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Critique de beatriceferon


J'ai lu avec grand intérêt « Scènes de crime à Orsay », qu'on m'avait offert. Il s'agissait du deuxième ouvrage de Christos Markogiannakis. J'ai donc noté son premier opus sur ma liste d'envies.
Ici, en couverture, une toile que je connais bien : « Marat assassiné » de David. Mais... ? Attendez... NON ! Cette toile n'est pas au Louvre ! Je l'ai vue de mes propres yeux au Musée royal des Beaux-Arts de Bruxelles, ville où le peintre a passé la fin de sa vie.
Ah ah ! Voici l'occasion d'apprendre quelque chose qui m'avait échappé : «  cette oeuvre [exposée au Louvre] [est] une copie contemporaine de la peinture originale exécutée par l'atelier de l'artiste ». Christos Markogiannakis situe le tableau dans son époque. Présente la victime, Marat, un ami personnel du peintre (qui, à mon avis, avait des goûts bizarres en matière d'amitié!) Il attire l'attention sur l'absence de la meurtrière. Ce qui me fait penser à une lecture qui m'a beaucoup plu, « Le dernier bain » de Gwenaëlle Robert.
Les femmes dans la Révolution française sont un sujet qui m'intéresse beaucoup et j'ai lu plusieurs ouvrages à leur propos (entre autres « Olympe de Gouges » bande dessinée de Catel et Bocquet). Un beau film d'Henri Helman donne à Charlotte Corday les traits de ma compatriote Émilie Dequenne. « David croyait que cette femme n'était pas digne d'être reconnue, qu'elle serait vite oubliée et que personne ne se souviendrait [de son] nom. » On peut être un grand artiste et se tromper du tout au tout !
Dans ce recueil, Christos Markogiannakis a préféré procéder par ordre chronologique. Il « se propose d'interpréter et d'étudier un choix d'une trentaine d'oeuvres d'art (…) d'époques et de styles très différents (…) des amphores de la Grèce antique aux peintures françaises du XIXe siècle, des toiles de Rubens à celles de Delacroix, David ou Ingres. »
Je ne vais pas répéter ce que j'ai dit dans ma chronique à propos de « Scènes de crime à Orsay ». J'ai découvert ici des oeuvres très curieuses, telle cette châsse du XIIe siècle représentant le « Massacre des Innocents », devant laquelle je serais certainement passée sans la remarquer ou ce « David et Goliath » de Daniele da Volterra, « unique en son genre dans les collections du musée. C'est une "peinture à deux faces" qui nous permet de voir la lutte des deux personnages de face (d'un côté) et de dos (de l'autre). » C'est très surprenant ! Et que dire du « panneau inférieur d'une armoire » représentant le meurtre d'Abel par son frère. Il est fort abîmé et, sans les commentaires éclairés de Christos Markogiannakis, je n'y aurais rien discerné. Je ne parle pas de ce plat en émail sur cuivre consacré au « Massacre des Niobides ». J'ai traversé au pas de charge maintes salles exposant des pièces de vaisselle, en ne leur accordant qu'un vague regard distrait !
Le chapitre expliquant le meurtre d'Agamemnon par Clytemnestre m'a interpellée. L'auteur y donne la parole à la meurtrière, qu'on a coutume d'accuser sans appel, une femme adultère, poussée par son amant à assassiner un héros. Ce n'est pas du tout la vision que nous en donne Christos Markogiannakis. Il m'a rappelé le roman de Marie-Bernadette Mars, « Kilissa » qui m'avait semblé très original , où elle exposait le point de vue des femmes (Clytemnestre, Hélène) vendues contre leur gré à des brutes assoiffées de gloire et de sang (Agamemnon, Ménélas). Clytemnestre y apparaît comme une mère éplorée à laquelle son époux a pris sa fille Iphigénie, en lui faisant croire à un beau mariage, mais, en réalité, pour la sacrifier à des coutumes barbares.
J'ai encore appris énormément de choses dont je n'avais pas idée, ou découvert des aspects méconnus d'événements célèbres (Judith et Holopherne, la Saint Barthélémy, par exemple). C'est donc un ouvrage qui m'a beaucoup intéressée et qui fait preuve d'une grande originalité, d'une qualité exceptionnelle sans parler d'une érudition et d'un travail de recherche qui coupent le souffle.
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