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04 février 2013
Chroniques d'une lecture au delà d'un barbare ordinaire et d'une ignominie

Ce petit texte est à la fois une lecture et une mini-chronique d'une lecture.

Je comprends qu'un récit, qu'une fiction parte du point de vue du bourreau et non de la victime. Cela nécessite, cependant, un talent rare pour briser l'adhésion spontanée de la lectrice ou du lecteur au « héros ».

Autant l'avouer, à plusieurs reprises, j'ai failli refermer le livre, geste extrêmement rare, sans le finir, ne supportant pas l'ignominie décrite « à l'intérieur, une armée s'était levée, parcourant mon corps en me piétinant au pas de charge », avec cette langue si détachée, si sensible.

Justement, la langue, les phrases, comme des aimants puissants, des invitations à continuer la description quotidienne de cet enfermement, de cette une négation de l'être humain.

L'auteure construit, dans ma lecture, à la fois l'attachement et le rejet. Elle ne donne pas prise à la fascination possible, ni à l'empathie avec le narrateur.

Celui-ci s'invente ou se projettera en fin d'ouvrage (« mon film intérieur », « une autre version du film »), sans se justifier. Il inverse les situations « Il me tenait déjà sous sa coupe, bien plus que moi-même qui le détenais dans ma cave », comme dans un miroir, réfléchissant ses (im)pensées, les rôles « … Joël était l'un de ces individus qui sont sublimés par la captivité… », il nous parle de « pastiche d'altercation », d'un univers commun à l'enfermé et à l'enfermant « notre univers ». Et comme dans d'autres violences interpersonnelles, les agressions de l'un se transmuent en « caresses permises », en « jeu de rôle », en « noces », etc.

Je passe volontairement sous silence, une peut-être autre histoire, un incertain autre drame, une possible fenêtre à la passivité et à une quête insensée qui brise les enfermements mentaux et l'écrin rouge d'une chambre…

Tout cela forme un vrai roman, une imagination mise en phrases, en texte. Un voyage dans un sous-sol, une obsession. le huis-clos d'une ignominie d'un barbare si ordinaire.

Le narrateur n'a « aucunement l'intention de nous détromper », et ma lecture partiale rencontrera peut-être d'autres lectures. Alors derrière cette narration d'envoûtement, adossé à ce fait-divers sordide, une réelle voix d'écrivaine troublera des lectrices et des lecteurs.

Et se laisser subjuguer, tout en refusant, le piège, la toile tissée, par la romancière dans la construction fantasmatique d'un forfait invisibilisé.
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