Je chante aussi des chansons arméniennes de Mésopotamie qui ont été kurdifiées et que les gens connaissent bien. Je veux simplement dire aux Kurdes : votre culture a des racines dans la nôtre. L'émotion adoucit. Elle permet aux uns de s'excuser et aux autres de pardonner.
Je ne me suis jamais perçu comme un « Arménien islamisé ». Je ne suis jamais allé à la mosquée. À la maison, on a toujours perpétué des traditions arméniennes, secrètement ou sans le savoir, comme celle des fleurs coupées répandues sur le sol pour la nouvelle année. Je n'ai pas de haine envers les Turcs. Seulement une question : Pourquoi ? Pourquoi cette atrocité ?
(p61)
Comment se fait-il qu'à cinquante ans je continue à pleurer en regardant la photo de mon grand-père ? Mes grands-parents ont vécu les massacres, ils ont perdu leurs familles et leurs terres et ont été déportés. Malgré eux, ils ont transmis la peur à leurs enfants. La peur de la barbarie, du bourreau, du Turc avec lequel on ne pourra plus parler.
(p55)
1923. Les Arméniens qui ont survécu au génocide arrivent par bateau. Apatrides. « Sans retour possible» était inscrit sur leur passeport ottoman à leur départ. Comme une marque au fer rouge.
(p8)
Et puis comment mettre le pied en Turquie... Sans a priori ? Les Turcs ont tué un million et demi d'Arméniens. Ce sont nos bourreaux. Non seulement ils ne reconnaissent toujours pas le génocide, mais ils le nient. De façon obsessionnelle, agressive. Alors, comme disait Henri Verneuil... j'aurais trop peur, en foulant ma terre, d'entendre craquer les os.
(p 12)
Il est essentiel que les nations reconnaissent les fautes qu’elles ont commises, non pour se repentir, on ne se repent que de ce que l’on est personnellement responsable mais parce que cela éclaire le passé et aide à ce que cela ne se renouvelle pas.
Pour un Arménien comme Varoujan, qui connaît les récits attachés à chaque lieu, la Turquie est un Auschwitz à ciel ouvert. (p.80)
Comme disait Henri Verneuil... j'aurais trop peur, en foulant ma terre, d'entendre craquer les os. (p.14)
La religion n’est pas essentielle pour moi. Vivre dans la dignité et avec son identité, voilà ce qui compte.
Nous ne devons pas restés figés sur la mémoire. Les vivants sont plus importants que des pierres ou des livres (p.99)