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Critique de Ana_Kronik


Pas rancunier, Dominique Seux, l'éditorialiste bien-pensant des Échos - et qui fut souvent gentiment brocardé par Bernard Maris -, a préfacé ce petit livre posthume de chroniques radiophoniques.

Car Bernard Maris adorait la radio, et il faut dire qu'il en maîtrisait les codes. Capable d'ironie, toujours lucide, grand vulgarisateur, et surtout, ennemi des idées reçues qu'il adorait démonter, avec clarté et simplicité.

Dans ces chroniques, il oscille en permanence entre colère et affection pour toutes ces catégories de français qui passent leur temps à gémir. Tiens, s'ils passaient seulement quelques mois dans la plupart des autres pays, cela les aiderait probablement à relativiser. En effet, contrairement à ce que l'on pense, la France est plus libérale que les Etats-Unis - très protectionnistes en pratique, le Japon, la Corée du Sud, le Royaume-Uni ou l'Allemagne, sans parler évidemment de la Chine. La France est le pays européen qui exporte le plus de capitaux, et qui en reçoit le plus de l'étranger.

Alors, il y a les patrons qui se plaignent des lourdeurs bureaucratiques... mais qui se gavent de subventions. On apprend ainsi que le CICE, le crédit d'impôt recherche supposé favoriser l'innovation, a surtout profité... à la finance, aux banques et aux assurances! Avez-vous remarqué récemment que votre banquier ou votre assureur vous ait proposé un service révolutionnaire? Pas moi, le dernier c'était la carte à puce, dans les années 80...

Pire, cet argent ne profite qu'aux grandes entreprises, celles-là même qui ne créent pas d'emploi, qui "optimisent" si bien leur fiscalité, alors qu'elles ont les moyens de financer leurs propres recherches. 65 milliards d'aide annuelle, et pour quel résultat?

Comment notre société traite-t'elle les jeunes? Un budget énorme pour l'éducation, mais 18% d'entre eux quittent l'école sans aucun diplôme. Avec des "contrats jeune", qui ne font que les stigmatiser davantage: ils n'ont donc pas droit à un contrat normal? Ben oui, les jeunes ne sont pas normaux, c'est bien connu. Égoïsme des adultes, qui veulent protéger leur emploi (l'égalité c'est bien, mais en commençant par soi-même). Ou alors, absence de dialogue social entre des élites cooptées et des syndicats bureaucratisés? Tiens, ces syndicats: que proposent-ils en termes d'actions de reclassement?

Et les hommes, les messieurs, qui touchent de belles retraites essentiellement grâce... au travail des femmes... lesquelles continuent à faire soit la double journée, soit sont condamnées au temps partiel, quand ce n'est pas les deux à la fois?

Les politiques et autres hauts fonctionnaires, eux, sont les produits d'un système éducatif qui n'a plus rien de méritocratique. Les concours ne font que les préparer trop vite au seuil d'incompétence: comment cela pourrait-il les rendre courageux?

Une lecture aussi instructive que jouissive.
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