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Critique de mjaubrycoin


C'est toujours avec délice que je me plonge dans un roman du 18ème siècle tant je suis fascinée par l'élégance de la langue, la hardiesse des thèmes développés comme dans un filet de soie, la profondeur de la critique sociale qui affleure à travers l'ironie mordante et qui reflète toujours une troublante actualité. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est que la langue est bien plus malmenée de nos jours, même chez les romanciers encensés par la critique...
Marivaux n'est pas seulement l'auteur de délicieuses pièces de théâtre ou les sentiments sont disséqués avec une délicate précision, mais il fut un romancier très lu avec "la vie de Marianne" et aussi "le paysan parvenu" qui parut sous la forme de "saisons" suivies par des lecteurs avides de connaître la suite du parcours de ce sympathique Jacob beau jeune homme monté à Paris pour y tenter sa chance.
Et Dieu sait que la chance, il la rencontrera , à travers les femmes qui croiseront sa route et qui seront séduites par son physique avantageux. Pour une fois, ce n'est pas une femme qui fait l'objet de la convoitise non dissimulée de l'autre sexe et ce renversement de thématique très rafraichissant doit être souligné parce qu'il illustre parfaitement l'esprit libre qui animait l' auteur en le conduisant à dénoncer sans fard les travers libertins de ses contemporains, mais avec une indulgence amusée .
Jacob est en effet l'objet du désir des femmes, désir non dissimulé qui nait de l'attrait physique et le jeune homme profite de ses bonnes fortunes en toute innocence. Il conserve cependant une certaine loyauté et un sens des valeurs qui lui permettent de tracer son chemin dans le monde, et il est certain que si le roman n'était pas resté inachevé, on l'aurait retrouvé dans une position encore plus enviable que celle qu'il a atteint à la fin du texte.
J'ai souri pendant toute cette lecture et apprécié les passages féroces dirigés contre les dévots qui bien entendu, seront de tout temps les ennemis du plaisir et même du bon sens...Je me suis réjouie pour la délicieuse Melle Habert qui trouve enfin l'amour à un âge bien avancé et profite de cette chance inespérée au mépris des mises en garde bien-pensantes.
Les personnages sont tous parfaitement croqués et à travers les lignes on croit voir la poitrine avantageuse de Fercour sur laquelle louche notre héros,le pied érotique de Mme de Ferval agité avec art, le nez mutin de la jeune Agathe qui observe le manège de sa mère Mme d'Alain la parfaite commère qui adore s'impliquer dans la vie de ses locataires...
Une galerie vivante de personnages...une prose qui fait supposer ce qu'elle ne dit pas de façon explicite, l'élégance à l'état pur d'un roman méconnu qui gagnerait à être davantage mis en avant .
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