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Critique de Patoux16


Il est des livres puissants, brillants qui dérangent , nourrissent et continuent de résonner, d'interroger, longtemps après avoir achevé leur lecture:
C'est ce qui vient de se passer avec « au dernier étage du monde »

Cette immersion dans ce monde de réalité virtuelle, d'intelligence artificielle, d'algorithmes, dans cet univers impitoyable (non ce n'est pas une nouvelle saison de Dallas ! ) a bien failli me noyer !
"Rame, rame, rameurs, ramez
On avance à rien dans c'canoé
Là haut, on t'mène en bateau
Tu pourras jamais tout quitter, t'en aller
Tais-toi et rame ...."

Mes valeurs sont viscéralement opposées aux méthodes de cet univers, le cynisme des individus prêts à tout: séduire, conquérir, soumettre, écraser les gens, les broyer Tout ce que j'exècre.
Il fallut bien du talent à l'auteur pour réussir à me faire vibrer, me captiver dans ce monde de la finance :
Finance et éthique sont antinomiques
Cynisme ne rime pas avec altruisme,
Arrogance ne rime pas avec bienveillance

Ce premier roman de Bruno Markov bouscule, questionne nos priorités,
Interroge : qu'est-ce que la réussite ? Quelles souffrances pour y parvenir ?
Dénonce l'échec de l'internet et des réseaux sociaux qui, au lieu d'améliorer la société, d'élever les hommes, ont eu pour résultat de les déchirer, de les isoler, de les opposer les uns contre les autres, sans discussion, sans recherche de consensus possible.

Le thème de ce roman est bien le point de mire de l'actualité à propos de l'Intelligence artificielle.
L' I.A qui influencera nos comportements par la désirabilité de certains produits, marques , et modifiera notre vie.
Non pour l'améliorer mais pour doubler régulièrement la fortune de ceux qui sont au dernier étage du monde.
A cet étage, il n'y a pas d'amis, seulement des adversaires qu'on garde plus ou moins près de soi . « Baisez-vous les uns les autres » est la seule parole d'évangile.

L'auteur nous parle d'un monde qu'il connait bien pour avoir travaillé plus de dix ans comme consultant en I.A d'où sa maitrise du sujet.

Victor est un surdoué : il maîtrise les algorithmes et l'intelligence artificielle.
Il est ravagé depuis le suicide de son père: ex-cadre de France Télécom détruit par leur politique :
se débarrasser des anciens, de ceux, jugés incapables de prendre le tournant des nouvelles technologies.
Il veut se venger. C'est son seul objectif.
Détruire Stanislas. Faire payer les responsables.
Il va devoir changer son image, se créer un personnage, un avatar, revoir son langage du corps, son savoir-être s'infiltrer dans le camp des vainqueurs, de ceux qui comptent et pour cela renoncer à sa personnalité . Mais le piège est là précisément : ne va t'il pas y perdre son âme ? sacrifier ses idéaux ?
On le redoute tout au long du récit !
Amour, culpabilité, morale ...
« C'est par la morale, la culpabilité que l'adversaire vous baise, en dernier recours.
C'est toujours au nom des bons sentiments que l'espèce dominante vous baise, écrit l'auteur. Ces remparts la protègent en vous faisant croire qu'il serait plus noble de continuer à perdre, de rester insignifiant plutôt que d'aller vous salir à gagner sur son terrain. C'est ainsi qu'elle perpétue sa lignée, sans jamais laisser la place. Epargnée votre mauvaise conscience. »

Un roman captivant, subversif dans une ambiance cynique, du monde actuel : un coup de maître pour un premier roman.



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