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Critique de 5Arabella


Créée en 1723 par les Comédiens Italiens, comme la plupart des comédies de Marivaux, c'est une des pièces parmi les jouées et étudiées de son auteur. Elle est en trois actes et en prose.

Sylvia, une jeune paysanne, a été enlevée par le prince, qui veut l'épouser. Mais Sylvia est fiancée à Arlequin, elle l'aime et ne veut pas entendre parler du prince, qu'elle pense n'avoir jamais rencontré. Arlequin est aussi amené au château, il réclame de pouvoir épouser Sylvia et rentrer chez lui. le prince se désespère : il ne veut personne d'autre que Sylvia, qu'il a rencontré en se baladant incognito. La fille d'un domestique, Flaminia, va essayer de manipuler les deux jeunes gens, qui sont autorisés à se voir. le prince va courtiser Sylvia sans avoir l'air de le faire sous les traits d'un jeune officier, et Flaminia, sous prétexte de soutenir l'amour d'Arlequin, va essayer de lui faire oublier Sylvia.

C'est très simple et complexe à la fois, comme toujours chez Marivaux. L'intrigue à proprement parlé peut se résumer en un petit paragraphe, alors qu'on écrit des volumes entiers d'analyse sur la pièce. J'ai envie de parler d'un aspect pas toujours mis en avant en premier, celui du jeu de la tentation. Arlequin et Sylvia sont soumis à une tentation, si on veut faire savant, d'une tentation de second ordre d'après la définition de St Augustin, celle dans laquelle il y a déception ou séduction, la sollicitation d'un agent corrupteur. Cet agent corrupteur propose de transgresser un interdit, un loi morale, et provoque donc un conflit psychique chez l'individu soumis à la tentation. Et il s'avère impossible d'y résister. Mais il faut que le corrupteur soit suffisamment habile pour sauvegarder les apparences, laisser au tenté l'illusion qu'il ne trahit pas ses principes, pour qu'il puisse ne pas perdre l'estime de lui-même, une illusion, un mensonge se construit à deux.

Mais il y a une dissymétrie fondamentale : Arlequin et Sylvia sont des simples paysans, et ils ont à faire à un prince, et à toute une cour qui cherche à les tenter. Sous les allures délicates et subtiles il y a une vraie violence : Sylvia a été enlevée, elle n'est pas là de son propre gré. L'art consiste ensuite à lui faire dire qu'elle a envie d'y rester, et à persuader Arlequin de donner son accord. de les rendre complices en somme. Il y a une opposition énoncée au départ, entre les faux semblants, les fausses valeurs de la cour, et la sincérité, l'honnêteté des jeunes paysans, qui plutôt que des biens et les possessions jugés dérisoires, préfèrent l'amour vrai et authentique. C'est à cela finalement qu'ils doivent renoncer, en succombant à un nouvel partenaire, et en abandonnant l'ancien. On peut se demander combien de temps le prince va trouver amusante cette petite paysanne qu'il s'est donné le caprice d'épouser, et combien de temps Flaminia va s'amuser du naturel d'Arlequin.

Je ne suis pas sûre que le terme de comédie convienne forcément si bien à Marivaux.
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