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Critique de ODP31


ODP31
08 septembre 2022
La grande guerre. le grand amour.
Après « Requiem pour une apache », Gilles Marchand change de tribu et d'époque. Son personnage central est un ancien soldat quasi inconnu. Pas de nom, pas de prénom. Sur le champ de bataille, il a perdu une main et il y a aussi laissé une bonne partie de son âme. Il aurait pu rentrer chez lui auprès de sa belle mais il était resté avec es camarades, chargé du transport des troupes et des blessés. La peur de retrouver le cours d'une vie qui ne pouvait plus être normale.
A l'armistice, la grippe espagnole a pris le relais de la guerre pour donner un coup de main à la grande faucheuse. La seconde couche de l'horreur. le destin a de la suite dans les idées quand il s'agit de pourrir la vie des innocents.
L'ancien combattant ne s'en est jamais remis et dans les années 20, il jette toutes ses forces dans la recherche de soldats disparus. le décor du roman est planté sur le squelette des tranchées.
Une affaire en particulier va hanter ce détective de la mémoire et retrouver la trace du soldat Joplain va devenir pendant plusieurs années une obsession. Pourquoi ? Parce qu'elle va faire écho à ses regrets. Il apprend que Lucie, la fiancée de Joplain était montée au front pour retrouver son poète, n'hésitant pas à parcourir les tranchées, interroger les blessés, nettoyer les visages des cadavres pour retrouver son homme.
Dans l'horreur de la guerre, cet amour absolu va alimenter un mythe que l'ancien soldat va suivre, interrogeant tous ceux qui ont croisé Joplain ou sa fiancée pour savoir si les deux amants ont pu se retrouver.
Jeu de piste sur des champs de ruines, visite guidée de l'enfer, l'homme s'accroche à cette folle histoire d'amour pour fuir une époque qui n'est plus la sienne et les bruits de pas cadencés qui annoncent un nouveau conflit. La der des der qui ne sera pas la der.
J'ai beaucoup aimé la première moitié du roman, qui installe merveilleusement le récit et les personnages. La quête des disparus est propice au romanesque et l'auteur offre un hommage appuyé aux victimes de guerre, qu'ils soient soldat ou civils. Gilles Marchand ne manque pas de style et certaines formules font vraiment mouche.
Hélas, j'ai été déçu par un dénouement qui ressemble à une pirouette, le récit passe de la crudité des batailles à un romantisme un peu trop ésotérique. Un peu de poésie dans un monde de brutes ne fait pas de mal mais elle m'a éloigné des personnages. Un joli rendez-vous qui se termine par un dernier verre… de Champomy.
C'est d'autant plus dommage qu'on sent l'auteur habité par son sujet et soucieux de retranscrire au mieux les traumatismes visibles et invisibles de la guerre. Il a créé également de beaux personnages secondaires et singuliers qui ne font pas de la figuration. Un très bel hommage à ceux qui restent.
En fait, je crois surtout que ce roman est trop court. Sans demander la densité de « ceux de 14 » de Maurice Genevoix, l'époque, l'histoire, cette enquête qui s'étale sur plus de dix ans et des personnages attachants méritaient plus de deux cent pages avec une police d'écriture bien grassouillette qui préservera la dioptrie des bigleux. Même le rythme du roman semble couper dans son élan.
La dernière impression n'est pas toujours la meilleure.
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