoir une part de responsabilité dans son suicide, j'ai bien eu envie d'acquiescer tant elle le pousse à dévoiler au grand jour cette relation invivable et qu'il n'est pas prêt à se pardonner à lui-même.

Cette histoire à l'allure de tragédie grecque aurait pu s'arrêter là sauf qu'au final on bascule dans une espèce de plaidoyer en faveur de l'inceste amené, selon Sarah, à se banaliser dans les années à venir et à faire l'objet d'une législation positive. Elle table sur l'évolution des moeurs et va jusqu'à comparer leur situation à celle des homosexuels, au nom du droit à la différence et à la diversité humaine.
Et là on vire un tantinet au cauchemar (sauf peut-être pour Sigmund qui passerait la tête de sa tombe en proclamant "Je vous l'avais bien dit!") et je ne pense pas que la société saurait reconnaître un jour un "droit à l'inceste" dans la mesure où l'Homme se plaît depuis des lustres à revendiquer ce qui le différencie des animaux...
Dernier bémol (mais pour certain(e) s c'est peut-être un détail) : cette couverture chick-litt qui donne cette impression de frivolité à une histoire qui est loin d'être légère.

Malgré mes réserves, je suis d'avis que ce roman mérite que l'on s'y attarde, non seulement pour son indéniable qualité d'écriture (certains l'ont trouvé crue, je ne suis pas du tout de cet avis) mais aussi pour les questions qu'il soulève et dont les réponses s'avèrent plus nuancées qu'il n'y paraît avant lecture.
Je pense que, sans cautionner nullement l'inceste, on peut néanmoins apprécier cette histoire particulière. Mais elle est aussi grandement affaire de sensibilité et ne trouvera donc pas aisément ses lecteurs.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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La genèse même de ce livre mérite que l'on s'y attarde, Sarah (qui ne s'appelle pas Sarah) a rencontré l'auteur, Paul marchand, ancien reporter de guerre reconverti à la littérature après une blessure. Elle lui a raconté son histoire dans les moindres détails. Il lui a suggéré d'écrire son histoire. Elle lui a demandé de l'écrire pour elle. Et voilà… C'est bien entendu une version raccourcie de l'histoire que l'auteur nous raconte en introduction de ce témoignage.

Commençons par le commencement et le choix du titre, c'est Sarah qui le lui a soufflé en empruntant les mots de Jacques Brel dans sa chanson Orly : « Mais ces deux déchirés / Superbes de chagrin / Abandonnent aux chiens / L'exploit de les juger« . L'auteur y consacre d'ailleurs un long (et magnifique) paragraphe, confrontant Sarah, sa peine et son amour perdu à la chanson de Brel.

Sous la plume de Paul Marchand c'est Sarah qui nous raconte son histoire. Une histoire d'amour passionnelle et fusionnelle mais réprouvée par la «Morale», sabordée et souillée par un mot : «Inceste». Une histoire d'amour entre un père et sa fille qui n'ont jamais connu le moindre lien parental sinon celui de la génétique. Une histoire d'amour entre un homme et une femme, deux adultes consentants. Pour ma part, même si je reconnais volontiers que la situation est (heureusement) pour le moins inhabituelle, je n'ai nullement été choqué par la situation. Il faut dire que l'auteur sait y faire pour magnifier un sujet sensible qui aurait pu s'avérer véritablement casse gueule sous la plume d'un autre.

Mais Sarah nous crache aussi à la gueule sa colère. Colère contre Benoît qui a préféré fuir la réalité plutôt que de l'affronter avec elle. Colère aussi contre tous ces bien-pensants, gardiens de la morale judéo-chrétienne, qui les aurait jugé sans rien connaître d'eux. Mais aussi colère contre elle même, contre son esprit de provocation qui a peut être contribué au suicide de son amant : « L'avenir a tué Benoît, je l'ai déjà dit. Mais il ne fut pas seul à commettre ce crime. J'y pris ma part. J'ai beau raturer mes souvenirs, j'en ravive toujours les points de fracture qui ont dégénéré en un point mort… »

Enfin Sarah laisse la parole à Benoît, à travers la lettre qu'il lui a écrit avant de mettre fin à ses jours et qu'elle recevra après ses obsèques. Six pages pour qu'elle comprenne son geste… et le pardonne.

Un livre/témoignage qui ne devrait laisser personne indifférent, suscitant des réactions pouvant être aussi extrêmes que opposées. Il n'en reste pas moins que l'écriture est brillante, l'auteur ne fait pas dans le voyeurisme sordide qui aurait décrédibilisé cette confession par tiers interposé. Un texte court (un peu plus de 200 pages) mais intense. Choqué ? Non. Touché ? Oui. Mais je ne peux toutefois pas adhérer aux conclusions de Sarah : « Demain, un jour, peut-être dans mille, un père pourra aimer sa fille d'amour charnel sans qu'il soit besoin d'en mourir après… Dans mille jours, ou alors après-demain, une fille pourra devenir la maîtresse de son père sans avoir à se cacher ou à mentir. Bientôt les amours volontaires et partagées entre parents et enfants seront reconnues et même tolérées… Certainement, viendront des lois pour promouvoir leurs droits et mieux les protéger. »

Aujourd'hui en France la loi ne condamne pas les relations sexuelles père/fille ou mère/fils tant qu'elles se font entre adultes consentants (Article 222-31-1 du Code Pénal : Les viols et les agressions sexuelles sont qualifiés d'incestueux lorsqu'ils sont commis sur la personne d'un mineur par (1°) un ascendant ; (2°) un frère, une soeur, un oncle, une tante, un neveu ou une nièce ; (3°) le conjoint, le concubin d'une des personnes mentionnées aux 1° et 2° ou le partenaire lié par un pacte civil de solidarité avec l'une des personnes mentionnées aux mêmes 1° et 2°, s'il a sur le mineur une autorité de droit ou de fait.). Je ne pense pas qu'il soit utile, et encore moins judicieux, qu'une loi vienne protéger ce type de relation. Quant à leur acceptation morale, je ne pense pas que ce soit pour demain… Bien ou mal ? Je laisse tout un chacun en débattre avec sa propre conscience.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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Au départ, j'avais pas tellement envie de le sauver ce livre. Pas pour le thème, mais pour le style. C'est très bien écrit, oui, mais trop. On a l'impression que chaque phrase est une citation. C'est beaucoup dans la métaphore, dans la jolie formule, dans l'écriture précieuse. C'est intéressant lorsque ceci est parsemé dans une oeuvre, mais là, j'ai trouvé cela un peu trop, c'est lourd et ça nuit à la réalité des choses et des sentiments. Toutefois, au final, je veux le sauver pour ces quelques raisons :
1. Il exhume l'une des plus belles chansons d'amour "Orly" de Brel
2. Il nous redonne envie de (re)lire Voyage au bout de la nuit et belle du seigneur
3. La lettre finale est très belle, et si elle est authentique (ce qui m'arrange de le croire) elle vaut tout le livre
4. et surtout, j'ai lu des réactions de gens choqués, vraiment indignés par le sujet sans avoir lu le livre avec un rejet maladif et des mots forts sans essayer de comprendre. Et justement le livre parle d'eux. Rien que pour ça, ils devraient passer outre les préjugés liés au sujet de l'inceste, et je trouve cette partie du livre assez réussie. Je peux comprendre qu'on soit choqué (ce n'est pas mon cas) mais pas coupeur de tête... Et il y en a encore beaucoup, et à la lecture de certaines réactions, j'ai pris peur.
C'est pourquoi je veux défendre ce livre, un peu creux au final, un peu ampoulé,mais témoin d'une histoire d'amour que la société n'accepte pas, comme tant d'autres pour d'autres raisons...
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Commençons par le commencement, c'est magnifiquement écrit, je ne connaissais pas l'auteur mais il mani les mots avec une grande habilité, s'en est presque chantant.

Cela étant dit, j'imagine que si j'avais pu choisir j'aurai choisit une autre oeuvre pr découvrir Paul M. Marchand.

C'est une mine d'or pour les étudiants en psy(chologie|chiatrie) et surtout en psychanalyse, qu'est ce que Freud aurait à dire à cette demoiselle qui, à 17 ans, choisi de rencontrer son père qu'elle n'a jamais connue. Elle ne peut pas vraiment lui en vouloir car il ne l'a pas abandonné, il ne savait pas, mais elle a quand même grandit en voyant le fait d'être enfant d'un père inconnu comme son trait principal. Elle dit qu'elle vivait ça comme d'autres peuvent vivre leurs religions, leurs couleurs de peau, leurs ethnies, enfant c'était « Celle qui n'avait pas de papa ».
Alors oui, elle ne peut pas lui en vouloir mais elle garde quand même en elle un trauma.
Alors Freud, quelle conclusion quand, à peine 1 ou 2 ans après avoir rencontrer ce père qui, semble être prêt à l'accueillir à bras ouvert, à la découvrir et à rattraper le temps perdu, elle en tombe amoureuse, se jète dans ses bras et s'y trouve accueilli, partage ensuite sa vie, son coeur et son lit jusqu'au jour où Benoit, son géniteur, préfère la mort à la culpabilité qui le ronge.

Alors oui, je suis d'accord ça ne nous regarde pas, l'amour c'est quelque chose de magnifique, pourquoi aller à l'encontre de ce dernier ?
Mais pourquoi à presque 40 ans, parmi toutes les femmes, choisir de donner son coeur à celle issu de ton sang, tout juste majeur et qui réfléchis avec sa passion et non avec sa tête ?

Le texte veut nous pousser à un avenir qu'il estime meilleur dans le quel parent et enfant pourront s'aimer comme ils le désirent, et bien qu'étant très ouvertes, il m'en faudrai un peu plus pour me convaincre…
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Nous apprenions à nous connaître. C'était très ludique. Nos répliques avaient une séduisante indépendance, il n'y avait aucun embarras dans nos apartés. Nos liens de sang ne figuraient pas dans nos espérances. Il était bien trop tard. Pour lui comme pour moi. Irréconciliables par la force des choses et par nos destins éclatés, il nous paraissait artificiel de nous étendre là-dessus, perchés sur une ramification somme toute imposée, souvent subterfuge. Nous n'étions pas des équilibristes, encore moins des archéologues. Il ne s'agissait pas de combler le temps passé, mais de passer notre temps ensemble sans le combler de remords et de reproches. Il nous était impossible de ressusciter, d'un simple coup de baguette magique, ce que nous ne connaissions pas. Nous avions fait, chacun de notre côté, le deuil des simagrées qui auraient pu travestir nos retrouvailles. Dans ce domaine nous étions bien du même sang... Il n'y avait pas de souffrance, ni de honte, la moindre faiblesse entre nous. Il y avait une alchimie, si mystérieuse, que la pudeur, ou la prudence, nous commandait d'ignorer. Par cette alchimie, et par elle seule, s'élaborait notre destinée en commun, et dans une gestation précise, elle se découvrait d'elle-même devant nous sans que nous ayons à la provoquer.
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J'entendais ça depuis que j'étais une enfant: l'avenir. Ca vous obstruait l'horizon, l'avenir, ça vous raccourcissait le présent, ça le rabotait de tous côtés... C'était toujours la course après l'avenir. A peine arrivais-je quelque part qu'il me fallait détaler pour l'ailleurs. J'en étais essoufflée de l'avenir. Il me prenait à la gorge, m'empêchait de respirer. Je ne m'arrêtais jamais j'en franchissais toutes les étapes en épreuves successives, et il se tenait toujours plus loin, le devenir...
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Qu'est-ce qui empêcherait vraiment d'aimer la personne de son choix ? Et si, justement, cette personne n'était pas le fruit d'un choix mais la conséquence de quelque chose qui s'impose de lui-même, irrésistible et souverain, sans qu'il y ait de préférence à établir : un déferlement, un assaut, une reddition... Une détonation qui classe le coup de foudre pour un amusement de chef de gare. Aimer sans avoir le choix, sans même se résoudre à un espace pour lui, si infinitésimal qu'il puisse être. Une dictature de coeur. Une force allègre.
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De l’amour fantasmé, je ne connaissais que les caresses, pas les morsures.
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J’étais calme, du calme de ceux qui savent d’avance que ce n’est pas le jour qui se lève mais la nuit qui s’obstine.
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