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Critique de JulienDjeuks


Cette petite comédie qui a eu peu de succès reprend pourtant le thème du bouleversement social du XVIIIe (ascension sociale des bourgeois et apauvrissement des nobles), obsession pour la littérature et le théâtre de l'auteur (L'Île des esclaves) et de l'époque (Mercier, La Brouette du vinaigrier) mais déjà mis en scène dans le Bourgeois gentilhomme, de Molière. Sauf qu'ici, ce sont des paysans qui obtiennent une promotion sociale par le biais de l'héritage.
L'humour repose tout d'abord sur le jeu d'imitation des nobles par les paysans : caricature limitée à des traits ridicules, critique pour les nobles auxquels ils souhaitent ressembler ; mais tableau ridicule car autodéconstuit par les traits typiques de leur langue de paysans. le tableau des nobles appauvris et prêts à faire un mariage déshonorant juste pour l'argent est peut-être une critique encore plus grande. C'est ce qui différencie ici Marivaux de Molière. Là où Molière critiquait et ridiculisait le bourgeois qui se prenait pour un noble, Marivaux, à la suite de Lesage (Turcaret), donne un tableau encore plus noir du comportement des nobles, prêts à tout pour s'enrichir, pour ne pas perdre leurs privilèges.
Mais à l'occasion de ce petit renversement – typique de la pièce bourgeoise – Marivaux prolonge une réflexion intéressante sur la société et répond en cela à Molière. le paysan croit, comme le bourgeois de Molière, que pour faire partie des nobles, des puissants, il doit adapter ses moeurs, adopter ceux considérés comme meilleurs (le bon usage, les bonnes manières). le vinaigrier de Mercier leur donnera une leçon : ils ne doivent pas avoir honte de leur activité, de leur langage, de leur nature de paysan. Non, même si leur manque d'éducation fait rire le public, le comportement des nobles appauvris (le titre n'a déjà plus d'importance) montre que la société du XVIIIe est déjà passée d'une aristocratie (pouvoir des meilleurs à la guerre, des mieux éduqués, des plus chrétiens) à une ploutocratie. L'enrichissement dû à l'héritage a suffi à faire du couple de paysans des gens socialement importants et enviés. Ce sont les révolutionnaires qui seront dans l'erreur, il ne suffira pas de démocratiser l'instruction pour faire du peuple des nobles gentilhommes à égalité : c'est l'argent qui distingue et fait la puissance.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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