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Critique de Melville75


Très partagé sur ce roman qu'un ami libraire m'a prêté en lecture. A vrai dire, je m'y suis intéressé que par hasard, puisque je ne connais pas l'auteur et c'est mon ami qui m'a dit qu'il allait paraître bientôt (pour la rentrée). Ce qui m'a intrigué c'était le parallèle avec un autre roman que j'ai lu il n'y a pas très longtemps, Gueules d'ombre. le résumé me semblait bizarrement très proche, puisqu'il s'agit aussi d'un ancien soldat qui, après guerre, est chargé d'enquêter sur un autre soldat. Dans le roman de Marchand c'est un disparu, dans l'autre c'est un comateux. Et alors, là, j'ai été frappé des similitudes, comme si Marchand avait pu s'inspirer du roman de Destremau... même si ça paraît peu probable parce que les deux livres paraissent à peu de temps d'intervalle... Ce qui a été positif dans cette lecture, c'est que j'ai pu faire une sorte de lecture comparée entre deux textes qui partent à peu près des mêmes postulats d'intrigue, et jouent sur les mêmes registres des témoignages de soldats, et d'une atmosphère d'un pays après-guerre. Chez Marchand, c'est assez rapide, l'enquête avance assez vite (le roman fait à peu près 200 pages), et c'est situé dans L Histoire, puisqu'on est clairement après 14-18, avec un décorum de la France en guerre, tandis que chez Destremau, le roman est plus ample, l'enquête pleine de chausse-trappes, et parsemée de « voix » de morts, et dans un hors-temps, et un hors géographie intriguant qui à la fois titille le lecteur et l'interroge et lui laisse de la place pour une représentation imaginaire. J'avoue que le livre de Marchand est plutôt sympathique, se laisse bien lire, mais il m'a assez vite posé un problème d'échos de multiples livres déjà lus sur la guerre de 14-18, et quand l'auteur cite ses sources à la fin, qu'il enchaîne les Genevoix, Barbusse, ou Dorgelès... ça explique ce sentiment déjà vu, déjà lu, qui court pendant la lecture. L'auteur s'est sans doute beaucoup documenté, s'est imprégné de ses lectures, mais au final, il en ressort en redisant ce qu'on a déjà lu ailleurs, et malheureusement, souvent bien mieux écrit et retranscrit chez les classiques du genre que chez lui... Là où la question de l'absurdité de la guerre est traitée par Destremau de manière plus universelle, avec une trouvaille d'inventivité, une ampleur narrative, une construction romanesque vraiment maligne, le traitement chez Marchand semble plus superficiel, plus retenu, et en fait finit par être un peu « scolaire » si on veut. Certaines scènes dramatiques tombent un peu à plat, parce qu'on a le sentiment de les avoir lu écrites ou jouées avec plus d'émotions ou de construction, et qu'à vouloir épurer son écriture l'auteur a manqué un peu la cible, ses personnages ne prenant pas assez corps. C'est dommage, parce que cet écrivain sait écrire indéniablement, mais j'ai trouvé ça plutôt pauvre pour finir. Peut-être, c'est même quasi sûr, parce que j'ai gardé un souvenir de lecture de Gueules d'ombre assez marquant et que j'espérais un texte au-dessus, ou qui m'emporte tout autant au moins, mais cela n'a pas été le cas.
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