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Critique de fanfanouche24


Librairie Les Mots et les Choses-/ Boulogne-Billancourt- 11 février 2024


Un trésor que ce livre ! Lecture coup de coeur, en dépit du sujet douloureux : les ravages de la guerre...

Une découverte totalement imprévue, en fouinant au hasard des dernières publications en " format poche"!
Une publication qui résonne très fort en ces temps de remontées de barbarie et de guerres aux 4 coins du monde, et aux portes de l'Europe...

L'auteur que j'aborde pour la première fois, avec ce roman, avertit de son "objectif" à la fin, à la suite des remerciements, il dédie ce texte aux victimes de la guerre et de toutes les guerres....

Cette narration fort bien documentée, nous fait rencontrer un narrateur, ancien combattant de 14-18, blessé sur le champ de bataille; à la fin de la guerre, il devient enquêteur pour aider les familles qui ont un ou des soldats parmi leurs proches ou parents, disparus !

Parmi ses nombreuses recherches, une enquête plus particulière, va absorber beaucoup de son temps, à la suite de la demande d'une mère, dont le fils , soldat, a disparu en 1917.
A la disparition de ce fils unique, Émile, jeune homme très aimé, poète, artiste, amoureux d'une jeune fille,Lucie, d'origine très modeste, au grand dam de cette mère bourgeoise et possessive, l'histoire et l'enquête vont se complexifier; d'autant que Lucie a un double désavantage aux yeux de cette " belle-mère ": elle est alsacienne et donc assimilée à l'ennemi...

Déchirements tragiques de cette région de l'Alsace- Lorraine dont Gilles Marchand parle à plusieurs reprises, en détails Problème de cette région qui démultiplie la cruauté et la bêtise ravageuse de la guerre !

"(***à propos des soldats alsaciens, déchirés entre deux nations.)

Le soldat avait une vingtaine d'années. (...) Il portait cet uniforme que j'avais tant haï.
Il a fini par reprendre: " Pensez- vous que l'on puisse mourir en héros si l'ennemi d'hier devient la nation de demain ?"
Je lui ai répondu que l'on pouvait mourir en héros en sauvant ses camarades.Il a souri.Tristement, mais il a souri."

Notre "limier" très déterminé va prospecter, interroger les possibles témoins survivants...Dans un même temps, il nous fait part de ses colères, de ses chagrins, de sa révolte envers la folie des hommes....Car, enquêtant durant des années pour retrouver la trace de jeunes ou moins jeunes soldats disparus, il ressentira comme une sorte de désespoir de voir approcher de nouveau un conflit : celui de la seconde Guerre mondiale !

"La guerre, quand tu y as goûté, elle est dans ton corps, sous ta peau.Tu peux vomir, tu peux te gratter tout ce que tu veux, jusqu'au sang, elle ne partira jamais.Elle est en toi.Alors j'y retournais.Ça sentait encore la cendre et la poudre.Les croix s'étendaient à l'infini.J'enquêtais, inlassablement. Durant toutes les années 1920 et une bonne partie des années 1930, j'ai fait ce drôle de boulot d'enquêteur. "

En dépit des thèmes très éprouvants, la plume est séduisante, fluide, poétique et d' une tendresse certaine pour ses personnages, auxquels on s'attache spontanément....On est pris par les enjeux humains , si humains...de ces enquêtes ...

Une vraie pépite d'émotion, d'intelligence, et de questionnements universels sur le caractère éternellement et désespèrement " belliqueux" des
" Hommes"; des gouvernants et des États !



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